Attachés au devoir, prompts à l'obéissance; XII. AU ROI, SUR LA PAIX DE 1678. Ce n'étoit pas assez, grand roi, que la victoire Une ligue obstinée aux fureurs de la guerre Prodige! ton seul ordre achève en un moment On l'admire avec joie; et, loin de t'en dédire, Qu'il t'épargne de sang, Espagne! il te veut rendre O vous qu'il menaçoit, et qui vous teniez prêtes A l'infaillible honneur d'être de ses conquêtes, Places dignes de lui, Mons, Namur, plaignez-vous : La paix vous ôte un maître à préférer à tous; Et Louis au vieux joug vous laisse condamnées, Quand vous vous promettiez nos bonnes destinées. Heureux, au prix de vous, Ypres et Saint-Omer! Ils ont eu comme vous de quoi les alarmer; Ils ont vu comme vous leur campagne fumante Faire passer chez eux la faim et l'épouvante : Mais pour cinq ou six jours que ces maux ont duré, Ils ont mon roi pour maître, et tout est réparé. Ainsi fait le bonheur de l'Égypte inondée Du Nil impétueux la fureur débordée; Ainsi les mêmes flots qu'elle fait regorger Enrichissent les champs qu'il vient de ravager. Consolez-vous pourtant, places qu'il abandonne, Qu'il semble dédaigner d'unir à sa couronne; Charles, dont vous aurez à recevoir les lois, Voudra d'un si grand maître apprendre l'art des rois, Et vous verrez l'effort de sa plus noble étude S'attacher à le suivre avec exactitude. Magnanime Dauphin, n'en soyez point jaloux Si jamais on le voit s'élever jusqu'à vous; Il pourra faire un jour ce que déją vous faites, J'allois vous oublier, Bataves généreux, Mille autres te diront que pour ce bien suprême, Moi, pour qui ce beau siècle est arrivé si tard, Que je n'y dois prétendre ou point ou peu de part; Moi, qui ne puis le voir qu'avec un œil d'envie Quand il faut que je songe à sortir de la vie ; Je n'ose en ébaucher le merveilleux portrait, De crainte d'en sortir avec trop de regret. FIN DES POEMES. DE LA SAINTE VIERGE'. AU LECTEUR: Cette pièce se trouve imprimée sous le nom de saint Bonaventure, à la fin de ses Œuvres. Plusieurs doutent si elle est de lui, et je ne suis pas assez savant pour en juger. Elle n'a pas l'élévation d'un docteur de l'Église; mais elle a la simplicité d'un saint, et sent assez le zèle de son siècle, où, dans les hymnes, proses, et autres compositions pieuses que l'on faisoit en latin, on recherchoit davantage les heureuses cadences de la rime que la justesse de la pensée. L'auteur de celle-ci a voulu trouver l'image de la Vierge en beaucoup de figures du vieil et du nouveau Testament: les applications qu'il en a faites sont quelquefois un peu forcées; et, quelque aide que j'aie tâché de lui prêter, la figure n'a pas toujours un entier rapport à la chose. Je me suis réglé à rendre chacun de ses huitains par un dizain; mais je ne me suis pas assujetti à les faire tous de la même mesure : j'y ai mêlé des vers longs et courts, selon que les expressions en ont eu besoin, pour avoir plus de conformité avec l'original, que j'ai tâché de suivre fidèlement. Vous en trouverez d'assez passables, quand l'occasion s'en est offerte; mais elle ne s'est pas offerte si souvent que je l'aurois souhaité pour votre satisfaction. Si ce coup d'essai ne déplaît pas, il m'enhardira à donner de temps en temps au public des ouvrages de cette nature, pour satisfaire en quelque sorte à l'obligation que nous avons tous d'employer à la gloire de Dieu du moins une partie des talents que nous en avons reçus. Il ne faut pas toutefois attendre de moi, dans ces sortes de matières, autre chose que des traductions ou des paraphrases. Je suis si peu versé dans la théologie et dans la dévotion. que je n'ose me fier à moi-même quand il en faut parler: je les regarde comme des routes inconnues, où je m'égarerois aisément, si je ne m'assurois de bons guides; et ce n'est pas sans beaucoup de confusion que je me sens un esprit si fécond pour les choses du monde, et 4 Composées en rimes latines par saint Bonaventure, et mises en françois par Pierre Corneille. Paris, 1665, in-12. si stérile pour celles de Dieu. Peut-être l'a-t-il ainsi voulu pour me donner d'autant plus de quoi m'humilier devant lui, et rabattre cette vanité si naturelle à ceux qui se mêlent d'écrire, quand ils ont eu quelque succès avantageux. En attendant qu'il lui plaise m'inspirer et m'attirer plus fortement, je vous fais cet aveu sincère de ma foiblesse, et ne me hasarderai à vous rien dire de lui que je n'emprunte de ceux qu'il a mieux éclairés. Accepte notre hommage, et souffre nos louanges, Vierge, mère de l'humble et maîtresse des anges, Et jusqu'en ce vallon de pleurs O Vierge sans pareille, et de qui la réponse L'esprit humain se trouble au nom de vierge mère, |