ans, à compter de la dicte première délivrance, pour laquelle monnoye édifier et mestre sus. Il paira les coustements et missions qu'il conviendra pour ycelle cause, lesquels par rapportant par certificacion de ceux qui seront ordonnez à mettre sur la dicte monnoye, avec recognaissance des ouvriers qui feront les ouvrages pour le dict fait, seront alloués es-comptes du dit Bernard, sur la moitié du prouffit de la dicte monnoye. Si voulons et vous mandons que audit Bernard vous bailliez et délivrez la dicte monnoye par la forme et manière que dessus est dit, et sur toutes les autres conditions et convenances du bail de nos aultres monnoyes, et dorénavant baillez la dicte monnoye, tout ainsi que vous ferez nos aultres monnoyes. De ce faire nous donnons pouvoir auctorité et mandement spécial par ces présentes. Donné à Paris le 16 jour d'aoust, l'an de grâce de mil trois cents quatrevingt-douze et de notre règne le XIIe ainsi signé par le roy.

(Ordonnances des rois de France, tome 7, p. 66, 128 et 490.)

Le 24 juin 1405, le duc d'Orléans, comte de Valois, de Blois et de Beaumont, par sa lettre datée de Soissons, désigne Jehan-le-Maréchal pour se rendre dans les ateliers monétaires de Saint-Quentin, Tournon et Saincte-Manehould pour l'émission de nouvelles monnoyes, et, le 28 août 1406, le roi « autorise Arnoulet Bracque, sur sa de«mande, à transporter momentanément son atelier de «Saincte-Manchoult à Saint-Quentin; car, dit-il, les envi«rons de Saincte-Manehould sont remplis des troupes des << ducs d'Orléans et de Bourgogne, les marchands ne veu«<lent plus se rendre dans cette ville pour servir la dicte «monnoye de Saincte-Manehould, de peur d'estre dérobez « et de perdre leur chevance. »

Charles VI venait de tomber en démence; ses oncles avaient porté le trouble dans le royaume, et c'est à cette époque qu'il faut reporter le transfert de la chambre des monnaies à Saint-Quentin. Ce duc d'Orléans, dont les troupes cernaient Sainte-Ménehould, était marié avec Valentine de Milan, comtesse de Vertus; il fut assassiné à Paris, le 23 novembre 1407.

Si l'on consulte les historiens du temps, par exemple l'Histoire abrégée du roi Charles VI, qu'on trouve à la suite de Juvénal des Ursins, on voit la suite des maux que causa, à cette époque, l'affaiblissement des monnaies. Il y eut, dit l'historien, «< en France de grande tribulation « et pertes pour le sujet des monnoyes et couronnes qui << ayant été au commencement forgées pour 18 sols seule<< ment, montèrent bientôt à 18 et 20 sols, depuis toujours << en montant jusqu'à neuf francs, avant que cette exces«sive valeur fut réglée par ordonnance du 18 mars 1418. « Le roi porte l'écu d'or de 30 sols qui valoit tout-à-coup « à 50 sols, pour, dit le roi, résister à notre adversaire « d'Angleterre, et obvier à sa damnable entreprise, at<< tendu que de présent nous n'avons aucun autre revenu « de notre domaine, ne autrement de quoi nous puissions << nous aider. >>

Nous ne connaissons pas le signe distinctif de la monnaie de Sainte-Ménehould après l'édit de 1415, mais, sous François Ier, jusqu'en 1526, ses monnaies portent la lettre T, qui fut ensuite donnée à Nantes après la réunion de la Bretagne au royaume de France. Les monnaies frappées à Sainte-Ménehould avec la lettre r doivent être très-rares, car nous avons dépouillé plus de 200 catalogues d'amateurs avant d'en rencontrer une seule; encore celle que nous avons rencontrée est du roi Charles VIII; c'est un petit parisis, dit de l'aumônerie.