Imágenes de páginas
PDF
EPUB

pelottes, des boules de graisse; on en est bientôt revenu pour les races moins aptes à donner cette sorte de production qui ne peut entrer dans l'alimentation.

Croit-on donc aussi que les races de moutons anglais soient, comme la Minerve du paganisme, sorties toutes perfectionnées du cerveau du Maître de l'univers ? non, Messieurs, c'est au tact, à l'esprit d'observation, à la persévérance tout anglaise des Backwel, des Collins, des Jonas Web qu'elles doivent ce qu'elles sont aujourd'hui ; c'est leur intelligente sélection qui les a récilement créées.

Eh bien il en a été de même pour nos mérinos. Ce sont nos grands éleveurs, et si les Anglais sont fiers des leurs, soyons donc, nous aussi, fiers des nôtres - ce sont les bergeries de l'Etat qui ont amené nos troupeaux au degré de perfection qui les rend aujourd'hui, sous le rapport du poids de la viande, les égaux des races qu'on nous oppose, et qui, sous le triple rapport final, laine, viande et qualité de chair, leur donne une incontestable supériorité.

Et voilà pourquoi nous ne comprenons pas, et pourquoi nous voyons avec douleur que, du sein de quelques conseils généraux, que du cabinet de certains agronomes et de l'école économiste, partent tant de provocations ardentes en faveur de substitutions que repoussent nos véritables intérêts comme notre patriotisme.

Ajoutons donc notre protestation à celles qui se sont déjà produites contre ces substitutions auxquelles on voudrait entraîner nos éleveurs.

Unissons notre voix à celles des diverses sociétés agricoles, notamment à celles de l'Aube, de la Côte-d'Or, d'Eure-et-Loir, de l'Aisne, de Seine-et-Marne, de la Bourgogne, de Reims même, et de tant d'autres encore, pour

protester contre la suppression des droits de douane sur la laine.

Demandons en faveur de cette matière première, source de la prospérité de notre agriculture, le rétablissement d'un droit ad valorem, et ainsi disparaîtra cette étrange anomalie qui frappe d'un droit de 10 à 15 0/0 les tissus étrangers et affranchit les matières premières étrangères qui, en France, servent à fabriquer ces mêmes tissus.

Demandons en même temps le retour au drawback, qui remet à nos fabricants, à la sortie de leurs tissus, les droits qu'ils auront payés à l'entrée de la matière première. Nos exportations n'en seraient ni atteintes ni ralenties.

Ces droits de douane donneraient à l'Etat des ressources qui permettraient une diminution sur les impôts fonciers et les droits de mutation, ces allégements étant unanimement réclamés en faveur de notre agriculture.

Que si on objecte que le retour aux droits de douane et au drawback ne change rien en effet à la position de nos manufactures, il n'en frappera pas moins cependant la consommation intérieure d'une aggravation, nous répondrons par cette déclaration d'un loyal fabricant, que l'écart entre le prix normal des laines, 5 fr. le kil., et celui si désastreux actuel de 3 fr. 40, ne produit qu'une différence de 0 fr. 19 c. par mètre de mérinos de qualité supérieure, et que, une robe de cette étoffe, employȧt-elle 8 mètres avec son ampleur et ses boursoufflures actuelles, ne coûterait en définitive que 1 fr. 62 de plus, le reste des tissus dans la même proportion.

Par ces diverses considérations, nous avons l'honneur de vous proposer, Messieurs, de réclamer près du gouvernement, et comme seules mesures efficaces :

1o Le rétablissement d'un droit de 20 0/0 ad valorem

sur les laines étrangères, quelle que soit leur prove

nance;

2o Le retour au drawback ou prime de sortie sur les marchandises fabriquées;

3o Une atténuation des droits de mutation et de l'impôt foncier, au moyen de nouvelles ressources données par le rétablissement de ce droit de douane.

DU COMMERCE INTERNATIONAL

MESSIEURS,

J'ai prêté la plus grande attention au remarquable rapport que nous a lu, dans la dernière séance, notre honorable Président; je ne veux point rentrer dans la discussion, ni revenir sur le vœu que vous avez émis.

dans

Alors que les cours des laines sont tombés à 50 p. 0/0, un droit ad valorem, réduit à un chiffre minime, cesse d'être un droit protecteur; -il devient, dès lors, un - et la faculté de faire concourir, moyen fiscal; une certaine mesure, aux besoins du Trésor, les produits importés aussi bien que les produits nationaux, ne peut être contestée.

Vous avez jugé que le droit à mettre sur les laines importées pouvait être fixé à 10 p. 0/0. Je m'en rapporte entièrement à votre appréciation. - D'autant plus que les étoffes étrangères étant soumises à un droit de 8 à 15 p. 0/0, le droit que vous proposez tendrait à mettre l'agriculture sur le même pied que l'industrie.

On peut cependant se demander s'il ne serait pas préférable de faire le contraire et d'établir l'égalité en supprimant les droits sur les tissus.

Les plus compétents d'entre nous ont examiné la question à la loupe, au microscope; je vous demanderai à retourner la lunette, à regarder les choses de si loin que le détail effacé ne laisse voir que l'ensemble.

Je ne suis ni agriculteur, ni commerçant, et n'ai aucune prétention au titre d'économiste; étant donc aussi désintéressé qu'on peut l'être dans une question d'intérêt public, je réclamerai toute votre indulgence.

Les premières idées qui me viennent à l'esprit lorsque je m'arrête à la question du commerce international, sont celles-ci :

- Celui qui crée ou acquiert un produit doit pouvoir l'appliquer à son usage, ou le céder à quiconque lui donne ce qu'il considère comme un équivalent.

C'est là un droit naturel qui, comme tout droit naturel, ne peut avoir de limites, surtout de limites posées

par les hommes.

<< Toutes les marchandises appartiennent au monde << entier qui, dans ce rapport, ne compose qu'un seul «Etat, dont toutes les sociétés sont membres, »a dit Montesquieu (Esprit des Lois).

Aussi, les ouvrages d'économie ne me paraissent pas pouvoir mieux formuler la devise des nations dans le progrès que ces mots naïfs dus au crayon de Charlet:

<< Je te donne de quoi que j'ai, tu me donneras de quoi que t'auras. >>

Dans cet échange mutuel, Messieurs, est-ce à nous de nous plaindre ?

Les laines, par exemple, naissent aussi bien à Sidney, aux Indes Orientales, à la Plata, au cap de Bonne-Espérance, en Russie, qu'en Angleterre et en Champagne.

« AnteriorContinuar »