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qui nuifit beaucoup dans la fuite aux 1536. affaires du Roi. Cependant on prit encore Quiéras, on eut encore quelques petits avantages, & d'Annebaut ayant remis à Charles de Coucy Seigneur de Burie, le commandeMém. de ment de la ville de Turin libre. Du Bellay, paifible & ravitaillée, alla rendre compte au Roi du fuccès de fes tra

kv. 8.

vaux.

2

CHAPITRE VIII.

Expédition de Provence. Mort du
Dauphin François.

L'E Roi pendant ces mouvemens

Sleidan. Commentar.

du Piémont, & pendant les longues 1536. négociations dont l'Empereur l'avoit amufé, avoit toujours été à Lyon ou dans le Forez, prêt à fe mettre à la 1. 10. tête de fes armées, fi la guerre devenoit digne d'occuper fon courage. Il s'avançoit alors par degrés au-devant de l'orage qu'il voyoit groffir. La guerre n'étoit point déclarée, mais elle fe faifoit, Velly étoit rappellé, Leidekerke, renvoyé. L'Empereur feignoit pourtant toujours de négocier; quand il fut le renvoi de Leidekerke, il lui envoya un plein pouvoir pour traiter de la paix, Le Roi reconnut l'Empereur à cette démarche, & pour ne point paroître s'y refufer, il envoya auffi un plein pou-. voir à d'Humieres en Dauphiné,

1536.

Mém. de

21. A. 44.

parce que Leiderkerke étoit alors à Suze. Leidekerke tâcha d'endormir la vigilance de d'Humieres, & d'Humieres redoubla de vigilance. De Leve tenta vainement le paffage des Alpes du côté du Dauphiné, Roquefparviere brava ses fommations, Château-Dauphin repouffa fes atta

ques.

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le

Mais c'étoit du côté de la Proven. Langei. 1. 6. ce que l'Empereur avoit réfolu de faire fon irruption, il avoit toujours Belcar. 1. les yeux fixés fur une Carte des Al& de la baffe Provence, que pesMarquis de Saluces, trop voifin de fes Provinces & de fes paffages pour ne les pas bien connoître, avoit fait lever avec foin. La foule des Cour tifans fatiguoit l'Empereur d'applaudiffemens & de cris de victoire; mais on dit que ceux qui avoient plus d'ufage de la Cour, & qui favoient mieux l'art de flatter, s'oppofoient en public à l'expédition de Provence, & s'attachoient à démontrer l'impoffibilité d'un fuccès qu'ils croyoient infaillible,afin de ménager à l'Empe

reur la gloire d'avoir eu plus de lu mieres que fa Cour, que fon Confeil, & d'avoir vaincu contre l'efpérance 1536. de fes Capitaines les plus expérimen tés. Le vieil Antoine de Leve se diftingua parmi ces contradicteurs politiques. On le vit fortir de fa chaife, dont la goute lui rendoit l'usage toujours néceffaire, & comme fi le zèle eût fufpendu fes infirmités, fe jetter aux pieds de l'Empereur, le conjurer les larmes aux yeux de ne point expofer fa gloire aux hafards d'une expédition fi témeraire. Cependant on favoit, ou l'on croyoit favoir, qu'il étoit en fecret l'inftigateur le plus ardent de cette expédition, qu'il s'attendoit à être Viceroi de France, & à mêler un jour fes cendres avec celles des Rois de France à S. Denis. Au refte quel que fût le langage des divers Courtifans, la même espérance les animoit prefque tous; ils comptoient fur la fortune de l'Empereur, ils comptoient fur fes forces, ils le voyoient à la tête d'une

armée (1) qu'ils eftimoient invinci 1536. ble; les foldats ne refpiroient que le pillage, ils dévoroient dans leur cœur les plus riches provinces de France, l'Empereur leur en promettoit la conquête. « Je veux, dit-il à » ceux de fes Courtifans qui avoient » l'adroite lâcheté de le contredire, » je veux prendre mes foldats pour Juges entre vous & moi. Si les foibles périls dont nous devons ache»ter les plus immenfes conquêtes, » étonnent leur courage, je renon»ce à mon entrepife. » Il fait affembler l'armée, il la fait ranger en bataille, il parcourt tous les rangs d'un œil attentif & encourageant, il les harangue avec chaleur, il leur montre dans une perspective rfante & prochaine, la victoire & la fortune; il leur peint le malheur des provinces condamnées à être le théâtre de la guerre, il leur demande s'ils n'aiment

(1) Elle étoit compofée de vingt deux mille ATlemans, de dix mille Efpagnols, de douze mille Italiens, de deux mille cinq cens hommes d'armes de diverfes Nations.

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