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Et pour les sept fermes une perte de 12,000 francs.

Le troupeau de notre ferme donne un rendement moyen par toison de 2 kilos 62 5, lavée à dos.

Le prix moyen des années antérieures à 1869 est de 5 fr. 18, ce qui donne par toison....

En 1869, le prix tombe à 3 fr. 40; la toison ne rapporte plus que..

Différence en moins......

13 60

8 82 50

... 4 77 50

et toujours en raisonnant sur un troupeau de 500 têtes, une perte de 2,387 fr.; mais, comme il se compose de 600 têtes, la différence est pour le fermier de 2,865, c'est-à-dire environ le quart du prix de location.

AUGMENTATION DU PRIX DE LA VIANDE.

Nous venons d'établir la perte résultant de l'avilissement du prix des laines. Voyons maintenant ce que l'éleveur a pu gagner par suite de l'élévation croissante du prix de la viande et si ce bénéfice lui a donné une compensation telle qu'on le prétend.

Nous avons pris pour terme de comparaison le cours moyen des laines pendant les cinq années antérieures à 1869, c'est à ces mêmes années que nous emprunterons le cours moyen de la viande de mouton sur pied.

Le prix moyen de cette période, relevé sur les mercu

riales officielles des marchés de Poissy et de La Villette

ou Sceaux est de......

Celui de l'année 1869 est de.............

Ce qui constitue par kilo sur pied une augmentation de...

145 60 le kil. 1.50 16

0.0456

Et sur chaque tête de mouton vendue par l'éleveur une augmentation de 2 05 20; en calculant le poids moyen de chaque animal de 45 à 50 kilos, ce serait 2 28, c'est le poids le plus élevé que nous choisissons, et nous arrivons ainsi aux résultats suivants (1).

Diminution sur le rapport de chaque toison (2)........

4.75 00

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Nous sommes donc autorisé à affirmer que l'élévation du prix de la viande ne compense pas, et il s'en faut de beaucoup, la perte éprouvée sur la laine.

SUBSTITUTION DE RACES DITES PRÉCOCES AUX MÉTISMÉRINOS.

Quelques agronomes et certains adeptes de l'école du libre échange ne voient d'autres causes aux préjudices éprouvés par notre agriculture que son propre aveuglement, que son entètement à rester fidèle au type mérinos

(1) Les prix que nous avons relevés, pour cette même période de cinq ans, dans une des plus importantes boucheries de Chalons, donnent les mêmes chiffres à très-peu de chose près.

(2) Moyenne des trois troupeaux indiqués ci-dessus.

(3) D'un rapport présenté à la Société d'Agriculture de Melun, il résulte que la perte par mouton est de 3 fr. 43 c., c'est-à-dire 1 fr. de plus que celle signalée ici; il est vrai que nous avons évalué à 50 kilos le poids vif, tandis que Seine-et-Marne ne l'estime qu'à 40 kilos.

et à ses dérivés; ils nous reprochent d'avoir sacrifié la viande à la laine et magistralement nous donnent cette charitable consultation:

Réformez vos troupeaux, adressez-vous surtout aux races anglaises, ce sont des races précoces, leur engraissement est si facile et si rapide qu'en très-peu de temps vous arriverez à livrer à la boucherie des animaux d'un poids bien supérieur à celui des races françaises que vous ne pouvez vendre qu'après quatre ans.

Vous renouvellerez ainsi, dans le même espace de temps, deux fois votre capital et vous n'ignorez pas que chaque renouvellement est productif d'intérêts.

On rappelle surtout cette parole de feu M. Yvart, le célèbre directeur général des bergeries de l'Etat :

<< Transformez vos races en races de boucherie, devenez producteurs de viande, les laines tomberont à des prix que vous ne soupçonnez pas. »

Paroles prophétiques, ajoute-t-on, que les circonstances actuelles ne justifient que trop.

Ces conseils auxquels nous rendons hommage tout le premier étaient parfaitement sages à l'époque où ils étaient donnés, il y a vingt ans, mais ils ont fait leur chemin, ils ne sont pas tombés dans des oreilles indifférentes ou inintelligentes. Les éleveurs de mérinos eux-mêmes les ont recueillis et les ont mis à profit.

Mais il est si commode de répéter que l'agriculture est stationnaire ! En vérité, ce mot est tellement rebattu qu'il serait de bon goût de s'en abstenir désormais, et surtout infiniment plus patriotique de ne pas se boucher les yeux devant les progrès réalisés. C'est à notre tour que nous pourrions avec juste raison rappeler cette parole: aveugles qui ne les voient pas.

Et si nous osions nous prendre pour exemple, nous

dirions quand nous avons créé un troupeau, en 1834, les moutons de quatre ans ne pesaient vifs que 30 à 35 kilos au plus et les toisons n'allaient en moyenne qu'à deux livres, lavées à dos.

A la fin de notre gestion, en 1864, nous avions progressivement élevé le poids de l'animal à 50 et 55 kilos (nous en avons livré en 1860 du poids de 76 kil.), et la toison à 2 645, tout en restant fidèle aux métis-mérinos; et combien d'autres comme nous! Tous, en un mot, ont marché dans la même proportion, et des animaux de 45 à 50 kilos sont communs aujourd'hui. Nous n'avons donc pas sacrifié la viande à la laine, nous avons tout fait progresser à la fois et parallèlement, et nous avons ainsi mieux encore appliqué le conseil de M. Yvart puisque nous n'avons sacrifié aucun produit à l'autre.

Citons encore la bergerie de M. Payart qui n'attend plus l'âge de quatre ans et livre à la boucherie des moutons qui, à 3 ans, pèsent 70 kilos et sont vendus 55 francs l'un, après avoir donné 3 kilos 300 de laine lavée à dos et vendue en moyenne, comme nous l'avons dit plus haut, 5, 35 le kilo. En d'autres termes, chaque mouton a été vendu à la boucherie...

Sa toison a produit..

Total.....

55 »

17 65

72 65

Y a-t-il beaucoup de moutons anglais qui, en Champagne ou même ailleurs en France, donneraient un pareil produit? à moins que ce ne soit des moutons des Concours de boucherie?

Certes, M. Payart n'a pas une baguette de sorcier, ce n'est pas au moyen de conjurations, ni de sortiléges qu'il arrive à de tels résultats. Ce ne sont pas ses vastes et plantureuses prairies naturelles qui les lui donnent; sa

propriété se compose de ce que nous appelons terres sèches de haute Champagne, où tout est créé artificiellement, de celles, en un mot, que dans bien des localités on ne peut utiliser qu'en y créant des plantations de pins silvestres. Il n'a ni distillerie, ni sucrerie à sa proximité; mais M. Payart est un cultivateur et un éleveur des plus intelligents, et ce qu'il fait chacun peut le faire égale

ment.

Parcourez Courtisols, Saint-Amand, et bien d'autres villages encore du département de la Marne, de l'arrondissement de Reims et de Vitry, et vous rencontrerez sinon de pareils produits, du moins bon nombre qui en approcheront. M. Gillet, de La Chaussée, a livré à la boucherie un lot de moutons mérinos, pesant vifs 59 kilogrammes 400 grammes.

Si nous sortons un instant de notre département pour entrer dans ceux qui nous avoisinent, dans Seine-et-Marne, dans l'Aisne, dans l'Aube, nous rencontrerons encore bien d'autres exemples tout aussi concluants en faveur de nos races françaises.

Si engoué que l'on soit des races étrangères, si anglomane qu'on se présente, il faudra bien s'incliner devant les faits authentiques constatant la valeur de notre production métis-mérinos.

Citons d'abord ce passage d'un rapport de M. Bella, directeur de l'Institut agronomique de Grignon. Voici ce qu'écrivait, en 186, à son retour du concours de Londres, ce juge si compétent :

« Ce qui, dit-il, assure l'incontestable supériorité de la «< race mérinos, c'est que, produisant une excellente << laine, elle est également bonne pour la boucherie; tout <«< aussi précoce que les races anglaises et que toutes «< celles qui produisent des laines communes ou grossiè

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