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de ces notions qui viennent de recevoir une remarquable application dans l'un de nos vignobles renommés de notre Champagne. L'administration municipale de la commune de Verzenay, appliquant à la destruction de la pyrale la loi sur l'échenillage, a pris cette année un arrêté qui fait preuve de connaissances sérieuses et que nous signalons. comme modèle à suivre par les communes qui seraient frappées de ce terrible fléau (1). Les élèves de notre école normale sont formés à ces enseignements. Sortis pour la plupart de la campagne, ils y retourneront comme instituteurs, et y exerceront, sous ce rapport, nous l'espérons, une utile influence.

Une des grandes difficultés de la culture de la vigne à notre époque est, comme pour l'agriculture, le manque de bras. Au sortir de l'école, les enfants de nos vignerons n'ont qu'une tendance, c'est, on le sait, d'habiter la ville. Aussi le nombre d'ouvriers vignerons tend-il à diminuer chaque jour, et le propriétaire qui ne cultive pas lui-même se trouve dans le plus grand embarras; souvent il ne trouve pas d'ouvriers, malgré le prix élevé qu'il assure.

Nous pourrions citer des localités où le travail n'a pas été exécuté. Certaines vignes ne sont même pas fichées à l'heure actuelle.

(1) La Cour du Parlement de Paris, du 24 mai 1787, ordonne que tous vignerons et propriétaires de vignes dans le territoire d'Epernay, et dans les autres territoires de la Champagne, seront tenus de ramasser exactement, lors de l'ébourgeonnement et de la taille de leurs vignes, les bourgeons et brins en provenant, de les mettre à fur et mesure dans des sacs, et de porter ensuite ces mêmes sacs chez eux, sans que, sous quelque prétexte que ce puisse être, ces dits bourgeons et brins, ou les sacs qui les renfermeront, puissent ètre laissés dans les vignes, sentiers ou chemins y aboutissant, le tout sous les peines portées par ledit arrêt. (Voir les Mémoires de la Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne, année 1860, page 205.)

En présence de telles difficultés, un grand nombre de propriétaires ont cru devoir se défaire d'un bien dont l'exploitation était devenue si coûteuse, d'autres seraient disposés à suivre cet exemple.

D'un autre côté, le commerce de vins de Champagne, qui s'accroît tous les jours, voulant s'affranchir des exigences de la spéculation, saisit avec empressement les offres qui fui sont faites. Les maisons les plus considérables achètent à tout prix les vignes voisines des leurs. L'agglomération en un petit nombre de mains des vignes de la Champagne est donc un fait en voie de s'accomplir, et de la petite propriété viticole, il ne restera guère que les lots cultivés. par de modestes vignerons qui tiennent à honneur de conserver et de transmettre à leurs enfants l'héritage de leurs pères.

Nous ne pouvons dès à présent apprécier les avantages ou les inconvénients de cet état de choses. La culture uniforme qui en sera la conséquence peut sans doute procurer de bons résultats. Quelques grands propriétaires de vignes, pour s'attacher le nombre d'ouvriers nécessaires à leur exploitation, ont pris le parti, il y a déjà quelques années, de les loger. Ils ont fait construire des habitations saines et commodes. Ces constructions ont pris depuis l'an dernier des proportions considérables. Selon nous, c'est le meilleur moyen d'attirer et de fixer des ouvriers dans nos vignobles. Nos frères de l'Alsace et de la Lorraine, qui ne veulent pas subir le joug de l'étranger, peuvent trouver chez nous une occupation stable et lucrative. C'est avec un certain regret que nous faisons cet appel qui ne serait pas nécessaire si les familles des vignerons se perpétuaient dans nos campagnes.

Pour nous, Messieurs, marchant résolument dans la voie

que nous ont tracée nos devanciers, profitons des savantes recherches de collègues dont nous gardons un pieux souvenir; animés du même zèle pour le bien public, continuons à propager et à faire pénétrer dans la pratique les nouvelles découvertes de la science et de l'observation, à en provoquer d'autres par les questions posées dans nos concours, et à encourager le travail par les récompenses que, dans sa sage prévoyance, le Conseil général du département met tous les ans à votre disposition. Nos efforts tendront surtout à réveiller l'amour du travail des champs qui, par une harmonie providentielle, est aussi salutaire à l'homme qu'il est nécessaire à la société.

COMPTE-RENDU

DES

TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ

PENDANT L'ANNÉE 1872-1873

PAR M. QUINQUET DE MONJOUR, Secrétaire.

MESSIEURS,

Ce n'est pas pour une vaine satisfaction d'amour-propre que les sociétés académiques rappellent dans leurs séances publiques les travaux accomplis dans le cours de l'année. Dans l'exposé des efforts tentés et des résultats obtenus, nous recherchons moins une récompense qu'un encouragement, tant pour nous-mêmes que pour ceux qui seraient tentés de suivre la même voie.

L'étude de tout ce qui peut améliorer la condition morale et matérielle de nos concitoyens, voilà le résumé de nos travaux habituels. Le compte-rendu sommaire qui va passer sous vos yeux montrera les différentes formes sous lesquelles ce but a été poursuivi; heureux serons-nous, si l'on juge qu'il a été quelquefois atteint.

AGRICULTURE.

L'année dernière, vous aviez pris une part active à la croisade entreprise pour la destruction des campagnols qui causaient de si terribles ravages dans nos pays. M. Aumignon a résumé dans une brochure claire, précise et complète, qui sera de la plus grande utilité pour nos cultivateurs, les diverses méthodes employées pour vaincre cet ennemi si nombreux et si avide. Nous n'avons pas eu d'ailleurs à nous occuper de ce fléau cette année, il a disparu sans que les causes de sa disparition soient mieux. connues que celles de son invasion.

La Société centrale d'agriculture de France vous a adressé un questionnaire relatif aux insectes nuisibles à l'agriculture et à la viticulture dans le département de la Marne (1). C'est la plume de M. Lebreton qui a analysé le travail de la commission nommée pour répondre à ce questionnaire. Ce rapport, que vous avez transmis à la Société. des agriculteurs de France, avec un rapport de M. Aumignon sur un insecte nuisible au seigle, sera joint à ceux des autres départements, et permettra de faire un travail d'ensemble. Cette grave question ne préoccupe pas seulement les agriculteurs, elle a été portée devant l'Assemblée nationale par un projet de loi de M. Ducuing; un nouveau questionnaire a été dressé par une commission législative, et vous préparez en ce moment les réponses qui vous sont demandées.

Ne quittons pas ce sujet des insectes nuisibles à l'agri

(1) Membres de la commission: MM. Emile Perrier, président. Royer, Duguet, le capitaine Boulard, baron de Pinteville, Lebreton. Aumignon aîné, Juglar, Quinquet de Monjour, secrétaire.

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