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• 1528.

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Du Bellay

table de Bourbon, pouffé à la révolte par d'indignes traitemens lui avoit fait perdre le Milanès & la liberté; il falloit encore qu'il perdît le royaume de Naples, & Sleidanusă une armée victorieuse, pour n'a- liv. 6. voir pas fu connoître André Doria. André Doria, iffu d'une des plus anciennes & des plus illuftres fa- Mém. de milles de Gênes, étoit le plus grand liv. 3 homme de mer de fon temps, il aimoit la gloire & fa patrie, & ne dédaignoit point la fortune. La fierté républicaine qu'augmentoit encore en lui la connoiffance de fes talens, le rendoit odieux aux Courtifans, & lui rendoit les Courtifans odieux. II avoit autrefois fervi avec éclat François Premier; depuis il avoit paffé au fervice de Clément VII, auquel il fut ataché pendant la Ligue, dont on vient de voir l'hif toire; il fe remit au fervice de François Premier dans le temps où Lautrec fut envoyé en Italie, c'étoit lui qui, en bloquant le port de Gênes fa patrie, avoit aidé à la

20, n. II.

foumettre au Roi; mais il atten

1528. doit de ce dernier fervice un prix digne de flatter un grand homme. Il défiroit que le Roi, content de n'avoir plus les Gênois pour ennemis, voulût les avoir pour alliés, non pour fujets, & qu'il rétablît à Gênes, fous fa protection, le Gouvernement républicain. Les Gênois, pour obtenir cette grace, avoient Belcar liv. offert au Roi deux cens mille ducats. Le Roi non-feulement ne l'accorda point, mais encore jugeant par cette demande, & par tant d'exemples de l'inconftance Gênoife, qu'il falloit humilier & affoiBlir cette ville, il parut vouloir relever Savone fa rivale, fa voifine & fa fujette; il la démembra de l'Etat de Gênes, il en rétablit les fortifications & le port, qu'il parut deftiner à la conftruction & à la retraite de fes vaiffeaux; il la mit en état de partager avecGênes l'empire de la mer de Ligurie; déja le commerce de Savone s'aggrandiffoit au point d'allarmer celui de

T

tis Andr.

liv. 3.

Gênes. Le trafic du fel y avoit — été transporté, les Gênois prie', rent Doria d'employer le crédit que car. Sigo 1.528. lui donnoit fes fervices pour obteenius de vitâ nir que Savone fût réduite à fon & rebus gef premier état, il parla & n'obtint Auriæ. lib. 1. rien. Les Courtisans qui regnoient Mem. de alors, les Duprats, les Montmoren- Du Bellay cis, traiterent même de crime d'E4' tat les preffantes follicitations deDo ria en faveur de fa patrie. Le défauti ordinaire des Courtifans, dans un Etat Monarchique abfolu, eft de né voir par-tout qu'une feule efpecé de fujets, & de ne pas affez diftinguet des fujets naturels ceux qui ne le font qu'à titre de conquête ou que, par un choix libre; on prétend d'ail leurs que des vues d'intérêt con- abrég. chro tribuoient à rendre Montmorenci nolog inflexible; on affure qu'il jouiffoit des impôts qui fe levoient au port de Savone.

Mézerai

On crut appercevoir les pret Belcar. liv: miers fignes du mécontentement de 19. n. 51. & liv. 20.n. S Doria dans une expédition qui fut tentée fur la Sicile, vers le temps

1528.:

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où le Maréchal de Lautrec arriva devant Naples. Un Sicilien, nom mé Cefar Imperador, avoit propofé aux François de leur faciliter lal conquête de cette ifle par le moyen de quelques-uns de fes amis las du Du Bellay, joug Espagnol. Ses offres parurent mériter de l'attention, & François Premier réfolu d'envoyer un corps d'armée en Sicile, André Doria eut le commandement de la flotte, & Renzo de Céré celui des troupes de débarquement. Une tempête violente obligea laflotte de cingler vers l'ifle de Corfe, d'où la proximité engagea les François à paffer en Sardaigne. Doria voulut qu'on s'arrêtât dans cette derniere ifle, & il l'emporta fur Renzo de Ceré, qui vou loit, felon fa deftination, continuer fa route vers la Sicile.

Le Viceroi de Sardaigne vint à la rencontre des François avec des forces très-fupérieures; il fut pourtant battu & mis en déroute: la prife de Saffary fut le fruit de cette victoire qui ne coûta aux François

qu'un Officier diftingué ; c'étoit Jacques du Bellay, frere de ce fameux 1528. du Bellay dont nous verrons les exploits dans la fuite. Mais ces fuccès qui fembloient préfager la con quête de l'ifle entiere, n'aboutirent à rien. Une extrême difette que fuivit trop rapidement une abondance meurtriere, amena une pefte qui confuma les trois quarts de cette petite armée. La méfintelligence de Doria & de Renzo s'envenimant d'ailleurs de plus en plus, fit abandonner l'entreprise de Sardaigne, & manquer celle de Sicile; les reftes de cette armée victorieufe & détruite revinrent à Gênes, où An- dré Doria refta dans une inaction'

très- fufpecte. Il laiffa cependant Guicciarde Philippin Doria, fon neveu, pren- liv. 19. dre le commandement des galeres qui devoient bloquer le port de Naples pour feconder Lautrec qui bloquoit cette place du côté de la Car. Sigon. terre. Cette flotte, comme on l'a de vit. & reb. geft. Andr. déja dit, ne fuffifoit pas pour fer- Auriæ. lib. I. mer abfolument le paffage aux vi

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