vres, mais elle incommodoit la

1528. ville par des interceptions fréquentes. Le Viceroi Moncade entreprit

20. n. 3.

où de furprendre cette flotte, ou de Belcar. liv. l'attaquer à force ouverte. Il fit armer le plus fecretement qu'il put fix galeres; &, pour en impofer à fes ennemis par l'appareil d'une flotte nombreuse, il joignit à fes galeres toutes les barques de Pêcheurs qu'il put raffembler. Moncade, inftruit par fes efpions que le fervice étoit fort négligé fur la flotte de Doria, & que fouvent Mém. de les foldats en defcendoient pour alDu Bellay, ler fe promener au camp de Lautrec, efpéroit les furprendre, & croyoit marcher à un fuccès certain. Les principaux Chefs des Im périaux, les Marquis du Guaft, le Seigneur de Ris, le Vaudrei & plufieurs autres s'emprefferent de partager la gloire de cette entreprife. Mais Lautrec mieux fervi encore en efpions que le Viceroi fut tout ce qui fe préparoit; il en avertit Philippin Doria, & lui en

Jiv. 3.

voya quatre cens Arquebufiers fous
les ordres du Capitaine du Croc.
L'étalage des innombrables voiles
de la flotte Impériale, ébranla d'a
bord un peu Philippin; mais de
loin c'étoit quelque chofe, & de
près ce n'étoit rien. Cette flotte, à
mefure qu'elle approchoit, diffipoit
elle-même l'illufion qu'elle avoit fait
naître les premiers coups de ca-
non écarterent toutes ces voiles im-
puiffantes. Philippin vit qu'il n'a-
voit réellement à faire qu'à fix ga-
leres il en coula d'abord deux à
fond, il enveloppa les autres & les
força de venir à l'abordage. Ces
quatre galeres montées par l'élite
des troupes Impériales, fe défen-
dirent avec le plus grand courage;
on combattit depuis deux heures
après midi jufqu'à une heure après
minuit. On vit des compagnies Ef-
pagnoles changer jufqu'à fept fois liv.
d'Alfier ou de Porte-Enfeigne, tous
briguant avec audace l'honneur de
porter cette Enfeigne qui fembloit
promettre une mort certaine à qui,

:

1528.

Guicciard

19.

conque ofoit s'en charger; mais 1528. Philippin, redoublant par des ma noeuvres adroites la fupériorité de fes forces, triompha enfin de tou te cette résistance. De huit cens foldats embarqués fur les galeres Efpagnoles, fept cens périrent dans le combat, & la plupart de ceux qui refterent, furent bleffés. Tous les Chefs de la flotte Impériale, Afcagne Colonne fils de Fabrice & Camille Colonne, neveu du Belcar. liv. Cardinal Pompée Colonne, le Sei Mém. de gneur de Ris, un des Vaudrey, le Du Bellay, Prince de Salerne, le Marquis du Guaft lui-même furent faits prifon niers; Céfar Ferramufca ou Fiera mofca, qui avoit été pris autrefois (1) avec Profper Colonne dans Villefranche, fut fubmergé. Moncade qui n'avoit jamais montré tant de valeur que dans cette journée après avoir long-temps combattu malgré une bleffure confidérable qu'il avoit reçue au bras, mourut accablé

20. n. 9.

Jiv. 3.

(1) Voir le premier Chapitre du premier Livre

fous une grêle d'arquebufades. La fuperftition remarqua que des trois 1528. Négociateurs qui avoient traité avec le Pape, les deux qui s'étoient opposés à fa délivrance, Migliau & Moncade périrent à ce fiége de Na ples. L'Empereur perdit dans Moncade, finon un grand Général, du moins un brave foldat, un bon fujet, d'ailleurs un méchant homme: le Prince d'Orange lui fuccéda dans la Vice-royauté de Naples,

20. n. 3.

Ce terrible combat, connu fous Belcar, live le nom de Combat de Salerne, parce qu'il fe livra dans le golphe de ce nom, coûta beaucoup aux François. Des quatre cens Arquebufiers envoyés par Lautrec à Philippin Do ria, il n'en revint que foixante; mais la victoire fut entiere; on prit deux galeres aux Impériaux, deux avoient été fubmergées, les deux autres regagnerent à force de rames le port de Naples; le Prince d'Orange qui, étant resté dans la ville, pouvoit ignorer combien il avoit été néceffaire de fuir, fit pen

1528.

liv. 19.

dre le Patron d'une de ces galeres pour avoir fui. Cette févérité déplacée fit révolter l'autre galere qui vint fe rendre à Philippin Doria.

Cette victoire qui fembloit devoir entraîner la réduction de Naples, ne fit qu'accélérer la ruine Guicciard,des François. Lautrec voulut envoyer en France les importans prifonniers qu'on avoit faits; Philippin Doria eut ordre de les y conduire mais lorsqu'il fut arrivé avec eux à Gênes, André Doría qui ne pouvoit trouver une meilleure occafion, les retint, & protefta qu'il ne les rendroit que quand on l'auroit dédommagé de la rançon du Prince d'Orange; & de celle de Moncade, qu'il avoit faits prifonniers autrefois; le premier dans un combat naval; (1) vers la côte de Gênes; le fecond (2) à Varaggio fur la même côte. Le Roi avoit renvoyé Moncade libre, (3) fans ran,

de ce Livre 2,

(1) Voir le Chapitre 9,
(2) Voir le
Chapitre
(3) Voir le Chapitre Ice Livre 2.

de ce Livre 2a