Imágenes de páginas
PDF
EPUB

soit bonne dans un pays où l'industrie est en enfance et que Colbert put résumer ses savantes combinaisons dans ces quelques mots :

« Réduire les droits de sortie sur les denrées et pro«<duits des manufactures du Royaume; diminuer les << droits d'entrée sur les matières premières et repousser « par l'élévation des droits d'importation les produits de << l'étranger. »

Ce furent les bases du célèbre édit de septembre 1664 qui renversa les barrières intérieures pour reporter les douanes à la frontière. A cet édit est annexé un tarif applicable à toutes les entrées et sorties du royaume, qui fut modifié par la déclaration du 18 avril 1667.

Mais les guerres, les folles prodigalités de ce règne désastreux, le déplorable état du Trésor ne firent qu'aggraver tous les droits, qui devinrent si considérables sur les importations anglaises et hollandaises qu'ils eurent pour résultat de faire perdre à la France le privilége qu'elle avait de fournir les blés et les toiles à une grande partie de l'Europe.

Aussi, un siècle plus tard, éclairé par l'expérience, Turgot ne devait plus avoir les idées de Colbert.

Car, si l'enfance a besoin de lisières, l'adulte a besoin d'être livré à ses propres forces.

L'industrie qui a atteint sa croissance doit cesser d'être protégée.

Et, grâce à Dieu, l'industrie française, encore enfant avec Colbert, adulte avec Turgot, est virile et forte aujourd'hui.

Ainsi, Messieurs, jusqu'en 1789, je ne connais aucun droit établi en vue de protéger l'agriculture; ceux établis sur l'importation ne l'étaient qu'en vue des produits

nationaux similaires, et encore doit-on reconnaitre qu'ils furent plus nuisibles qu'utiles à nos industries.

En quittant le terrain de l'histoire pour nous reporter à notre époque, que de contradictions, de non-sens, ne rencontrons-nous pas si nous redoutons l'arrivage des produits étrangers!

A quoi bon ces canaux, ces chemins de fer, ces transports si faciles? Pourquoi ces télégraphes, ce grand câble, trait-d'union des deux mondes?

A quoi bon ces moyens si rapides, si, avec la richesse, ils apportent la ruine?

Appelez au plus vite les sables qui engloutirent l'armée de Cambyse sur ce magnifique travail, à peine terminé, la gloire de notre siècle et de notre pays, vous avez nommé l'isthme de Suez.

Car il est évident que le transit international va se faire par l'Egypte et diminuer encore les prix de transport des produits étrangers amenés sur nos marchés.

Effaçons, si nous pouvons, toutes ces admirables conquêtes pacifiques faites par notre époque, conquêtes plus stables que celles du canon, et qui sont comme autant d'étapes vers la conquête de l'univers.

-Non, ne rétrogradons pas.....

La lutte fut successivement d'homme à homme, de donjon à donjon, de province à province, elle n'est plus qu'entre les Etats. Un dernier pas reste à faire, ne l'arrêtons pas par un intérêt peut-être mal compris.

Le libre-échange ouvre ainsi aux regards de si magnifiques horizons qu'on pourrait se croire le jouet d'un mirage de l'imagination si on ne rencontrait sur ce terrain des hommes tels que les Turgot, les Cobden, les Gladstone, les Bright, et ceux qui ont concouru aux trai

tés de 1861 ou qui les ont soutenus dans nos grandes Assemblées.

Dans cette question de commerce, j'entends évoquer le patriotisme. J'avoue que j'entrevois en effet une question de patriotisme, mais grande..... vaste.......

Avec le libre-échange l'homme devient cosmopolite; le vers si répété de Térence:

Homo sum: humani nihil a me alienum puto...

est à l'ordre de chaque jour.

Le cercle de la patrie s'élargit; il n'y a plus de Pyrénées; le fleuve, la mer, ces larges voies de communication, ces moteurs de civilisation ne sont plus obstacles ni barrières, ils redeviennent liens ainsi que Dieu les a faits.

Nous ne sommes plus citoyens d'un empire de 50 millions d'hectares, nous sommes citoyens du monde entier.

La famille humaine est réunie dans une entente fraternelle dont l'intérêt assure la durée.

Pour terminer, Messieurs, en voyant passer le libreéchange, il me semble entendre l'avenir battre des mains et il me revient à l'esprit ce vers de je ne sais quel poëte:

Peuples, inclinez-vous, c'est le Progrès qui passe !

Je me résume:

Ce qu'il faut aujourd'hui, ce n'est peut-être pas d'imiter Guillaume d'Orange et de crever les digues en un jour;

Mais c'est de faire des trouées aussi larges que possible, et d'abandonner le surplus à la force des choses qui le ruinera lentement et sans secousse.

Entrer dans cette voie, c'est appeler les peuples à réunir leurs efforts isolés, à marcher de front dans la voie du progrès;

C'est préparer l'apaisement des haines par la fusion des intérêts.

Sainte promiscuité!

C'est enlever l'égoïsme au cœur des nationalités!

A. CAMILLE SAVY.

RAPPORT

PRÉSENTÉ PAR M. BUREL

Au nom de la commission du 1er concours (1).

MESSIEURS,

Au mois de juillet 1869, vous avez résolu d'ouvrir un concours sur la question suivante :

Les méthodes d'éducation et d'enseignement sont-elles en rapport avec les besoins de notre époque ?

Est-il opportun de les modifier au point de vue de l'hygiène, de l'éducation et des études ?

Deux mémoires avaient répondu, dès le mois de juillet 1870, à l'appel de la Société, mais au moment de les étudier, des événements désastreux ont suspendu par toute la France, le cours des travaux scientifiques.

Triste privilége de la guerre d'absorber les forces physiques et intellectuelles des peuples pour les faire concourir à un but odieux la destruction des hommes !

Aujourd'hui qu'un calme relatif est rendu à nos esprits, l'opinion publique répond à votre question en attribuant une large part de nos revers à l'insuffisance de l'enseignement professionnel et au défaut d'éducation morale.

(1) Commissaires: MM. Duguet, président, Remy, vice-secrétaire, Salle, Emile Perrier, Faure, Garinet, Burel, rapporteur.

« AnteriorContinuar »