Imágenes de páginas
PDF
EPUB

nul doute qu'on y rencontre le même dévouement et la même ardeur, avec cette seule différence que, au lieu de courir au feu pour l'éteindre, on courrait au contraire pour allumer des feux protecteurs.

Nous livrons ces indications et ces quelques réflexions à tous ceux qu'intéresse la production viticole, une des principales sources de notre richesse départementale, nous les soumettons à l'attention de la Société d'agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne, et nous disons: à de grands maux se reproduisant trop souvent, il faut savoir appliquer de grands remèdes, et surtout des remèdes efficaces.

DE LA

COMMISSION NOMMÉE POUR VISITER

L'EXPOSITION ARTISTIQUE

DE LA

SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS DE REIMS, EN 1873

Lu par M. AUGUSTE NICAISE
DANS LA SÉANCE DU 15 AVRIL 1873 (1).

MESSIEURS,

Après les rudes et pénibles épreuves qui ont frappé la France depuis trois années, il est un spectacle bien consolant et qui s'offre à tous ceux qui vivent dans le haut domaine de l'intelligence. Non seulement notre pays renaît à la vie sociale, à la vie politique; il guérit chaque jour ses profondes et douloureuses blessures et reprend dans le monde le rang élevé qui lui appartient, mais encore de tous côtés la vie artistique se manifeste plus remarquable et plus féconde, après la longue et triste trève que lui imposaient les malheurs de la patrie en deuil.

La France, ce pays de l'art et du goût, n'a point perdu dans ses revers cette immortelle couronne que ses écrivains

:

(1) Membres de la commission MM. Emile Perrier, président, Savy père, Remy, Burel, Nicaise et Quinquet de Monjour, secrétaire.

et ses artistes ont attachée depuis plusieurs siècles déjà au front de son génie national; et ce symbole glorieux, un des plus enviés par cette Allemagne qui nous a vaincus, rayonne plus que jamais aujourd'hui sur le monde, de ces hauteurs sereines où les siècles l'ont placé et que n'a jamais pu atteindre la main d'un impitoyable ennemi.

Déjà, il y a une année à peine, l'exposition de peinture et de sculpture de Paris fut une grande joie et une heureuse surprise pour tous les amis des beaux-arts.

Le nombre et l'éclat des œuvres qui en composaient le remarquable ensemble disaient assez haut que, dans ces pacifiques et fécondes luttes de l'art, nous étions invaincus et invincibles, et que nos artistes, saisis d'une patriotique fièvre, avaient hâte de voiler en quelque sorte, sous l'éclat de leurs œuvres nouvelles le sombre tableau de nos récents malheurs.

Aussi, messieurs, dans notre département, à peine le dernier soldat allemand disparaissait-il à l'horizon, que la Société des Amis des Arts de Reims conviait les artistes et le public intelligent à un de ces concours qui sont une véritable fête pour les yeux. On cût dit que, par cette intéressante. manifestation, elle avait hâte de purifier de la souillure de l'ennemi ce vieux sol champenois, qui fut tant de fois le théâtre de la gloire et des hauts faits de nos ancêtres.

Ainsi que vous le verrez, messieurs, les artistes et le public ont répondu avec un patriotique empressement à cet appel, et l'exposition artistique de Reims en 1873, comptera certainement au nombre des succès obtenus par les expositions en province.

La Société des Amis des Arts de Reims ne fait pourtant que ses premiers pas dans la voie féconde qu'elle s'est tracée. Fondée le 1er mars 1869, elle ouvrait, la même année, une

exposition qui fut très-remarquée, et donna de suite la mesure de ce qu'on pouvait attendre de cette institution.

A peine entrée dans l'enceinte de l'exposition, placée dans le cirque de Reims, et après un rapide examen, votre commission, messieurs, a été tout d'abord frappée de l'abondance et de la qualité des œuvres qui représentaient, à Reims, les diverses écoles paysagistes, et du petit nombre des tableaux d'histoire qui figuraient dans ce concours.

Cette disproportion, que l'on peut toujours constater à des degrés différents, surtout aux expositions en province, même dans les plus grandes villes, provient, selon nous, des sérieuses difficultés qu'offre, pour réussir, la peinture d'histoire, et qui en éloignent un grand nombre de ceux qui se destinent à la carrière de l'art; en second lieu, du goût dominant du public, qui recherche aujourd'hui surtout les paysages et les tableaux de genre; et enfin, de la dimension maxima imposée aux tableaux par le règlement de l'exposition rémoise.

En effet, l'exiguité du local ne permet pas, eu égard au nombre des artistes conviés à ce concours, de recevoir des tableaux mesurant plus de deux mètres, cadre compris, sur leur plus grand côté; de même que le mode de soutènement du plancher ne peut admettre des bustes, statues, groupes dépassant 150 kilogrammes.

Nous disions tout à l'heure, messieurs, que la peinture d'histoire offre les plus sérieuses difficultés. En effet, ce genre exige de la part de l'artiste, non-seulement un travail peut-être plus persévérant et soutenu, mais encore des études profondes sur l'époque où s'est accompli l'événement qu'il veut représenter, sur les caractères moraux et physiques des personnages qui concourent à l'action, sur les mœurs, les costumes, le mobilier de ce temps, toutes choses qu'on ne groupe pas du premier jet sur la toile;

qu'on ne trouve pas réunies au même instant sous l'œil de l'observateur, comme les lignes, les détails principaux et les accessoires d'un paysage.

Le paysagiste, lui, copie la nature, cette mère de l'art, toujours féconde en tableaux merveilleux, et toujours docile. A Dieu ne plaise cependant, messieurs, qu'en subordonnant la peinture du paysage à celle de l'histoire, nous voulions diminuer le mérite du peintre paysagiste, ne lui accorder que de faciles succès. Non; la nature se donne vraiment et seulement à ceux qui, par de patientes et de longues observations, ont su la saisir dans ses touchantes harmonies, dans ses beautés mystérieuses et parfois fugitives, dans ces oppositions étranges et hardies qu'elle revêt sous l'action de la lumière et des phénomènes physiques. Mais enfin, l'artiste qui l'étudie trouve autour de lui, rassemblés dans le même cadre, tous les éléments de son tableau, tandis que le peintre d'histoire, s'il veut réussir, doit remuer la poussière des bibliothèques, visiter patiemment les musées, les cartons de gravures, les cabinets de médailles et refaire, avec ces éléments, pièce à pièce, la vérité historique qui doit donner toute la valeur à son

œuvre.

Aussi, messieurs, commencerons-nous notre examen par les tableaux d'histoire qui, pendant une trop courte visite, ont attiré notre attention à l'exposition de la Société des Amis des Arts de Reims.

Saint Severin, tel est le sujet d'un tableau exposé par M. Thirion. Ce titre, le seul renseignement donné par le catalogue, est un peu insuffisant, et il faut regarder l'œuvre avec une certaine attention pour reconnaître le charitable épisode que M. Thirion a reproduit. En effet, saint Séverin distribue des vêtements à de misérables mendiants prosternės devant lui.

« AnteriorContinuar »