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En fait de religion,
Rompant notre intelligence,
Nous mette en division,
Laisse-moi mon franc arbitre,
Et du reste de la foi,
Je veux avoir le chapitre,
Si j'en dispute avec toi.

VI.

Lorsque nous sommes mal, la plus grande maison
Ne nous peut contenir, faute d'assez d'espace;
Mais sitôt que Phylis revient à la raison,

Le lit le plus étroit a pour nous trop de place.

XIV.

DIALOGUE.

TYRCIS, CALISTE.

TYRCIS.

Caliste, mon plus cher souci,

Prends pitié de l'ardeur qui me dévore l'ame.

CALISTE.

Tyrcis, ne vois-tu pas aussi

Que mon cœur embrasé brûle de même flamme?

TYRCIS.

Je n'ose l'espérer.

CALISTE.

Tu t'en peux assurer.

TYRCIS.

Mais mon peu de mérite

Défend un si haut point à ma présomption.

CALISTE.

Mais cette récompense est plutôt trop petite

Pour tant d'affection.

TIRCIS.

Je croirai, puisque tu le veux,

Que maintenant mon mal aucunement te touche.

CALISTE.

La mort seul éteindra mes feux,

Et j'en ai plus au cœur mille fois qu'en la bouche.

TYRCIS.

Je n'ose l'espérer.

CALISTE.

Tu t'en peux assurer.

TYRCIS.

Hélas! que ton courage

M'apprête de rigueurs à souffrir sous ta loi !

CALISTE.

Ce que j'ai de rigueurs, j'en réserve l'usage
Pour tout autre que toi.

TYRCIS.

Si quelqu'un plus riche ou plus beau,

Et mieux fourni d'appas, à te servir se range?

CALISTE.

J'élirois plutôt le tombeau,

Que ma volage humeur se dispensat au change.

TYRCIS.

Je n'ose l'espérer.

CALISTE.

Tu t'en peux assurer.

TYRCIS.

Mais pourrois-tu, ma belle,

Dédaigner un amant qui vaudroit mieux que moi?

CALISTE.

Pourrois-je préférer à ton amour fidèle

Une incertaine foi?

TYRCIS.

Si la rigueur de tes parents

A quelque autre parti plus sortable t'engage?

CALISTE.

Les saints devoirs que je leur rends

Jamais dessus ma foi n'auront cet avantage.

Je n'ose l'espérer.

TYRCIS.

CALISTE.

Tu t'en peux assurer.

TYRCIS.

Quoi! parents, ni richesses,

Ni grandeurs, ne pourront ébranler tes esprits?

CALISTE.

Tout cela, mis auprès de tes chastes caresses,
Perd son lustre et son prix.

XV.

CHANSON.

Toi qui près d'un beau visage
Ne veux que feindre l'amour,
Tu pourrois bien quelque jour
Éprouver à ton dommage
Que souvent la fiction
Se change en affection.

Tu dupes son innocence,
Mais enfin ta liberté
Se doit à cette beauté
Pour réparer ton offense;
Car souvent la fiction
Se change en affection.

Bien que ton cœur désavoue
Ce que ta langue lui dit,
C'est en vain qu'il la dédit,
L'amour ainsi ne se joue;
Et souvent la fiction
Se change en affection.

Sache enfin que cette flamme
Que tu veux feindre au-dehors,
Par des inconnus ressorts
Entrera bien dans ton ame;
Car souvent la fiction
Se change en affection.

Tyrcis auprès d'Hippolyte
Pensoit bien garder son cœur;
Mais ce bel objet vainqueur
Le fit rendre à son mérite,
Changeant en affection,
Malgré lui, sa fiction.

: XVI.

CHANSON.

Si je perds bien des maîtresses,
J'en fais encor plus souvent,
Et mes vœux et mes promesses
Ne sont que feintes caresses,
Et mes vœux et mes promesses
Ne sont jamais que du vent.

Quand je vois un beau visage,
Soudain je me fais de feu;
Mais long-temps lui faire hommage,
Ce n'est pas bien mon usage;
Mais long-temps lui faire hommage,
Ce n'est pas bien là mon jeu.

J'entre bien en complaisance
Tant que dure une heure ou deux;
Mais en perdant sa présence
Adieu toute souvenance;
Mais en perdant sa présence
Adieu soudain tous mes feux.

Plus inconstant que la lune,
Je ne veux jamais d'arrêt;
La blonde comme la brune
En moins de rien m'importune;
La blonde comme la brune
En moins de rien me déplaît.

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Que qui ne suit ma méthode
N'est pas bien homme à la mode,
Que qui ne suit ma méthode
Passe pour un Allemand.

ХУН.

EXCUSE A ARISTE'.

Ce n'est done pas assez, et de la part des muses,
Ariste, c'est en vers qu'il vous faut des excuses;
Et la mienne pour vous n'en plaint pas la façon :
Cent vers lui coûtent moins que deux mots de chanson;
Son feu ne peut agir quand il faut qu'il s'explique
Sur les fantasques airs d'un rêveur de musique,
Et que, pour donner lieu de paroître à sa voix,
De sa bizarre quinte il se fasse des lois;
Qu'il ait sur chaque ton ses rimes ajustées,
Sur chaque tremblement ses syllabes comptées,
Et qu'une froide pointe à la fin d'un couplet
En dépit de Phébus donne à l'art un soufflet :
Enfin cette prison déplaît à son génie;
Il ne peut rendre hommage à cette tyrannie;
Il ne se leurre point d'animer de beaux chants,
Et veut pour se produire avoir la clef des champs,
C'est lors qu'il court d'haleine, et qu'en pleine carrière,
Quittant souvent la terre en quittant la barrière,
Puis, d'un vol élevé se cachant dans les cieux,
Il rit du désespoir de tous ses envieux.
Ce trait est un peu vain, Ariste, je l'avoue;
Mais faut-il s'étonner d'un poëte 2 qui se loue?

* Voici cette épître de Corneille qu'on prétend qui lui attira tant d'ennemis "; mais il est très vraisemblab'e que le succès du Cid lui en fit bien davantage. Elle paraît écrite entièrement dans le goût et dans le style de Regnier, sans grac s, sans finesse, sans élégance, sans imagination; mais on y voit de la facilité et de la naïveté. (V.) - Le style de Regnier étoit encore très convenable dans un ouvrage de ce genre. Ce qui nous paroît singulier, c'est qu'en y reconnoissant de la facilité et de la naïveté, Voltaire semble oublier que ces deux qualités sont des graces. (P.)

Les mots poëte, oüate, étaient alors de deux syllabes en vers. Boileau, qui a beaucoup servi à fixer la langue, a mis trois syllabes à tous les mots de cette espèce.

Si son astre en naissant ne l'a formé poëte...
Où sur l'oüate molle éclate le tabis.

(V.)

Voyez, ci-après, les pièces relatives au Cid.

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