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Quem trahis in partes, cui sub te militat omnis
In Batavos effusa phalanx, Deus ille tremendum
Ponere cui properas communi ex hoste trophæum,
Ipse tibi frangitque obices, arcetque pericla
Fidus, et æterna tecum mercede paciscens,
Prævia pro reduce appendit miracula cultu.

Jamque fidem excedunt, jam lassis viribus impar
Sub te fama gemit, rerumque interrita custos
Te pavet historia, it tantorum conscius ordo
Fatorum, ac merito eventu spem votaque vincit.

Perge modo, et pulsum victor redde omnibus aris, Victis redde Deum, fac regnet et ipse, tibique Quantum exempla præire dedit, tantum et sua cunctas Et belli et pacis præeat tibi gloria curas.

Interea totus dum te unum suspicit orbis, Dum musæ fortemque animum, mentemque profundam, Tot regnandi artes certatim ad sidera tollent, Fas mihi sit tacuisse semel, Rex magne, Deique Ni nisi in invicto mirari principe donum.

FIN DES POÉSIES LATINES.

LETTRES,

ET AUTRES OEUVRES EN PROSE.

AU LECTEUR.

Vous pourrez trouver quelque chose d'étrange aux innovations en orthographe que j'ai hasardées ici, et je veux bien vous en rendre raison. L'usage de notre langue est à présent si épandu par toute l'Europe, principalement vers le nord, qu'on y voit peu d'états où elle ne soit connue; c'est ce qui m'a fait croire qu'il ne seroit pas mal à propros d'en faciliter la prononciation aux étrangers, qui s'y trouvent souvent embarrassés, par les divers sons qu'elle donne quelquefois aux mêmes lettres. Les Hollandois m'ont frayé le chemin, et donné ouverture à y mettre distinction par de différents caractères, que jusqu'ici nos imprimeurs ont employés indifféremment. Ils ont séparé les i et les u consonnes d'avec les i et les u voyelles, en se servant toujours de l'j et de l'v pour les premières, et laissant l'i et l'u pour les autres, qui jusqu'à ces derniers temps avoient été confondus. Ainsi la prononciation de ces deux lettres ne peut être douteuse dans les impressions où l'on garde le même ordre qu'en celle-ci. Leur exemple m'a enhardi à passer plus avant. J'ai vu quatre prononciations différentes dans noss, et trois dans nos e, et j'ai cherché les moyens d'en ôter toutesambiguïtés, ou par des caractères différents, ou par des règles générales, avec quelques exceptions. Je ne sais si j'y aurai réussi; mais si cette ébauche ne déplaît pas, elle pourra donner jour à faire un travail plus achevé sur cette matière, et peut-être que ce ne sera pas rendre un petit service à notre langue et au public.

Nous prononçons l's de quatre diverses manières : tantôt nous l'aspirons, comme en ces mots, peste, chafte; tantôt elle allonge la syllabe, comme en ceux-ci, paste, teste; tantôt elle ne fait aucun son, comme à esblouir, esbranler, il estoit; et tantôt elle se prononce comme un z, comme à présider, présumer. Nous n'avons que deux différents caractères, Set s, pour ces quatre différentes prononciations. Il faut donc établir quelques maximes générales pour faire les distinctions entières. Cette lettre se rencontre au commencement des mots, ou au milieu, ou à la fin. Au commencement elle aspire toujours; Soi, sien, Sauver, Suborner; à la fin, elle n'a presque point de son, et ne fait qu'allonger tant soit peu la syllabe, quand le mot qui suit se commence par une consonne; et quand il commence par une voyelle, elle se détache de celui qu'elle finit pour se joindre avec elle, et se prononce toujours comme un z, soit qu'elle soit précédée par une consonne, ou par une voyelle.

Dans le milieu du mot, elle est ou entre deux voyelles, ou après une consonne, ou avant une consonne. Entre deux voyelles, elle passe toujours pour z, et après une consonne elle aspire toujours; et cette différence se remarque entre les verbes composés qui viennent de la mème racine. On prononce prėzumer, rézister; mais on ne prononce pas conzumer, ni perzister. Ces règles n'ont aucune exception, et j'ai abandonné en ces rencontres le choix des caractères à l'imprimeur, pour se servir du grand ou du petit, selon qu'ils se sont le mieux accommodés avec les lettres qui les joignent. Mais je n'en ai pas fait de même quand l' est avant une consonne dans le milieu du mot, et je n'ai pu souffrir que ces trois mots, reste, tempeste, vous estes, fussent écrits l'un comme l'autre, ayant des prononciations si différentes. J'ai réservé la petites pour celle où la syllabe est aspirée, la grande pour celle où elle est simplement allongée, et l'ai supprimée entièrement au troisième mot, où elle ne fait point de son, la marquant seulement par un accent sur la lettre qui la précède. J'ai donc fait orthographier ainsi les mots suivants, et le urs semblables, peste, funeste, chaste, résiste, espoir, tempeste, hafte, teste, vous étes, il étoit, éblouir, écouter, épargner, arréter. Ce dernier verbe ne laisse pas d'avoir quelques temps dans sa conjugaison où il faut lui rendre l's, parcequ'elle allonge la syllabe; comme à l'impératif arreste, qui rime bien avec tete; ma's à l'infinitif, et en quelques autres temps où elle ne fait pas cet effet, il est bon de la supprimer, et d'écrire j'arrėtois, j'ai arrėtė, j'arrèterai, nous arrétons, etc.

Quant à l'e, nous en avons de trois sortes: l'e féminin, qui se rencontre toujours ou seul, ou en diphthongue, dans toutes les dernières syllabes de nos mots qui ont la terminaison féminine, et qui fait si peu de son, que cette syllabe n'est jamais comptée à rien à la fin denos vers féminins, qui en ont toujours une plus que les autres; l'e masculin, qui se prononce comme dans la langue latine; et un troisième e qui ne va jamais sans l's, qui lui donne un son élevé qui se prononce à bouche ouverte, en ces mots, succes, acces, expres. Or, comme ce seroit une grande confusion que ces trois e en ces trois mots, afpres, verite, et apres, qui ont une prononciation si différente, eussent un caractère pareil, il est aisé d'y remédier par ces trois sortes d'e que nous donne l'imprimerie, e, è è, qu'on peut nommer l'e simple, l'é aigu, et l'è grave. Le premier servira pour nos terminaisons féminines, le second pour les latines, et le troisième pour les élevées; et nous écrirons ainsi ces trois mots et leurs pareils, afpres, verité, après, ce que nous étendrons à succès, excès, procès, qu'on avoit jusqu'ici écrits avec l'é aigu, comme les terminaisons latines, quoique le son en soit fort différent. Il est vrai que les imprimeurs y avoient mis quelque différence, en ce que cette terminaison n'étant jamais sans s, quand il s'en rencontroit une après un è latin, ils la changeoient en z, et ne la faisoient précéder que par un e simple. Ils impriment veritez, deïtez, dignitez, et non pas verités, deïtės, dignitės; et j'ai conservé cette orthographe: mais pour éviter toute sorte de confusion entre le son des mots qui ont l'e latin sans S, comme verité, et ceux qui ont la prononciation élevée comme succès, j'ai cru à propos de me servir de différents caractères, puisque nous en avons, et donner l'è grave à ceux de cette dernière espèce. Nos deux articles pluriels, les et des, ont le même son, quoique écrits avec l'e simple: il est si malaisé de les prononcer autrement, que je n'ai pas cru qu'il fût besoin d'y rien changer. Je dis la même chose de l'e devant deux ll, qui prend le son aussi élevé en ces mots, belle, fidelle, rebelle, etc., qu'en ceux-ci, fuccés, excès; mais comme cela arrive toujours quand il se rencontre avant ces deux ll, il suffit d'en faire cette remarque sans changement de caractère. Le même cas arrive devant la simple l, à la fin du mot mortel, appel, criminel, et non pas au milieu, comme en ces mots, celer, chanceler, où l'e avant cette l garde le son de l'e féminin.

Il est bon aussi de remarquer qu'on ne se sert d'ordinaire de l'é aigu qu'à la fin du mot, ou quand on supprime l's qui le suit, comme à établir étonner. Cependant il se rencontre souvent au milieu des mots avec le même son, bien qu'on ne l'écrive qu'avec un e simple; comme en ce mot Severité, qu'il faudroit écrire Sévérité, pour le faire prononcer exactement; et je l'ai fait observer dans cette impression, bien que je n'aye pas gardé le même ordre dans celle qui s'est faite in-folio.

La double ll dont je viens de parler à l'occasion de l'e a aussi deux prononciations en notre langue, l'une sèche et simple, qui suit l'orthographe; l'autre molle, qui semble y joindre une h. Nous n'avons point de différents caractères à les distinguer; mais on en peut donner cette règle infaillible: toutes les fois qu'il n'y a point d'i avant les deux ll, la prononciation ne prend point cette mollesse. En voici des exemples dans les quatre autre voyelles, baller, rebeller, coller, annuller. Toutes les fois qu'il y a un i avant les deux ll, soit seul, soit en diphthongue, la prononciation y ajoute une h. On écrit bailler, éveiller, briller, chatouiller, cueillir, et on prononce baillher, éveillher, brillher, chatouilTher, cueillhir. Il faut excepter de cette règle tous les mots qui viennent du latin, et qui ont deux Il dans cette langue ; comme ville, mille, tranquille, imbécille, distille, illustre, illégitime, illicite, etc.; je dis qui ont deux ll en latin, parceque les mots de fille et famille en viennent, et se prononcent avec cette mollesse des autres, qui ont l'i devant les deux ll, et n'en viennent pas; mais ce qui fait cette différence, c'est qu'ils ne tiennent pas les deux ll des mots latins filia et familia, qui n'en ont qu'une, mais purement de notre langue. Cette règle et cette exception sont générales et assurées. Quelques modernes, pour ôter toute l'ambiguïté de cette prononciation, ont écrit les mots qui se prononcent sans la mollesse de l'h avec une I simple, en cette manière, tranquile, imbécile, distile; et cette orthographe pourroit s'accommoder dans les trois voyelles a, o, u, pour écrire simplement baler, affoler, annuler; mais elle ne s'accommoderoit point du tout avec l'e, et on auroit de la peine à prononcer fidelte et belle, si on écrivoit fidele et bele; l'i même, sur lequel ils ont pris ce droit, ne le pourroit pas souffrir toujours, et particulièrement en ces mots ville, mille, dont le pre mier, si on le réduisoit à une I simple, se confondroit avec vile, qui a une signification tout autre.

Il y auroit encore quantité de remarques à faire sur les différentes manières que nous avons de prononcer quelques lettres en notre langue; mais je n'entreprends pas de faire un traité entier de l'orthographe et de la prononciation, et me contente de vous avoir donné ce mot d'avis touchant ce que j'ai innové ici. Comme les imprimeurs ont eu de la peine à s'y accoutumer, ils n'auront pas suivi ce nouvel ordre si punctuellement qu'il ne s'y soit coulé bien des fautes; vous me ferez la grace d'y suppléer.

PREMIER DISCOURS

SUR L'UTILITÉ ET SUR LES PARTIES

DU

POEME DRAMATIQUE.

Bien que, selon Aristote, le but seul de la poésie dramatique soit de plaire aux spectateurs, et que la plupart de ces poëmes leur ayent plu, je veux bien avouer toutefois que beaucoup d'entre eux n'ont pas atteint le but de l'art. « Il ne faut pas prétendre, dit << ce philosophe, que ce genre de poésie nous donne toute sorte de << plaisir, mais seulement celui qui lui est propre ; » et, pour trouver ce plaisir qui lui est propre, et le donner aux spectateurs, il faut suivre les préceptes de l'art, et leur plaire ser lon ses règles. Il est constant qu'il y a des préceptes, puisqu'il y a un art; mais il n'est pas constant quels ils ont. On

C'est ainsi que ce mot s'écrivoit encore du temps de Corneille.

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