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Quant à nous, bornons-nous à signaler à l'attention de ceux-là même que cette question intéresse le plus, la cause la plus manifeste de la dépopulation dont ils se plaignent, et disons-leur :

De famille nombreuse, vous n'en voulez plus: compter deux ou trois enfants devient une exception.

Une ambition malsaine, un amour désordonné de positions plus ou moins élevées, mais exemptes de tout travail un peu pénible, voilà ce qui domine.

Concentrer sur un seul enfant, sur deux au plus, le produit de son travail, tel est le mobile de la plupart des parents.

On oublie que les nombreuses familles ont presque toujours été prospères, surtout celles agricoles; et cela est chose forcée, toute naturelle. En effet, plus l'homme est stimulé par de généreux aiguillons et plus s'accroissent son courage et ses forces.

Aussi disons-nous à ceux qui gémissent d'une situation qu'ils ne doivent cependant qu'à eux-mêmes; c'est votre propre défaillance qu'il vous faut accuser, patere legem quam ipse fecisti.

Pères de familles, soyez donc guidés par de plus sages principes, faites en sorte que ces fortunes que vous aurez acquises à la sueur de votre front ne soient pas exposées à être englouties par l'inconduite possible d'un unique enfant et ne reviennent ainsi la proie des usuriers et des trafiquants.

Ne vous préparez pas de pareilles amertumes.

Songez que le moyen de vous les épargner c'est la division entre plusieurs.

Croyez à la valeur, à l'influence des bons exemples, ils sont contagieux aussi, et ils le sont surtout quand c'est dans la famille même qu'ils se produisent.

Et si l'adversité, imméritée ou non, entre dans la maison d'un enfant, par qui voulez-vous qu'il soit soutenu, relevé, si vous ne lui avez ménagé quelque protection, quelque appui en l'entourant de frères sur l'affection et les efforts desquels il pourra toujours compter?

Obéissez donc aux lois de la nature, aux lois de la religion, vous obéirez en même temps à vos propres intérêts, aux intérêts de la patrie qui, elle aussi, et plus que jamais, a besoin de familles nombreuses.

DES

TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ

PENDANT L'ANNÉE 1870-1871

PAR M. CH. REMY, Vice-Secrétaire.

MESSIEURS,

L'honneur de vous présenter le compte-rendu de vos travaux pendant cet exercice ne devait point me revenir; mais M. Gillet dont le talent vous est bien connu, s'étant démis dans les premiers mois de 1870 de son titre de secrétaire pour se livrer exclusivement à ses fonctions. de bibliothécaire de la ville, c'est à moi qu'incombe cette charge, en qualité de vice-secrétaire.

Je ne pourrai soutenir la comparaison; mais vous me tiendrez compte du devoir accompli et votre indulgence. sera en raison de ma bonne volonté.

L'exercice que nous allons clore aujourd'hui compte, par une triste exception, une période de deux années, et s'est poursuivi au milieu des circonstances les plus défavorables que la Société ait encore rencontrées depuis sa fondation.

Ce n'était point assez qu'une longue sécheresse eût, pendant l'été de 1870, détruit l'espoir du cultivateur dans ses récoltes, que l'hiver qui a suivi eût fait périr

les semailles de froment, il fallait encore que nous subissions les désastres de la guerre étrangère, de l'invasion, avec tous ses fléaux, les réquisitions en nature, le typhus de la race bovine, et l'occupation allemande avec ses nombreuses conséquences. Je ne parle point de la guerre civile dont le bruit assez rapproché est venu nous faire tressaillir.

Ce n'est pas ici le lieu d'énumérer l'étendue de nos malheurs; les événements ont interrompu en août 1870 nos séances ordinaires et celles de nos commissions des concours.

Depuis ce temps, nous ne nous sommes réunis qu'à de rares intervalles et pour des besoins urgents, jusqu'au 1er juillet dernier, époque où nous avons repris nos habitudes réglementaires.

A cette heure, vous avez pensé qu'il était convenable de faire le sacrifice de la séance publique, pour vous conformer aux circonstances qui excluent toute solennité, d'entendre, en séance privée, le compte-rendu de vos travaux de novembre 1869 à ce jour, et de distribuer en présence de MM. les membres du Conseil général, les récompenses de votre programme de 1870, que vous considérez comme une dette d'honneur.

§ Ier.

AGRICULTURE.

Les travaux de la paix jadis si intéressants ont été un peu oubliés pendant les temps agités que nous venons de traverser.

Quelle que soit l'idée que l'on conçoive aujourd'hui du gouvernement qui vient de disparaître, il ne faut point omettre de parler de l'enquête parlementaire sur les besoins de l'agriculture, et du projet de code rural au

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