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que menteries qu'elle difoit. Mais, comme le prevoft & le curé la virent fort foible, advertis mesmes qu'il y avoit trois jours qu'elle n'avoit mangé, le prevoft & le curé firent venir du pain & du vin que le curé bénit; mais, ayant refufé de boire & manger, pressée, elle print le vin qu'elle mit en fa bouche, & vida le verre; mais, fitoft qu'elle eut remis le verre fur le bureau ou le greffier efcrivoit, le vin & le pain fe retrouvèrent entièrement dedans, ce qu'elle fit plusieurs fois; dont le prevost entra en telle colère qu'il lui dit que, fi elle ne beuvait ledit vin & mangeoit ledit pain, il l'offenseroit. Elle print derechef le verre, & avalla fort peu dudit vin, ce qu'elle fit avec une très grande peine, en fuant a groffes goutes par le front, la gorge fort enflée, & les yeux qui luy fortoient a demy de la teste.

De rechef, en continuant l'interrogatoire, elle confeffa qu'un grand homme noir depuis quelque temps s'eftoit apparu a elle par plusieurs fois, luy difant qu'elle s'eftoit donnée a luy quand les trois foldats la violèrent, & qu'il luy avoit monftré de l'argant. Mais a chafque coup elle se jettoit a deux genoux, & s'efcrioit les mains jointtes : « Je suis morte! si je vous dis la vérité ce grand homme noir me tuera. » Mais, affeurée par le prevost qu'elle n'euft point de crainte estant entre fes mains, & que les malins efprits n'avoient aucune puiffance fur la justice ny fur ceux qui eftoient entre leurs mains, elle confeffa que ce grand homme noir l'avoit tant importunée qu'en fin il avoit eu fa compagnie par plufieurs fois, ce qu'il avoit continué toutes les nuicts, refervé a la nuict paffée, qui estoit la cause pourquoy ce grand homme noir l'avoit tourmentée.

Or toutes ces interrogations furent fort longues, fi que la nuict survenue, & le prevost, voulant faire rediger par efcrit ce qu'elle conffeffoit, fit allumer des chandelles, l'une defquelles qui eftoit fort groffe fut mise fur le bureau ou le greffier efcrivoit; & ladite chambrière, interrogée de rechef, confeffa que tout ce qu'elle avoit dit eftoit veritable, &, d'abondant, que ce grand homme luy avoit demandé pour gage, tantoft un de ces doigts, puis un poulce, ou bien feulement un ongle, mais qu'elle n'en avoit jamais rien voulu faire, ains pour gage luy avoit donné de fes cheveux qui tomboient lorsqu'elle fe peignoit ; ce que ledit grand homme avoit receu pour gage, & d'avantage qu'il luy avoit faict prendre deux ans de terme pour s'en aller avec luy fans plus revenir. Mais, ainfi que Françoife racontoit toutes ces choses au prevost, estant devant lui a deux genoux, elle tomba le vifage contre terre, comme si on l'euft jettée de haut en bas, & les chandelles qui eftoient dans les chandeliers efteintes, refervé celle qui eftoit fur le bureau, qui fut foufflée par plufieurs fois fans qu'elle fuft efteinte ny veu aucune perfonne la fouffler; mais on la vid a l'instant enlever du chandelier toute allumée, puis froter contre terre pour l'efteindre, laquelle enfin efteinte, il fut ouy un grand bruit fans avoir veu aucune chofe ny perfonne qui euft pris ladite chandelle; ce qui estonna tellement le curé, le greffier, le geolier, les archers & plufieurs autres qui estoient presens, qu'ils fe retirèrent tous fuyans hors ladite jurifdiction, & y laiffèrent seul le prevost Morel avec ladite Françoise. Il eftoit bien lors près de neuf heures du foir. Le prevost, se trouvant feul, fe recommanda à Dieu, & commanda au Diable que, par la puissance qu'il avoit comme juge, qu'il eust a laiffer le corps de ceste Françoise, & luy dire ce qu'il demandoit. A l'inftant le prevoft fe trouva faify par les jambes, corps & bras ce 16

III.

qui le tenoit par le bas des jambes avoit de la chaleur, mais pour le refte il ne fentoit aucune chaleur, ains feulement une grande pefanteur & entortillement comme d'un grand vent, entendant frapper plufieurs coups fur ladite Françoife, dont elle crioit; puis tout auffi-toft ledit prevost se sentit fraper par le mollet des jambes avec quelque chofe qui estoit dur comme bois, & receut un grand coup fur le vifage du cofté dextre, qui luy escorcha & enleva la peau jufques au fang, depuis le deffus de l'oreille jufques au menton le long de la machoire. Le prevost alors mit la main droite a fon efpée pour la tirer; mais, fans avoir fenty aucun attouchement de perfonne, le bras droit luy fut faifi, ce qui luy empescha de tirer foudainement son espée, ayant receu un coup au poignet de la main droicte, dont il fut fort offenfé jufques au fang: de ce coup la peau luy fut enlevée de la largeur de quatre poulces, de la façon d'un grand tiret a fermer une lettre, la peau luy estant demeurée attachée au poignet auffi tenue que la peau d'un gand. Nonobftant tous ces empefchemens, le prevoft tira fon efpée, & la mania parmy le parquet, commandant toujours au Diable de parler a luy. De tous ceux qui s'en eftoient fuys de la jurisdiction nul ne voulut y rentrer, fi non le curé qui fe hazarda d'y rentrer, & faifit par le corps le prevoft pour l'enlever; mais, luy estant impossible, le prevost le pria de se retirer & faire venir en diligence des torches & flambeaux. Cependant le prevoft avoit l'efpée nue en la main, & continuoit de commander au Diable de parler a luy, & luy dire ce qu'il demandoit; mais il sentit soudain fa main droicte dont il tenoit fon efpée nue, & comme un pefant fardeau fur fon dos, fans avoir nul sentiment qu'il fust tenu d'aucune personne, reservé par le bas des jambes, ou il y avoit de la chaleur, qu'il pensoit estre ladite Françoise sur laquelle il entendoit frapper de grands coups. Peu après, le prevoft fe fentant deschargé, & le bras dont il tenoit fon efpée libre, ayant remué fon efpée autour de luy, & voyant que perfonne n'apportoit de la clarté, il commença a avoir frayeur pour ce que fon manteau luy eftoit tombé a terre; ce qui le fit de fortir d'une traite, hors d'aleine & fort efchauffé, jufques dans la rue; mais, a l'ayde de plufieurs, & de grand nombre de torches & flambeaux, ledit prevost rentra dans ladite jurisdiction, & trouva a l'entrée du parquet ladite Françoise efvanouye & bleffée, d'ou il la fit incontinent tirer & lever; elle avoit tout le vifage efgratigné, comme si c'euft efté des ongles d'un chat, dont il fortit plus de deux pots de fang. Il eftoit tard & bien entre neuf & dix heures du foir quand le prevost commanda qu'elle fust emmenotée de peur qu'elle ne s'offençaft, & la laiffa en garde au geolier & a aucuns des prifonniers qui fe chargèrent de la garder la nuit.

Le prevost Morel, s'eftant retiré en fon logis, manda le curé le lendemain, avec lequel il refolut que ladite Françoise feroit le lundy matin menée a l'eglife. Comme ils parloient le geolier arriva, qui dit au prevoft qu'il ne pouvoit plus garder ladite Françoife, pour ce que les prifonniers luy avoient dit qu'ils romproient les prifons & s'en iroient fi on ne l'oftoit, a cause de la peur qu'ils avoient, fuppliant le prevost de s'y transporter, ou il verroit ladite Françoise la teste en bas dans un puits, tenant la corde avec fes deux mains emmenotées, là ou elle avoit esté transportée, fans que l'on euft veu perfonne l'y transporter, & s'y fuft precipitée fans luy, fes ferviteurs & huit prifonniers qui l'avoient arreftée par les pieds

& par fes habits, dont ils ne la pouvoient retirer, les fuppliants d'y venir donner ordre. Le prevost luy dit qu'il n'y pouvoit aller pour fon indisposition, & pria le curé Belet d'y aller : ce qu'il fit; & ayant trouvé encor ladite Françoise dans le puits, la tefte en bas, les pieds en haut, que fept ou huict hommes tenoient par les pieds pour la retirer, ce qui leur eftoit impoffible, ledit curé, après l'avoir exorcifée & jetté fur elle de l'eau benifte, auffi-toft les hommes la retirèrent, ayant toutes les jambes gaftées, meurtries & offensées.

Le curé de rechef la laiffa en garde au geollier & aux personnes jufques au lundy matin, deuxiefme de septembre, qu'il revint avec le prevoft pour l'emmener a l'eglife. Après qu'il l'eut oye en confeffion & baillé de l'eau benifte, on la mena a l'eglife Noftre Dame en la chappelle de la Trinité, ou un chapelain de ladite eglife, nommé Buiffon, dit la messe, pendant laquelle Françoise parut tousjours affez tranquile; mais, Buisson estant a l'action de graces, le curé ne voulut pas qu'il la parachevaft qu'il n'euft premièrement adminiftré le fainct facrement de l'Eucharistie a ladite Françoise. Buisson s'eftant arrefté, le curé s'approcha de Françoise, laquelle il ouyt de rechef en confeffion, puis exorcifa & conjura le malin efprit. Françoise ayant declaré publiquement qu'elle renonçoit au diable, le curé s'approcha d'elle pour la communier après luy avoir faict dire fon Mifereatur & fon Confiteor; mais, luy ayant presenté la faincte hoftie devant la bouche pour la recevoir, tout auffi-toft il s'apparut comme un ombre noir hors l'eglife, qui caffa une lozenge des vitres de ladite chapelle, & fouffla le cierge qui eftoit sur l'autel, dont il esteignit tellement le lumignon, qu'il fembloit, a le voir, qu'il y euft plus de dix ans qu'il n'avoit esté allumé, & tout auffi toft ladite Françoise, qui eftoit a genoux, fut enlevée fi efpouvantablement, que ce fut tout ce que purent faire fix perfonnes que de la ramener a terre, fans toutesfois n'y appercevoir aucune chose. Plus de douze cents perfonnes virent cefa, entre lefquels eftoient les fieurs abbez de Morte-mer, de Rate, les fieurs de Rubempré, les barons de Neuf-bourg, des Noyers, le fieur Seguier, grand maiftre des eaux & foreftz & plufieurs autres.

De rechef le curé, luy ayant faict abjurer le malin esprit, luy presenta pour la feconde fois la faincte hoftie; mais elle fut alors levée de terre plus haut que l'autel, comme si on l'euft prise par les cheveux, d'une fi estrang-façon, que, fans que plufieurs hommes qui fe jettèrent a fes accouftrements & l'abbatirent a terre en fe jettant fur elle, le malin l'eust enlevée. Les yeux fortoient de la tefte de ladite Françoife, & les bras & jambes luy estoient tournez c'en deffus deffous. Ce que voyant le curé, il s'approcha d'elle, luy ayant encor jetté de l'eau benifte & exorcifé, & conjuré le malin, &, la voyant le visage contremont, il fit allumer un autre cierge. Alors elle revint a foy & reprint fes efprits, & cria mercy a Dieu, & renonça au malin. Ce que voyant le curé, il luy prefenta encor la faincte Eucharistie; mais tout auffi toft elle fut enlevée par dessus un banc qui eftoit devant l'autel, & fut emportée en l'air du cofté ou la vitre avoit efté caffée, la tefte en bas, les pieds en haut, fans que ses accoutrements fuffent renverfez, au travers desquelz, devant & derrière, il fortoit une grande quantité d'eau & de fumée puante; &, ayant efté ainfi quelque temps transportée en l'air fans qu'on la peuft reprendre, en fin fept ou huict hommes, s'eftans jettez a elle, la reprindrent & miftrent contre terre. Tous ceux qui eftoient presents, tant

catholiques que de la religion pretendue reformée, fe mirent lors tous a genoux, pleurans & prians Dieu pour le falut de l'ame de cefte pauvre Françoise.

Le curé, après avoir exorcifé le malin, & que Françoise, revenue a foy, eut dit tout ce qu'elle luy avoit veu faire, le fieur Ratte, abbé, dit au curé qu'il fupercedaft de vouloir bailler le fainct Sacrement a ladite Françoife, laquelle n'eftoit en eftat de le recevoir; & toutesfois, s'eftant mise a genoux, le curé luy presenta l'hoftie qu'elle adora & baisa sans empeschement. Plufieurs foldats & autres qui eftoient de la religion pretendue reformée, ayans veu tout ce que dessus, firent dès lors leur renonciation, & protestèrent d'aller a la meffe & vivre catholiquement a l'advenir.

Françoise estant ramenée à la prison, le prevost se souvint qu'elle luy avoit dit la première fois qu'il l'interrogea : « Je voudrois que vous m'euffiez ja faict couper les cheveux. » Ce fut pourquoy il délibera l'apresdinée de les luy faire couper. Pour ceft effect il se transporta a la prifon avec le procureur du roy, le greffier & fes archers, ou fe trouvèrent auffi le fieur abbé de Mortemer, le fieur du Rolet, madame de Larchant, le curé & plufieurs autres, & la trouva fur un lit bleffée au front; l'ayant interrogée, qui luy avoit faict cela, elle dit que c'eftoit le malin efprit, pour ce qu'elle ne luy avoit plus voulu donner de fes cheveux. Sitoft que le medecin Rouffel & Gautier, chirurgien, furent arrivez, ledit prevost fit amener Françoife a la falle de la cohue ou elle demeura a l'entrée, & interrogée de rechef par luy fur ce qu'elle avoit dit qu'elle euft voulu que l'on luy euft coupé fes cheveux, le confeffa, mais en pleurant dit qu'elle ne vouloit que l'on luy coupast pour ce que le malin luy avoit dit qu'elle se gardast bien de les faire couper, & qu'il ne la tourmenteroit plus. Le prevost, nonobstant son refus, ordonna qu'ils luy feroient prefentement coupez & bruslez. Le chirurgien ayant mis une nape a l'entour du col de Françoife, de laquelle il avoit lavé les cheveux qui n'eftoient grands que d'un pied & faict faire un grand feu a l'un des coings de la falle de la Cohue, commença à razer les cheveux de ladite Françoise par le devant de la teste, estant tenue de dix archers par les jambes, corps, cuiffes & bras, lefquels pour ce avoient quitté leurs armes; mais, au troifiefme coup de razoir que le chirurgien bailla venant fur l'os coronal de la teste, Françoise fut enlevée en l'air d'entre les mains de tant de gens qui la tenoient, lefquels, contraints de courir après pour la reprendre ainsi en l'air, l'attrapèrent par fes accouftremens, & la mirent a terre en se jettant fur elle, pour ce qu'elle fe débatoit de telle forte qu'il ne fe pouvoit voir chofe plus efpouventable, ayant la bouche ouverte & les yeux gros & renverfez en la tefte. Le curé luy jetta de l'eau benifte, exorcifant & conjurant le malin efprit. Auffitoft qu'elle fut revenue le chirurgien la fit reprendre par les archers, & continuant a luy razer les cheveux, on la vid en un inftant enlevée en l'air fort haut, la tefte en bas, les pieds en haut, fans que fes accouftremens fe renverfaffent, au travers defquels il fortoit, par devant & par derrière, grande quantité d'eau & fumée puante. Enfin eftant reprinse, & tous les archers s'eftans jettéz fur elle de peur que le malin ne l'enlevaft, le curé, le procureur du roy, tous les affiftans, & ceux mefmes qui estoient aux feneftres en la voyant fi horrible, fe mirent lors a genoux tous en prières; le prevost auffi entra dans le parquet de la jurifdiction, & fe mit a genoux fur le degré au bas de la

chaire du juge audessus de laquelle y avoit un crucifix, là ou estant en prière, le curé ayant jetté de l'eau beniste a ladite Françoise & exorcifé le malin esprit, elle reprint ses efprits, & demanda a parler au prevoft, que l'on alla querir comme il eftoit en prières; mais en se relevant de deffus ledit degré, il trouva que tout le bas & le long d'iceluy il y avoit grande quantité de cheveux qui estoient dans le plaftre & fortoient dehors demy pied, de la longueur de plus de fix pieds & demy pied de large, qui l'eftonna; mais ledit prevoft venu a ladite Françoise qui eftoit contre terre la face en haut, & luy ayant demandé ce qu'elle luy vouloit, dit par trois fois : « Faictes les couper viftement, monfieur le prevoft, tous les cheveux.>> Ce qu'ayant entendu le prevoft, il commanda au chirurgien de les lui razer viftement, ce qu'il continua de faire; mais, nonobftant qu'elle fuft tenue par lefdits archers, elle fut encore oftée de leurs mains & enlevée en l'air le long de la cohue, les pieds en haut, la teste en bas, & criant estrangement, continuant de jetter de l'eau & de la fumée qui paffoit au travers du bas de fes accouftrements; mais, estant reprise & afpergée d'eau benifte, le chirurgien luy paracheva de razer ses cheveux, non fans grand peine. Le prevoft Morel, voyant qu'elle avoit la tefte razée, appella tous les affiftans, & leur monftra les cheveux qu'il avoit trouvez au bas des degrez de la chaire du juge, de quoy demeurèrent tous eftonnez; mais Françoise, interrogée, dit que c'eftoit ses cheveux qu'elle avoit baillez au malin efprit qui les avoit là rapportez, comme elle avoit veu. Le prevoft fit confronter par le chirurgien les cheveux razés avec ceux là, qui fe trouvèrent femblables; & ayant interrogé le geollier & tous fes ferviteurs fi jamais ils avoient veu fes cheveux, dirent tous que non, & mesmes qu'ils avoient ballié l'auditoire la mefme matinée, & n'y avoient rien veu. Le prevoft, ayant faict apporter un pic & une pelle pour ofter ces cheveux, lefquels eftoient plus de trois doigts dedans le plaftre, les fit tous brufler avec les autres cheveux razés. Nonobftant, Françoise eftoit tousjours tourmentée, ce qui occafionna le prevoft d'ordonner que le poil de deffous les aiffelles & celuy des parties honteufes luy feroit auffi razé; mais Françoise voulant fe depouiller & obeyr au commandement du prevoft, voyla a l'instant, fans voir perfonne luy toucher, que fes deux bras luy furent renversez par derrière le dos de vitesse, la face en haut dans le feu ou brufloient fes cheveux, &, fans le fecours du curé, du chirurgien & des archers qui la reprindrent par les pieds, la retirant avec grande peine du feu, elle y eust fans doute efté étouffée. Retirée, le curé continua les exorcifmes en luy jettant de l'eau benifte, & cependant que les archers la tenoient elle fut defpouillée, & le chirurgien lui raza foudain le poil & le jetta incontinent au feu.

Françoife lors commenca a dire au prevoft qu'elle eftoit allegée, fe jetta a deux genoux, commenca a regarder le crucifix, demanda pardon a Dieu, le fupplia de recevoir sa prière, renonça au malin esprit & monstra les bleffures que le diable luy avoit faictes, a la tefte & aux bras, tandis qu'on luy faifoit fes cheveux. Ledit prevoft la voyant affez paisible ne luy voulut faire razer le poil de fes parties honteuses, ains la fit reveftir & ramener en l'église, ou maistre Pierre Haudemare, l'un des curez de Louviers, eut charge de l'oyr en confeffion & tirer d'elle plus avant que ce qu'elle avoit dit. Confeffée, elle fupplia qu'elle fift le lendemain fes Pasques. La nuit elle ne bougea de dedans une chapelle avec quelques gens

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