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à exonérer notre pays d'un regrettable tribut. Pénétré de cette idée, l'un de nos collègues a enseigné quatre langues à plusieurs jeunes gens qui sont devenus d'excellents employés.

Dans un temps où les carrières sont si disputées, on ne saurait trop encourager les jeunes gens à suivre une voie qui peut leur assurer un avenir honorable et lucratif.

Le savant initié aux langues vivantes y a souvent cherché et trouvé la solution des problèmes les plus ardus. Elles facilitent des explorations qui sans elles seraient impossibles. Vous savez avec quelle constance nos intrépides voisins d'outre-mer visitent des pays jusqu'alors inconnus. Nos journaux contiennent les intéressantes relations de voyageurs infatigables qui s'aventurent sur les bords du Nil et du Mississipi. Le célèbre Livingstone n'a reculé devant aucune privation pour apprendre dans l'intérêt des sciences de nouveaux dialectes.

Cette étude n'est pas moins utile aux arts. Poëtes, philosophes, littérateurs ont à gagner à lire dans leur langue les chefs-d'œuvre de la littérature étrangère. Nos peintres et nos sculpteurs tiennent à honneur par de longs séjours à Rome et à Athènes de s'identifier en quelque sorte aux progrès de l'art.

Vous vous rappelez les intéressantes traductions de langue hindoue publiées par un de nos collègues, ingénier dans les Indes et en Afrique, dont il a étudié nonseulement la langue littéraire, mais aussi la langue vulgaire qui lui a donné de puissants moyens d'action pour l'exécution des immenses travaux dont il était chargé.

A cette énumération, ajoutons le militaire. Que d'avantages ne tire-t-il pas en campagne de la connaissance

des langues vivantes? Notre armée d'Afrique en est un exemple, par la création éminemment utile des bureaux arabes.

Nous ne pouvons passer sous silence les immenses résultats obtenus de l'étude des langues vivantes par les missionnaires qui, non contents de porter la connaissance du Christ dans les régions inhospitalières, et de faire entendre la voix de la religion aux tribus les plus féroces, ont rendu d'immenses services au commerce, à l'industrie et à l'agriculture en faisant germer la civilisation chez les hordes les plus sauvages, en faisant naître entre tous les peuples de fécondes relations.

Vous avez encore à la mémoire les touchants récits de Mer Languillat, votre compatriote et l'un de vos membres honoraires, qui, missionnaire en Chine, a pu, par un travail assidu et au milieu de millé dangers, acquérir une connaissance si parfaite du chinois qu'en raison des services qu'ils a rendus à la religion dans cette immense contrée, il a été élevé à la dignité de vicaire apostolique de Nankin.

A la suite de nos malheurs, le gouvernement actuel s'est convaincu de la faiblesse de l'enseignement des langues vivantes dans nos colléges; aussi a-t-il pris les mesures les plus sages pour le perfectionner et l'étendre. Vous applaudissez à ses efforts pour faire entrer dans cette voie notre jeune génération. Devançant ses inspirations, l'administration municipale de notre ville avait depuis longtemps cherché les moyens de développer l'étude des langues vivantes dans notre collége. Elle a ouvert récemment un cours public d'allemand suivi par de nombreux auditeurs. Pénétré des mêmes idées, le savant évêque qui gouverne notre diocèse sait s'entourer d'ecclésiastiques polyglottes, et ne recule devant

aucun sacrifice pour propager le goût des langues vivantes dans les établissements qui relèvent de son autorité.

Cette association d'efforts, nous avons le ferme espoir, produira les meilleurs effets. La France ne peut sur ce point rester en arrière, quand son génie exerce sous tant de rapports dans le monde entier une si heureuse influence.

DES

TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ

PENDANT L'ANNÉE 1871-1872

PAR M. QUINQUET DE MONJOUR, Secrétaire.

MESSIEURS,

Chaque année, le compte-rendu du secrétaire fait passer sommairement sous vos yeux l'ensemble de vos travaux les plus importants, soit par le but poursuivi, soit par les recherches qu'ils ont nécessitées, soit enfin par les discussions auxquelles ils ont donné lieu. Cette revue rétrospective, qui peut avoir le charme du souvenir pour ceux qui ont pris part à ces travaux, est nécessairement aride pour tout autre, puisqu'elle n'est guère qu'une nomenclature; son seul mérite ne peut être que la brièveté : nous nous efforcerons de ne pas l'oublier.

AGRICULTURE, COMMERCE, INDUSTRIE.

Notre société s'occupe toujours avec un intérêt qui va jusqu'à la prédilection de tout ce qui concerne l'agriculture. Les malheurs, qui ont accablé la France, attirent nécessairement l'attention sur les populations adonnées

aux travaux des champs, car c'est chez elles qu'on trouve principalement la moralité, l'esprit de famille et d'économie, le sentiment religieux qui sont un gage de salut pour la société, en proie aujourd'hui à tant d'actions dissolvantes. En outre la richesse financière de la France, qui vient de s'affirmer d'une manière si éclatante, n'a pas de base plus solide que la production du sol.

Aussi attachez-vous une importance capitale à tout ce qui est de nature à augmenter cette production, ou à remédier aux accidents qui peuvent la diminuer. C'est ainsi que vous avez étudié la question si actuelle des dommages causés dans nos contrées par les campagnols ou souris des champs. Sur le rapport qui vous a été fait par M. Duguet, vous avez pensé que des mesures locales, quoique nécessaires tout d'abord, ne pouvaient suffire pour empêcher de se propager un fléau qui ne cède sur un point que pour se porter plus loin, et vous avez émis le vœu que des mesures sérieuses, garanties par une pénalité suffisante, fussent prises par le législateur. Mais le mal étant urgent, et une loi ne pouvant intervenir avec l'instantanéité nécessaire, vous avez délégué plusieurs de vos membres à une réunion convoquée par M. le Préfet et où ce magistrat a posé les bases de son arrêté du 1er août, qui, exactement appliqué, peut permettre d'attendre des moyens plus énergiques.

M. Aumignon, notre collègue, a publié sur le même sujet une étude pour faire connaître aux cultivateurs le danger et les moyens de l'éloigner.

Vous devez à ce même collègue des communications intéressantes sur la marche, et ensuite sur la décroissance et la disparition du typhus contagieux des bêtes à cornes, qui a causé l'année dernière tant de dommages dans nos campagnes.

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