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dirigeant, soit comme présidents, soit comme sécrétaires (1).

Mais je dois me borner à rendre hommage à deux mémoires, qui nous sont chères, celle de M. Godard, de Juvigny, dont nous avons encore présente la prodigieuse activité et qui a été l'âme du Comice durant ses vingt premières années, et celle de M. Jules Lamairesse, dont la mort prématurée a été un véritable malheur pour notre pays.

Il faut dire aussi que le progrès conquis dans ce département tient beaucoup à l'impulsion de son administration, que nous avons eu l'inappréciable bonne fortune de voir peu changer de mains et qui, maintenant encore, est dans celles d'un magistrat franchement et cordialement dévoué à la prospérité du pays.

Mais, Messieurs, disons-le, cette richesse si merveilleusement créée dans notre terre champenoise, est due surtout aux cultivateurs champenois eux-mêmes,

non pas seulement aux cultivateurs de la génération actuelle, mais encore et plus encore à leurs pères, à cause des difficultés attachées à leurs travaux. Avant qu'on eût songé à eux, qu'on se fût occupé de leurs chemins; avant que des instruments nouveaux, que l'instruction et des conseils amis fussent venus aider et perfectionner leurs méthodes, nos anciens, comme on les appelle, étaient vaillamment à l'œuvre et, au commencement de ce siècle, on pouvait déjà signaler de grands progrès réalisés sur cette pauvre terre de Champagne.

(1) Liste des présidents et secrétaires du Comice depuis sa fondatiou: Présidents : MM. Becquey, Godard, de Pinteville, Williame d'Ambrières, Duguet, Ponsard.

Secrétaires MM. Rousseau-Choisel, Dagonet, Duguet, Boulard, J. Lamairesse, abbé Aubert.

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L'aïeul d'un de nos jeunes collègues, M. Moignon, de patriotique et chère mémoire, disait dans son compterendu des travaux de la Société de 1807, en parlant des cultivateurs de Courtisols : « Placés sur les terrains les plus ingrats de l'ancienne Champagne, ils savent tirer « d'abondantes moissons d'un sol aride, convertir des « terres infertiles en de riches vergers, en riantes cama pagnes, et, par un travail opiniâtre, vaincre la nature. « L'engraissement des bestiaux, la création des prairies << artificielles et des chenevières, une culture perfec«tionnée des arbres fruitiers et des céréales attesteront « à jamais, à tous les cultivateurs, l'industrie des laborieux habitants de Courtisols. "

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Ce que M. Moignon disait en 1807 de l'intéressante population de Courtisols s'applique aussi justement à bien d'autres parties de la Champagne, qui semblaient tout aussi déshéritées. Comment les cultivateurs de ces contrées ontils converti en terres productives tant de milliers d'hectares de craie nue ou de graveluche? Par l'opiniàtreté du travail et la simplicité des habitudes. C'était là tout le secret de nos pères, un secret bien simple; et cependant il ne faut pas craindre de le dire: la science pourra perfectionner encore les procédés de l'agriculture; une administration qui ne cesse de veiller sur ses intérêts lui créera de nouvelles facilités; mais, pour que nos laboureurs laissent à leurs enfants une plus grande quantité de bonnes terres que celle qu'ils ont reçue de leurs pères, il faudra toujours et avant tout, qu'ils continuent à mettre en pratique le secret si simple que ceux-ci leur ont transmis.

DES

TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ

PENDANT L'ANNÉE 1867-1868

Par M. EMILE PERRIER, Secrétaire.

MESSIEURS,

L'an dernier, à votre séance solennelle, vous invitiez nos cultivateurs à se rendre avec empressement au concours régional agricole de Châlons; votre appel a été entendu. Les agriculteurs de la Marne ont montré, nous pouvons le dire avec un légitime orgueil, que l'agriculture continue par ses incessants progrès à transformer ce pays réputé autrefois pour son infécondité.

M. l'inspecteur général Lembezat, directeur du concours, constatait aussi, dans le discours qu'il a prononcé à la distribution des récompenses, ces heureux changements.

Depuis trente ans, disait-il, des hommes d'initiative « et de patriotisme, ont appliqué leur intelligence et leur "fortune à la recherche du problème de l'amélioration « des vastes surfaces arides et crayeuses qui composent " une grande partie du massif champenois, et ils ont eu « la satisfaction de voir le succès couronner leurs efforts.

«On peut dire aujourd'hui que la formule de la culture. de la terre champenoise est trouvée. »

C'est dans la pratique des fortes fumures que l'habile agronome voit la solution de ce problème et les succès obtenus.

AGRICULTURE.

Vous avez assisté, le 29 juin dernier, en grand nombre, aux essais de la moissonneuse Samuelson, introduite dans le département de la Marne par M. Paul François, de Vitry-le-François.

Votre rapporteur, M. Aumignon aîné, estime que cette moissonneuse est tout à fait pratique pour la grande comme pour la moyenne culture, qu'elle ne laisse rien à désirer, et qu'elle est appelée à remplir un rôle des plus utiles et des plus indispensables dans l'art agricole.

Selon lui, M. Paul François, en se faisant l'introducteur et le propagateur de cette belle machine, rend un véritable service à son pays. Le rapporteur appelle votre bienveillante attention sur le zèle de cet homme de progrès, et émet le vœu de la fondation d'une prime pour celui qui, avec une ou plusieurs de ces moissonneuses, entreprendrait des moissons à des conditions avantageuses pour les cultivateurs.

Vous avez appelé à plusieurs reprises, et vous regardez comme un devoir d'appeler encore d'une façon toute particulière l'attention sur les publications horticoles de M. le comte de Lambertye, et surtout sur ses excellents conseils aux habitants des campagnes et aux jardiniers, sur le choix des semences et sur la culture des légumes et des plantes de pleine terre. Les efforts persévérants de

notre infatigable collègue et son talent persuasif ne peuvent manquer d'exercer une heureuse influence sur le bien-être de nos populations rurales.

Votre collègue, M, Roy, a eu l'idée de détruire le fléau qui a causé l'année dernière tant de désastres, les rats et les souris qui, dans la Champagne comme dans bien d'autres contrées, détruisent une partie des récoltes, ou ravagent, pendant l'hiver, les provisions de céréales, soit en meules, soit en granges.

Sur sa demande, vous avez désigné dans votre sein une commission chargée d'expérimenter avec soin l'emploi du nouveau piége permanent dont il est l'inventeur (1).

SILVICULTURE.

M. Burel, sous-inspecteur des forêts, vous a fait hommage du rapport qu'il a adressé au jury de silviculture sur les travaux de reboisement et d'amélioration forestière exécutés par les concurrents de la région.

Vous avez remarqué, entre tous, les travaux de MM. Saint-Denis frères et Neveu, de Boult-sur-Suippe. Les frères Saint-Denis, qui ont obtenu déjà de nombreuses récompenses pour leurs magnifiques travaux de reboisement, ont imaginé, depuis le dernier concours régional de Châlons, des méthodes nouvelles de plantation sur 340 hectares. Il serait difficile d'apporter plus d'habileté et d'intelligence à l'exploitation silvicole des sols crayeux de la Champagne. L'entreprise qu'ils poursuivent avec tant de succès et de persévérance intéresse au plus haut degré les populations de vingt communes de la Marne et des

(1) Commissaires nommés dans la séance du 17 août 1868 MM. Duguet, Faure, Guy, Valser, le docteur Chanoine.

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