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<«< homme puisse se livrer, il n'en est pas qui se concilie « mieux avec le plein exercice de ses facultés. Le labou<«< reur, sans cesse en présence des œuvres du Créateur, « sans cesse en contact avec les dons que sa bienfaisante «Providence lui accorde pour prix de ses travaux, est « plus porté que tout autre à conserver les sentiments « religieux qui font la consolation de l'homme à toutes «<les phases de son existence... Le grand air, l'exercice, << la frugalité, donnent le premier des biens, qui est la <«<< santé, et une vieillesse exemple d'infirmités. Il est, parmi les travaux qui font vivre la société, celui dont « les autres ont le plus indispensablement besoin, et qui « a le moins besoin des autres. Il donne à son pays ses « défenseurs les plus robustes en temps de guerre, et « ses plus utiles citoyens en temps de paix; c'est à lui «qu'appartient la tàche de faire sortir l'abondance et « l'aisance générale du sol de la patrie.

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«La culture de la terre ne donne pas ordinairement à ceux qui la pratiquent ces fortunes brillantes qu'on voit quelquefois se former si rapidement dans le commerce et dans l'industrie manufacturière, mais aussi elle est exemple de ces revers nombreux, de ces faillites désastreuses que les journaux enregistrent tous les jours. Le cultivateur laborieux et assidu, qui dirige son exploitation avec intelligence et économie, vit toujours avec facilité; les événements politiques n'ont qu'une très-légère influence sur sa condition; le pain et la viande qu'il produit sont toujours nécessaires; son industrie est la seule qui ne soit jamais en chômage. L'abondance des produits qui avilit les prix comme la disette qui les élève extraordinairement, sont rarement désastreuses pour lui, car elles portent toujours avec elles leur correctif.

« D'un autre côté, le cultivateur jouit, à l'égard de

tout le monde, d'une indépendance complète; sa dignité n'est jamais blessée par les exigences de supérieurs difficiles ou d'un public qu'il n'est pas toujours facile de satisfaire. Il ne dépend que de lui-même et de Dieu, qui fait germer ses semences et croitre ses récoltes. Membre de la grande société française et habitant d'une commune, il a sans doute des devoirs à remplir envers sa patrie et envers le pays qu'il habite, devoirs sacrés qu'il ne doit jamais négliger, mais qui lui sont plus aisés qu'à tout autre; car, dégagé de toute influence étrangère, il peut toujours, en les accomplissant, suivre librement les indications de sa conscience. Depuis quelque temps, il est assez d'usage d'abandonner les travaux des champs pour les ateliers des villes; des jeunes gens sans expérience se laissent séduire par les salaires plus élevés des grandes villes; des fils de cultivateurs aisés abandonnent la vie des champs pour une profession libérale ou commerciale à la ville. Hélas! combien d'espérances déçues! combien, après une triste expérience, voudraient reprendre la vie de leurs pères; mais l'habitude du travail perdue, le bien vendu, souvent la fortune dissipée, y apportent des obstacles insurmontables.

« Jeunes gens des campagnes, n'abandonnez pas votre village. Si votre père possède du bien, cultivez-le avec intelligence, ordre et économie. Vous trouverez là plus de liberté, plus de dignité, plus de véritable aisance que partout ailleurs. S'il n'en possède pas, soyez des ouvriers honnêtes, intelligents, laborieux et rangés; vous ferez des économies que vous emploierez à acheter un champ, et bientôt, propriétaires vous-mêmes, vous pourrez, dans la modestie de votre condition, jouir d'autant de bonheur que cette vie est capable d'en offrir. »

Bornons-nous à ajouter que des exemples nombreux,

et tout autour de nous, légitiment complètement d'aussi sages indications et d'aussi justes paroles.

Le Comice de Reims a pris sous son patronage le traité de M. Lalire; c'est déjà une précieuse recommandation. Nous vous demandons, Messieurs, de lui donner aussi votre approbation, et de le recommander à M. l'Inspecteur de l'Académie, en émettant le vœu qu'il soit introduit dans toutes les écoles primaires du département.

DUGUET.

LES VOLONTAIRES RÉPUBLICAINS

à Châlons en 1792

PAR M. E. DE

BARTHÉLEMY

Membre titulaire non résidant.

Après l'insurrection du 10 août, les fédérés si imprudemment convoqués par l'Assemblée, furent éloignés de Paris et dirigés sur le camp de Soissons, où ils devaient être organisés définitivement en bataillons.

Dès les premiers jours ils se montrèrent indisciplinés, exigeants et bruyants. Le maréchal de camp du Houx, qui commandait la réserve dans cette ville, tout en reconnaissant le courage de ces jeunes gens et leur désir d'aller à l'ennemi ne dissimulait pas au ministre Servan les difficultés de l'organisation. On le sut et c'était plus qu'il n'en fallait pour le signaler à la haine des fédérés. Comme il inspectait, le 4 septembre, les bataillons casernés à Reims, il fet tellement menacé et serré de près qu'il perdit la tête et ne fit qu'un temps de galop jusqu'à Châlons, où le maréchal Luckner attendait la réunion de l'armée dite de l'intérieur, destinée à composer des troupes appelées de tous les points de la France et pour lesquelles se rassemblaient à Châlons des commissaires de l'Assemblée, des commissaires du pouvoir exécutif,

des commissaires de la Commune et une foule d'autres commissaires civils qui à eux seuls rendaient toute organisation militaire au moins très-difficile. Ceux-ci priaient cependant leurs collègues de Paris de moins presser le départ des volontaires; ils leur faisaient observer que tout manquait et qu'ils ne pouvaient comprendre leur imperturbable optimisme. Billaut-Varenne arriva à Chalons le 8 septembre, et il se montra très-surpris d'y trouver à peine 3 ou 4,000 hommes. Le soir, le général La Bourdonnaye, débarqua à son tour. En qualité de commandant du camp de Soissons, il venait conférer avec Luckner, qui portait le titre de généralissime de l'armée de l'intérieur mais qui, au fond était dejà grandement tenu en suspicion par les purs. Ces bataillons réunis à Châlons devaient procurer peu de satisfaction aux habitants. « J'ai à vous rendre compte, écrivait Luckner au ministre, le 16 septembre, qu'hier trois bataillons de Paris devaient se rendre tant à Grandpré qu'à Sainte-Ménehould pour renforcer l'armée de M. Dumouriez. Deux y ont désobéi, et le bataillon des Lombards (1), après beaucoup de difficultés, est parti de Châlons, dans l'après-midi seulement pour aller à Suippes. Une compagnie franche des Quatre-Nations est partie également pour Sainte-Ménehould... Hier, sur les dix heures du soir, vint un officier du bataillon des Lombards, de la section de la rue des Lombards, pour porter la nouvelle que, se rendant à Suippes, il fut rencontré par une multitude de

(1) Composé de volontaires parisiens du quartier de la rue des Lombards. Quelques jours après l'affaire de Valmy, ce bataillon s'enfuit honteusement devant l'ennemi et abandonna un escadron de hussards, qui poursuivait avec un plein succès l'ennemi. «< Vingt-cinq de ces volontaires eurent la tête ra ée et furent chassés en veste, »> d'après une lettre de Westermann adressée au ministre de la guerre, de Sainte-Ménehould, le 30 septembre.

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