Imágenes de páginas
PDF
EPUB

1527.

[ocr errors]

Place & la gênoient pour les vivres, il court à Biagraffo & s'en empare; déja il fe promettoit la Beler. liv. conquête de toute la Lomelline 19. n. 40. lorfque le Maréchal de Lautrec inftruit de fes deffeins, détacha de l'armée qu'il menoit vers Rome cinq ou fix mille Fantaffins choifis, avec quelque Gendarmerie, fous la conduite de Pierre de Navarre. Ce détachement reprit Biagraffo, & refferra de Leve dans Milan.

Lautrec s'avançoit toujours vers l'Etat de l'Eglife. Dès les premiers bruits de fon départ pour l'Italie, l'Empereur avoit fongé férieufement à délivrer le Pape, & à fe donner tout l'honneur de cette délivrance, Il fe trouvoit alors dans le même embarras où il s'étoit trouvé après la prife de François Premier. Le foin de garder le Pape, occupant une grande partie de l'armée Impériale, la mettoit hors d'état de rien entreprendre; elle bornoit toutes fes opérations à bien veiller fur fon prifonnier; & tous fes projets à ne

[ocr errors]

le relâcher qu'à prix d'argent, quoique l'Empereur en pût ordonner; 1527. car le pillage de Rome n'avoit fait qu'enflammer la cupidité du Soldat

en la fatisfaifant. L'Empereur avoit Belcar. liv envoyé en Italie le Général de 19. n. 42. l'Ordre de Saint François, & un autre Négociateur nommé Véri de Migliau, avec des inftructions & des pouvoirs adreffés au Viceroi de Naples. Ce Viceroin'étoit plus Charles de Lannoy, il venoit de mourir à Gaëte, c'étoit Dom Huges de Moncade fon ami, le feul des Grands, Guicciard d'Efpagne, qui aimât Lannoy. Celui- Brant. Capit. ci, en mourant, l'avoit défigné fon Etrang. art. fucceffeur fous le bon plaifir de l'Empereur qui agréa ce choix.

liv. 18.

Moncade.

Mém. de

Le Général & Migliau ayant conféré avec le Viceroi, partirent pour Rome; & Moncade, qui dans un commencement de Vice-royauté ne Du Bellay, croyoit pas devoir quitter fon Gou- liv. 3. vernement fe fit représenter à Rome par Serenon fon Sécrétaire. Le Général des Cordeliers, qui vouloit être Cardinal, fe montra très

favorable au Pape. Migliau qui n'a 1527. voit point d'interêt perfonnel, qui n'envisageoit que ceux de fon Maître, qui fe défioit de la vertu des Traités, en voyant fur-tout l'inexécution du Traité de Madrid, & qui Belcar. liv. craignoit la vengeance que le Pape voudroit peut-être tirer de fa captivité, lorfqu'il feroit libre, inclinoit affez à rendre cette captivité éternelle. Moncade qui n'étoit ni Chrétien, ni humain, n'étoit pas fâché de nuire au Pape qu'il n'aimoit pas, & dont il étoit haï.

9. n. 42.

Tel étoit l'état de la négociation quant aux difpofitions des Négo

ciateurs.

L'objet de la négociation rouloit principalement fur deux articles dont l'un regardoit l'armée, & l'autre l'Empereur (car fans le concours de ces deux Puiffances, rien ne pouvoit être folidement conclu.) Quant à l'armée les Négociateurs exigeoient que le Pape lui payât tout ce qui étoit dû par l'Empereur; & comme l'Empereur ne prenoit

rien pour lui, il appelloit cela dé- – livrer le Pape fans rançon.

A l'égard de l'Empereur, on exigeoit des affurances folides que le Pape n'employeroit point fa liberté à fe venger, en s'alliant directe ment ou indirectement, en public ou en fecret, avec les ennemis de l'Empereur; & comme tous les Traités & toutes les paroles ne pou voient donner cette affurance, on exigeoit des places de fûreté; car l'Empereur ne fe prêtoit point au • projet odieux de tenir éternellement un Pape dans les fers.

La conduite de Clément fut auff adroite que les conjonctures l'exigeoient. Il preffoit fecretement le Maréchal de Lautrec d'avancer; il l'affuroit qu'il ne concluroit rien avec les Impériaux, s'il n'y étoit forcé, ou que dès qu'il feroit li bre, il défavoueroit tout ce qu'il auroit promis, & qu'il feroit tou jours fidele à la Ligue. En tout événement il demandoit de l'indulgence pour les foibleffes que le malheur

1527

liv. 18.

de fa fituation pourroit lui arra

cher.

1527. L'habile Pontife avoit vu aifément Guicciard, ce que toute l'Europe voyoit ou pouvoit voir comme lui; que fa deftinée ne dépendoit pas uniquement de l'Empereur, & qu'il falloit auffi fe rendre l'armée favorable; il mit dans fes intérêts le fameux Moron qui étoit le confeil de tous les principaux Chefs; il donna l'Evêché de Modene à fon fils; il lui promit à lui-même des fommes confidérables..

Il ne fe comporta pas moins adroitement à l'égard de fon furieux ennemi le Cardinal Pompée Colonne. Ce Prélat étoit venu lui rendre vi fite au château Saint-Ange, foit par bienféance, foit pour jouir de fon humiliation. Le Pape fut tirer parti de fa vanité; il s'avoua vaincu, il reconnut qu'il n'appartenoit qu'aux Colonnes, & fur-tout à Pompée, d'abbaiffer & de relever le Saint Siège à leur gré; les titres qu'il lui prodigua de Dompteur des Papes,

« AnteriorContinuar »