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terrain pratique; par des expériences, par des recherches consciencieuses, vous avez heureusement combattu les errements d'une routine inconsciente.

Vous avez compris en même temps, Messieurs, que la protection la plus efficace à donner à l'agriculture, c'était de lui ouvrir des voies de communications et d'échanges, vous avez fait de ces questions une particulière étude.

N'avais-je pas raison de dire, Messieurs, que nous poursuivions le même but.

Mais l'esprit de l'homme ne saurait se livrer à un labeur sans trève. Vous avez senti qu'il ne pouvait se passer de délassements, et vous lui avez réservé les plus nobles.

C'est ainsi que nous vous voyons occupés de l'art, soit qu'il se manifeste par l'œuvre du peintre ou du sculpteur, soit que vous suiviez ses phases diverses dans les monuments de cette contrée.

Votre tâche est vaste, Messieurs, mais elle ne demeure pas au-dessus des efforts de votre compagnie qui peut se dire avec orgueil qu'elle concourt au bien du pays, car encourager et honorer le travail, c'est encourager et honorer la forme la plus vraie du patriotisme.

PRONONCÉ

PAR M. ÉMILE PERRIER

PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ.

MESSIEURS,

L'Assemblée nationale, qui est en ce moment chargée de la glorieuse mission de présider aux destinées de la France, s'attache avec le plus grand dévouement à étudier, nonsculement toutes les questions si graves qui touchent à l'ordre politique et moral, mais encore toutes celles qui concernent la prospérité matérielle de notre pays. En réclamant le concours des sociétés savantes et des comices agricoles sur tout ce qui peut en amener le développement, elle appelle particulièrement leur attention sur l'agriculture et la viticulture. Permettez-moi de vous entretenir aujourd'hui très-brièvement de la vigne, l'une des principales richesses de notre département.

La culture de la vigne a été depuis la fondation de notre Société, comme la culture des champs, l'objet de nos constantes préoccupations; vous avez ainsi parfaitement

compris les devoirs que vous impose votre premier titre : l'agriculture, qui embrasse bien évidemment tout ce qui touche à la production du sol. La production viticole présente tout autant de difficultés, elle demande autant de connaissance que la production des céréales et des plantes industrielles. Elle exige même plus de soins. Dans un pays comme le nôtre, où l'on constate tous les jours les progrès de l'agriculture, grâce aux efforts incessants des cultivateurs et à l'impulsion donnée par les comices agricoles, il ne saurait plus y avoir dans l'art de cultiver la terre de ces grandes et subites innovations qui changent tout à coup l'aspect d'une contrée. Il en est certainement de même de la viticulture. De nombreux essais ont été tentés, plusieurs ont réussi, beaucoup ont échoué, quelquefois par maladresse, par défaut de persévérance, mais le plus ordinairement parce que l'innovation ne convenait pas à notre sol.

Souvent, en agriculture, ce que d'imprudents novateurs flétrissent du nom de routine, est le précieux résultat de l'expérience de nos pères. Par l'observation de procédés suivis d'incontestables succès, ils ont introduit et fixé successivement à la longue et sans risque des améliorations éprouvées par la pratique, et sont ainsi arrivés par un lent mais continuel progrès à constituer différents systèmes de cultures, aux bases desquels on ne peut toucher sans péril.

C'est, disons-le à leur louange, ce qu'ont réalisé avec un tact remarquable nos vignerons de la Champagne. Le choix des cépages, l'entretien et le renouvellement de la terre. le travail de la vigne, toutes les opérations fondamentales de la viticulture y sont en rapport avec la nature du sol et les conditions du climat. Le vigueron doit donc sur tous ces points se tenir en garde contre les innovations.

Est-ce à dire que tout a été fait par les générations qui

nous ont précédés, et qu'il n'y a plus qu'à suivre aveuglément ce qu'ont fait nos pères? Non assurément? Aujourd'hui que l'instruction s'est répandue et qu'elle s'est faite professionnelle, nos jeunes vignerons, tout en s'appuyant sur le travail traditionnel, peuvent demander à la science d'utiles renseignements qui, éclairant la pratique à laquelle ils se sont formés au sein de la famille, les mettront à mème d'en apprécier la valeur et d'en perfectionner encore les procédés. Ce travail d'intelligence est une nécessité d'autant plus grande que, par suite des malheurs du présent et pour assurer la sécurité de l'avenir, tous les jeunes gens se doivent au service militaire, et que les jeunes cultivateurs peuvent abréger le temps de leurs obligations militaires en justifiant, par de sérieux examens, de leur aptitude à rendre des services d'une nature plus conforme à leurs habitudes, et non moins indispensables à la patrie.

La jeune génération viticole n'a pas seulement à continuer l'œuvre des générations qui l'ont précédée; une tâche nouvelle lui incombe, celle de combattre les fléaux qui à des époques rapprochées frappent la vigne, et détruisent sous ses yeux les fruits de son travail.

Ici encore la science et l'observation viendront en aide au travailleur, en lui montrant, par exemple, que les systèmes qui ont pour but d'augmenter la production du vin, en altèrent la finesse, et sont une des causes des maladies de la vigne. Par des notions faciles à saisir sur la nature des végétaux parasites, et les habitudes des insectes nuisibles, la science lui apprendra à prévenir, sans beaucoup de peines, s'il s'y prend à temps, des ravages que plus tard on s'efforcerait en vain d'arrêter.

Nous ne saurions trop recommander aux jeunes vignerons, comme le plus utile emploi de leurs soirées d'hiver, la lecture des livres pratiques consacrés à la propagation

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