Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Et de tous ces vaincus il t'a fait des amis.

A nos vœux les plus doux si tu veux satisfaire, Vois moins ce qu'il a fait que ce qu'il aime à faire : La paix a ses vertus, et tu dois y régler Cette ardeur de lui plaire et de lui ressembler.

Vois quelle est sa justice, et quelle vigilance Par son ordre en ces lieux ramène l'abondance, Rétablit le commerce, et quels heureux projets Des charges de l'état soulagent ses sujets; Par quelle inexorable et propice tendresse Il sauve des duels le sang de sa noblesse; Comme il punit le crime, et par quelle terreur Dans les cœurs les plus durs il en verse l'horreur. Partout de ses vertus tu verras quelque marque, Quelque exemple partout à faire un vrai monarque. Mais sais-tu quel salaire il s'en promet de toi? Une postérité digne d'un si grand roi, Qui fasse aimer ses lois chez la race future, Et les donne pour règle à toute la nature

C'est sur ce digne espoir de sa tendre amitié
Qu'il t'a choisi lui-même une illustre moitié.
Ses ancêtres ont su de plus d'une manière
Unir le sang de France à celui de Bavière;
Et l'heureuse beauté qui t'attend pour mari
Descend ainsi que toi de notre grand Henri;
Vous en tirez tous deux votre auguste origine,
L'un par Louis le Juste, et l'autre par Christine,
En degré tout pareil: ses aïeux paternels
Firent avec les tiens ligue pour nos autels,
Joignirent leurs drapeaux contre le fier insulte '
Que Luther et sa secte osoient faire au vrai culte;
Et Prague du dernier vit les fameux exploits
De Rome dans ses murs faire accepter les lois.

Ils ont assez donné de Césars à l'Empire,
Pour en donner encor, s'il en falloit élire;
Et notre grand monarque est assez redouté
Pour faire encor voler l'aigle de leur côté.
Quel besoin toutefois de vanter leur noblesse
Pour assurer ton cœur à la jeune princesse,
Insulte étoit encore du genre masculin.

Comme si ses vertus et l'éclat de ses yeux
A son mérite seul ne l'assuroient pas mieux ?

La grandeur de son ame et son esprit sublime
S'élèvent au-dessus de la plus haute estime;
Son accueil, ses bontés, ont de quoi tout charmer;
Et tu n'auras enfin qu'à la voir pour l'aimer.

Vois bénir en tous lieux l'Hymen qui te l'amène; Des rives du Danube aux rives de la Seine; Vois-le suivi partout des Graces et des Jeux; Vois la France à l'envi lui porter tous ses vœux.

Je t'en peindrois ici la pompeuse alégresse : Mais pour s'y hasarder il faut de la jeunesse. De quel front oserois-je, avec mes cheveux gris, Ranger autour de toi les Amours et les Ris? Ce sont de petits dieux enjoués, mais timides, Qui s'épouvanteroient dès qu'ils verroient mes rides; Et ne me point mêler à leur galant aspect C'est te marquer mon zèle avec plus de respect.

FIND DES POÉSIES DIVERSES.

SUR

LES VICTOIRES DU ROI.

1.

POËME

SUR LES VICTOIRES DU ROI,
TRADUIT DU LATIN EN FRANÇOIS 1.

Månes des grands Bourbons, brillants foudres de guerre,
Qui fûtes et l'exemple et l'effroi de la terre,
Et qu'un climat fécond en glorieux exploits
Pour le soutien des lis vit sortir de ses rois,
Ne soyez point jaloux qu'un roi de votre race
Égale tout d'un coup votre plus noble audace.
Vos grands noms dans le sien revivent aujourd'hui :
Toutes les fois qu'il vainc vous triomphez en lui;
Et ces hautes vertus que de vous il hérite
Vous donnent votre part aux encens qu'il mérite.

suit :

Ce poëme fut imprimé pour la première fois en 1667, avec l'avertissement qui

Au Lecteur. Quelque favorable accueil que Sa Majesté ait daigné faire à cel ouvrage, et quelques applaudissements que la cour lui ait prodigués, je n'en dois pas faire grande vanité, puisque je n'en suis que le traducteur. Mais, dans une si belle occasion de faire éclater la gloire du roi, je n'ai point considéré la mienne: mon zèle est plus fort que mon ambition; et, pourvu que je puisse satisfaire en quelque sorte aux devoirs d'un sujet fidèle et passionné, il m'importe peu du reste. Le public m'aura du moins l'obligation d'avoir déterré ce trésor, qui, sans moi, seroit demeuré enseveli sous la poussière d'un collége; et j'ai été bien aise de pouvoir donner par-là quelques marques de reconnoissance aux soins que les PP. jésuites ont pris d'instruire ma jeunesse et cele de mas enfants, et à l'amitié particulière dont m'honore l'auteur de ce panégyrique*. Je ne l'ai pas traduit si fidèiement, que je ne me sois enhardi plus d'une fois à é endre ou resserrer ses pensées: comme les graces des deux langues sont différentes, j'ai cru à propos de prendre cette liberté, afin que ce qui étoit excellent en latin ne devint pas si insupportable en françois; vous en jugerez, et ne serez pas fâché que j'y aie fait joindre quelques autres pièces, que vous avez déja vues, sur le même sujet. L'amour naturel que nous avons tous pour les productions de notre esprit m'a fait espérer qu'elles se pourroient ainsi conserver l'une par l'autre, ou périr un peu plus tard. >>

Le père de La Rue.

C'est par cette valeur qu'il tient de votre sang,
Que le lion belgique a vu percer son flanc;
Il en frémit de rage, et, devenu timide,
Il met bas cet orgueil contre vous intrépide,
Comme si sa fierté qui vous sut résister
Attendoit ce héros pour se laisser dompter!
Aussi cette fierté, par le nombre alarmée,
Voit en un chef si grand encor plus d'une armée,
Dont par le seul aspect ce vieil orgueil brisé
Court au-devant du joug si long-temps refusé.
De là ces feux de joie et ces chants de victoire
Qui font briller partout et retentir sa gloire :
Et, bien que la déesse aux cent voix et cent yeux
L'ait publiée en terre et fait redire aux cieux,
Qu'il ne soit pas besoin d'aucune autre trompette,
Le cœur paroît ingrat quand la bouche est muette,
Et d'un nom que partout la vertu fait voler
C'est crime de se taire où tout semble parler.

Mais n'attends pas, grand roi, que mes ardeurs sincères
Appellent au secours l'Apollon de nos pères;
A mes foibles efforts daigne servir d'appui,
Et tu me tiendras lieu des muses et de lui.
Toi seul y peux suffire, et dans toutes les ames
Allumer de toi seul les plus célestes flammes,
Tel qu'épand le soleil sa lumière sur nous,
UNIQUE DANS LE MONDE, ET QUI SUFFIT A TOUS.

Par l'ordre de son roi les armes de la France
De la triste Hongrie avoient pris la défense,
Sauvé du Turc vainqueur un peuple gémissant,
Fait trembler son Asie et rougir son croissant;
Par son ordre on voyoit d'invincibles courages
D'Alger et de Tunis arrêter les pillages,
Affranchir nos vaisseaux de ces tyrans des mers,
Et leur faire à leur tour appréhender nos fers.
L'Anglois même avoit vu jusque dans l'Amérique
Ce que c'est qu'avec nous rompre la foi publique,
Et sur terre et sur mer reçu le digne prix
De l'infidélité qui nous avoit surpris.
Enfin du grand Louis aux trois parts de la terre
Le nom se faisoit craindre à l'égal du tonnerre.

L'Espagnol s'en émeut; et, gêné de remords,
Après de tels succès il craint pour tous ses bords;
L'injure d'une paix à la fraude enchaînée,
Les dures pactions d'un royal hyménée,
Tremblent sous les raisons et la facilité
- Qu'aura de s'en venger un roi si redouté.

Louis s'en aperçoit, et tandis qu'il s'apprête
A joindre à tant de droits celui de la conquête,
Pour éblouir l'Espagne et son raisonnement,
Il tourne ses apprêts en divertissement;
Il s'en fait un plaisir, où par un long prélude
L'image de la guerre en affermit l'étude,
Et ses passe-temps même instruisant ses soldats
Préparent un triomphe où l'on ne pense pas.
Il se met à leur tête aux plus ardentes plaines,
Fait en se promenant leçon aux capitaines,
Se délasse à courir de quartier en quartier,
Endurcit et soi-même et les siens au métier,
Les forme à ce qu'il faut que chacun cherche ou craigne,
Et par de feints combats apprend l'art qu'il enseigne.
Il leur montre à doubler leurs files et leurs rangs,
A changer tôt de face aux ordres différents,
Tourner à droite, à gauche, attaquer et défendre,
Enfoncer, soutenir, caracoler, surprendre ;
Tantôt marcher en corps, et tantôt défiler,
Pousser à toute bride, attendre, reculer,
Tirer à coups perdus, et par toute l'armée
Faire l'oreille au bruit et l'œil à la fumée.

Ce héros va plus outre : il leur montre à camper;
A la tente, à la hutte on les voit s'occuper;
Sa présence aux travaux mêle de si doux charmes,
Qu'ils apprennent sans peine à dormir sous les armes;
Et, comme s'ils étoient en pays dangereux,
L'ombre de Saint-Germain est un bivouac pour eux.

Achève, grand monarque! achève, et pars sans crainte :
Si tu t'es fait un jeu de cette guerre feinte,
Accoutumé par elle à la poussière, au feu,
La véritable ailleurs ne te sera qu'un jeu :
Tes guerriers t'y suivront sans y voir rien de rude,
Combattront par plaisir, vaincront par habitude;

« AnteriorContinuar »