Le Parnasse, autrefois dans la France adoré, + Ce vers désigne tous ses rivaux, qui cherchaient à se faire des protecteurs et des partisans; et cet endroit les souleva tous. (V.) 2 Ce vers et le précédent étaient d'autant plus révoltants, qu'il n'avait fait encore aucun de ces ouvrages qui ont rendu son nom immortel: il n'était connu que par ses premières comédies, et par sa tragé lie de Médée, pièces qui seraient ignorées aujourd'hui, si elles n'avaient été soutenues depuis par ses belles tragédies. Il n'est pas permis d'ailleurs de parler ainsi de soi-même. On pardonnera toujours à un homme célèbre de se moquer de ses ennemis, et de les rendre ridicules; mais ses propres amis ne lui pardonneront jamais de se louer. (V.) - Il est sans doute plus adroit d'allier à beaucoup d'orgueil une modestie apparente; mais le jugement de Voltaire n'est-il pas un peu trop sévère? On sait que les poëtes anciens se permettoient de parler d'eux-mêmes et de leurs ouvrages avec infiniment moins de réserve; et l'exemple en étoit chez eux si commun, que cette liberté sembloit être devenue un des priviléges de la poésie : Exegi monumentum ære perennius, Et pense toutefois n'avoir point de rival disoit Horace : Jamque opus exegi quod nec Jovis ira, nec ignes, disoit Ovide avec une confiance plus avantageuse encore. Ce que Malherbe écrit dure éternellement. Le philosophe de Genève, qui n'étoit pas poëte, disoit naïvement que, s'il existoit en Europe un seul gouvernement éclairé, il eût élevé des statues à l'auteur d'Émile. Voltaire enfin étoit-il lui-même si modeste? Comparez les vers de Corneille aux traits que nous venons de citer, et jugez. Nous ne voyons dans ces vers qu'un sentiment de franchise naïve, et très compatible avec ce caractère de simplicité qui sied au génie. Toute la question se réduit à savoir s'il y a moins d'orgueil dans une modestie simulée que dans cette franchise. On n'accuseroit pas un homme de vanité parcequ'il auroit la conscience de sa force physique : pourquoi le génie ne sentiroit-il pas aussi sa supériorité? Mais les écrivains médiocres oseroient se louer avec plus de confiance encore: eh bien! on s'en vengeroit par des éclats de rire. (P.) Il avoit aimé très passionnément une dame de Rouen, nommée madame du Pont, femme d'un maître des comptes de la même ville, qui étoit parfaitement belle, qu'il avoit connue toute petite fille pendant qu'il étudioit à Rouen, au collége des Jésuites, et pour qui il fit plusieurs petites pièces de galanterie qu'il n'a jamais voulu rendre publiques, quelques instances que lui aient faites ses amis : il les brûla lui-même environ deux ans avant sa mort. Il lui communiquoit la plupart de ses pièces avant de les mettre au jour; et, comme elle avoit beaucoup d'esprit, elle les critiquoit fort judicieusement; en sorte que M. Corneille a dit plusieurs fois qu'il lui étoit redevable de plusieurs endroits de ses premières pièces. (OŒuvres diverses de Pierre Corneille; Paris, 1758, page 144.) Traite mon souvenir avec un peu de haine, XVIII. RONDEAU'. Qu'il fasse mieux, ce jeune jouvencel,. Qu'il fasse mieux. Paris entier ayant vu son cartel, Omnibus invideas, livide, nemo tibi. Ce rondeau fut fait par Corneille en 1637, dans le temps du différend qu'il eut avec Scudéri, au sujet des Observations sur le Cid. (OŒuvres div., page 146.) * Scudéri n'avoit pas d'abord mis son nom à ses Observations sur le Cid : il en fut fait deux éditions sans qu'on sût de quelle part elles venoient. Cela se découvrit néanmoins, et les brouilla ensemble. (Ibid.)/ 3 * Ce terme grossier n'est pas tolérable; mais Regnier et beaucoup d'autres l'avaient employé sans scrupule. Boileau même, dans le siècle des bienséances, en 1674, souilla son chef-d'œuvre de l'Art poétique par ces deux vers, dans lesquels il caractérisait Regnier: Heureux, si, moins hardi dans ses vers pleins de sel, Il n'avoit point traîné les muses au bordel! Ce fut le judicieux Arnauld qui l'obligea de réformer ces deux vers, où l'auteur tombait dans le défaut qu'il reprochait à Regnier. Boileau substitua ces deux vers excellents: Heureux, si ses discours, craints du chaste lecteur, Ne se sentoient des lieux que fréquentoit l'auteur! Il eût été à souhaiter que Corneille eût trouvé un Arnauld; il lui eût fait supprimer. son rondeau tout entier, qui est trop indigne de l'auteur du Cid. (V.) - Ce mot étoit beaucoup plus tolérable dans ce rondeau, où l'auteur emploie le style de Marot, qu'il ne l'eût été dans l'Art poétique de Boileau. Le temps où vivoit Corneille étoit d'ailleurs moins chaste en paroles et plus chaste en réalité que le nôtre. Voltaire, qui affecte ici ce scrupule, ne l'ignoroit pas; et pourtant il s'est permis en ce même genre des libertés que Corneille n'eût jamais prises. (P.) ΧΙΧ. SONNET A MONSEIGNEUR DE GUISE'. Croissez, jeune héros; notre douleur profonde Croissez pour voir sous vous trembler la terre et l'onde : Vos aïeux vous diront par d'illustres exemples Sur des pas si fameux suivez l'ordre céleste; xx. VERS SUR LE CARDINAL DE RICHELIEU. Qu'on parle mal ou bien du fameux cardinal, Menri de Lorraine, deuxième du nom, duc de Guise, fils de Charles de Lorraine, duc de Guise, mort en 1640. |