Imágenes de páginas
PDF
EPUB

core, non par
les armes des enne-
mis, mais par la rigueur d'un froid
exceffif, amené par un orage fi vio-
lent, qu'il avoit renverfé toutes les
tentes. Enfin la nuit qui fuivit l'arri-
vée des Bandes noires, les Impériaux
prévoyant qu'ils pourroient être at-
taqués & forcés dans leur camp,
fe retirerent fans tambours, fans
trompettes, & allerent droit à Na-.
ples. Quand le retour du jour ap-
prit à Lautrec leur évafion, il fe
contenta d'envoyer à leur poursuite
quelques compagnies de Gendar-
mes & de Chevaux-Legers, qui pu-
rent à peine tomber fur quelques
traineurs, tant la diligence des Im-
périaux avoit été grande.

Les avis s'étoient partagés dans l'armée Françoife. Les uns foutenoient que toute l'armée devoit fuivre celle des Impériaux vers Naples; que fûrement le Prince d'Orange, dont le Viceroi méconnoiffoit l'autorité, envioit la puiffance & déteftoit la perfonne, trouveroit beaucoup de difficulté à fe faire

1528.

liy. 3.

ouvrir les portes de cette capitale 1528. où commandoit le Viceroi; que Mém. de peut-être feroit-il obligé d'employer Du Bellay, la violence; on auroit le temps de l'atteindre & de mettre à profit ces divifions, fur-tout l'armée Françoife étant fupérieure en forces. Les autres, à la tête defquels étoit Pierre de Navarre, vouloient qu'on commençât par s'emparer des principales Places du Royaume; ils prétendoient qu'alors Naples tombant de lui-même, les troupes qui s'y feroient renfermées, feroient obli-gées de fe rendre à difcrétion. Peutêtre qu'on n'eût pas mal fait de tenter d'abord le premier parti, & que s'il n'eût pas réuffi, c'eft-à-dire, fi le Prince d'Orange fût entré sans Lobftacle dans Naples, & fi on eût pu l'atteindre, il auroit toujours été temps de revenir au fecond - parti. Quoi qu'il en foit, on s'en tint à ce fecond; l'armée tira vers la Bafilicate; Pierre de Navarre prit Guicciard. Melphe avec fes Gafcons & les Banliy. 18 des noires; un autre défachement

prit Venouse, Place devenue célebre dans l'Hiftoire des guerres de Naples, par le courage avec lequel le brave Louis d'Ars la défendit fi long-temps, au milieu du défastre des affaires Françoifes dans ce royaume, fous Ferdinand le Catholique & Louis XII, en 1503

& 1504.

15284

Après la prife de Melphe & de Belcar.liv Venoufe, la plupart des autres vil- 19. A, 55, * les ouvrirent leurs portes; il n'y eut que Manfredonia fur la mer Adriatique, & Gaëte fur l'autre mer, qui firent quelque réfiftance; les Vénitiens comme on l'a déja plu fieurs fois obfervé, n'avoient ja mais voulu confentir que le Milanès & le royaume de Naples appartinffent à une même Puiffance; ils n'avoient point changé de prin cipes. Si le Milanès prefque entiément conquis par les François, n'avoit pas été remis au Duc de Sforce, ils euffent traversé la con quête que les François faifoient alors du royaume de Naples, ils

[ocr errors]

la faciliterent, à condition de la par1528. tager; ils fe firent céder tous les

ports de ce royaume dont ils s'étoient vus en poffeffion avant que le Traité de Cambrai, conclu contreeux, eût amené la bataille de Ghiara Du 14 Mai d'Adda, fi fatale à leur République. Pour remplir cette condition, Monopoli, & Trani, qui étoient deux de cès Ports, leur furent remis.

3509.

T

Mém. de

liv. 3.

Lautrec, après s'être affuré des Places les plus importantes dans Du Bellay, prefque toutes les Provinces du royaume de Naples, s'approcha de Naples même, & parcourut en conquérant toute la terre de Labour Déja toutes les Places qui fervent comme de boulevars à la capitale Acerra, Capoue, Nole, Averfe, s'étoient rendues. Quarante hommes d'armes furprirent & pillerent Vico, où ils firent un butin immense: fans compter les profits inconnus, chaque homme d'armes eut pour fa part douze cens écus, fomme étonnante pour le temps. Pouzzols fe rendit auffi; il ne reftoit plus enfin qu'à rédu re la Capitale.

Guicciard

C'étoit-là le plus difficile, toutes les forces des Impériaux y étoient raf 1528. femblées; il eft vrai que de ces foi- Belcar. liv cés même pouvoit naître la foibleffe 20, n. 2. de la Place, les vivres pouvoient manquer ; il n'y avoit de bled que pour un peu plus de deux mois, & très-peu de viande & de fourages. La divifion d'ailleurs pouvoit fe mettre parmi les Chefs; indépendamment de la haine mutuelle de Moncade & du Prince d'Orange, liv, 18. deux combats finguliers dans l'un defquels le Marquis du Guaft bleffa le Comte de Potenza, & dans le fecond defquels il tua le fils de ce Seigneur, donnerent les plus grandes espérances aux François : mais ces efpérances devoient être cruellement déçues : c'étoit entre les François & leurs Alliés, que la divifion alloit naître ; c'étoit à eux qu'elle alloit attirer les plus grands malheurs.

Cependant tout fembla d'abord leur être favorable. A peine parurent-ils à la vue de Naples, qu'il fe livra autour de cette ville diver

« AnteriorContinuar »