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Répétons enfin, avec l'honorable président de l'enquête agricole dans notre département, répétons « qu'il n'y a « qu'une sorte de crédit, qu'il ne saurait y en avoir ni « autant, ni autant de banques qu'il y a de natures d'in«dustries.

Lorsque le gouvernement si libéral de l'Empereur appelle la discussion et la lumière sur chacun des problèmes intéressant soit notre production, soit nos industries nationales, lorsqu'il est secondé par des administrateurs loyalement dévoués au bien public, quand le pays est attentif, les sociétés académiques de province se sentent soutenues et encouragées dans leur marche vers le progrès comme dans l'examen qu'elles tentent ou provoquent de toutes les questions économiques.

Leurs efforts et leur action ne se renferment pas dans le cercle étroit d'une circonscription; elles le franchissent et font appel à toutes les intelligences.

C'est ainsi, Messieurs, qu'en traitant devant vous cette question de Crédit agricole, j'ai entendu seulement poser un jalon et que, au nom de notre compagnie, je convie les esprits sérieux à de nouvelles et plus complètes études, d'où sortiront infailliblement la lumière et la vérité.

DES

TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ

PENDANT L'ANNÉE 1868-1869

PAR M. CH. GILLET, Secrétaire

MESSIEURS,

M. Emile Perrier, votre secrétaire pendant six ans, avait accepté cette même fonction pour plusieurs années encore, lorsque vous l'avez appelé à la vice-présidence. Je dois à cette circonstance l'honneur de vous présenter ce compte-rendu. Laissez-moi réclamer de votre indulgence une part de la confiance que vous accordiez à la parole autorisée et convaincue de mon honorable prédé

cesseur.

MESSIEURS,

A la veille du printemps de cette année, un véritable danger semblait menacer la France viticole. M. le ministre de l'agriculture vous chargea de surveiller l'ennemi dans votre région, de l'attaquer au besoin, et de faire connaître ensuite le résultat de vos recherches et de vos efforts.

L'ennemi c'était la Pyrale, Pyralis vitana, si justement

abhorrée dans nos vignobles; signalée dès 1735 dans le canton d'Ay, elle était combattue par des exorcismes et par les arrêts du parlement. Les recherches, les études nouvelles auxquelles vous vous êtes livrés et les renseignements précis que vous avez recueillis, vous ont permis de répondre à Son Excellence que depuis plusieurs années la pyrale n'avait point frappé nos vignes, et qu'elle les respecterait encore en 1869.

Vous avez fait observer que pour réduire la pyrale, il convenait de la prévenir et de ne point attendre qu'elle eût renouvelé ses cadres de guerre. Cent chrysalides et cent couvains par hectare la représentent à peine lorsqu'elle tente de recommencer ses ravages, il faut choisir ce moment pour enlever à la main chrysalides et couvains. Une femme, un enfant employés à cette recherche pendant deux heures seulement peuvent purger un hectare. C'est, au dire des praticiens, de tous les moyens le plus simple et le plus sûr. Vous avez dû le recommander à l'attention de M. le ministre de l'agriculture (1).

M. Duguet vous a fait connaître un moyen préventif en vous parlant du procédé employé dans l'Hérault, par M. Gaston Bazille, pour préserver les vignes des gelées blanches.

Ce procédé consiste à produire entre le sol et le ciel au moment où les signes précurseurs d'une gelée blanche apparaissent, un nuage factice qui, par son interposition entre le ciel et la terre, empêche le rayonnement de la chaleur terrestre. On obtient ce nuage en brûlant des huiles minérales lourdes dans des récipients, disposés de telle façon que la fumée vienne couvrir les vignes.

On a de nos jours aussi brûlé des herbages, des pailles

(1) M. Vautrin-Delamotte, d'Ay, commissaire rapporteur.

pour obtenir une abondante fumée et produire dans les vignes un effet semblable.

Ces modes d'abri temporaire, moins couteux que les abris permanents, étaient connus des Romains: Pline et Columelle recommandaient d'envelopper les vignes de fumée pour les protéger contre les gelées du matin.

De tout temps, on s'est préoccupé des moyens de préserver de la destruction les fruits du rude labeur du vigneron; il convient plus que jamais de livrer à l'expérience des procédés qui intéressent non-seulement le producteur et le consommateur, mais qui touchent en même temps à un des éléments les plus importants du commerce et de la richesse de notre pays. (1)

Vous avez voulu adresser à MM. Violart et Georges Perrier, d'Ay, vos félicitations pour l'excellente méthode qu'ils emploient dans la plantation des jeunes vignes. Ce travail perfectionné ne pourrait être confié à des ouvriers à la tâche ou à la journée, il y faut plus que l'œil, il y faut la main du maître. (2)

M. Burel a mis sous l'autorité de M. Becquet, conservateur des forêts, à Paris, une étude de laquelle il résulte que le capital forêt est peut-être supérieur comme valeur et comme rapport au capital argent, à une condition, c'est que le propriétaire ne se livrera pas à une exploitation hâtive par révolution de 15, 12, ou 10 ans, mais qu'il donnera la préférence à un aménagement de 25 à 30 ans.

Les exploitations à trop courtes échéances amoindris

(1) Mémoire présenté par M. Gaston Bazille, à la commission de la prime d'honneur dans l'Hérault.

(2) Commissaires MM. Louis Perrier, Vautrin-Delamotte, Lebreton, rapporteur.

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