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çon, mais peut-être avoit-il été généreux aux dépens de Doria, du 1528, moins Doria le prétendoit ainfi, & foutenoit, que fuivant fon Traité avec le Roi, tous les prifonniers qu'il faifoit devoient lui appartenir. Pour le Prince d'Orange, c'étoit le traité de Madrid qui lui avoit procuré la liberté, toujours aux dépens de Doria, auquel on n'avoit point payé de rançon. Doria depêcha un Gentilhomme à la Cour de France pour rendre compte de fa conduite, & pour folliciter le payement de quelques fommes qui lui étoient dûes. Quand le Confeil de François Premier apprit par ce moyen de quelle maniere hardie Doria s'étoit procuré des ôtages de fon paiement, il fut faifi d'indignation. Montmorenci qui s'éleyoit infenfiblement au comble de la faveur, & les autres Courtifans qui vouloient s'y élever comme lui ne virent dans le procédé de Doria qu'un excès d'infolence, qu'un attentat criminel; ils n'examinérent

point fi fes demandes étoient juftes, ils n'en vinrent qu'à la forme, qui en effet paroiffoit violente; on alloit prendre contre lui des réfolutions plus violentes encore: car l'autorité dépofée entre les mains de jeunes Favoris, connoît peu cet Car. Sigon, art des tempéramens, fi néceffaire geftis Andr. à la politique; l'étourderie, l'orAuria. lib. 1. geuil font fes guides & l'égarent, Belcar. liv. Un homme qui n'étoit ni Favori, 20. n. 9. ni Courtifan, mais citoyen plein de zele & de fidélité, quoiqu'ami de

de vit. & reb.

liv. 3.

art. André

Doria, du Bellay Langei, fut des Mém. de premiers (par les efpions qu'il enDu Bellaytretenoit par-tout avec beaucoup de Brantome. foin & d'intelligence) que fon ami Capit.étrang Doria tendoit à la défection; que Doria. le Marquis du Guaft, auffi utile à fon Maître dans la prifon qu'à la tête des armées, négocioit fortement auprès de ce Général pour l'attirer au parti de l'Empereur, qu'il aigriffoit le reffentiment de Doria, qui lui exagéroit fes injures, qu'il levoit tous fes fcrupules & que Doria n'attendoit peut-être pour lever

l'étendart

Pétendard de la rébellion, qu'une réponse peu favorable de France. 15289 Il avertit Lautrec de ce qui fe paffoit, & fe fit envoyer à la Cour pour concilier, s'il fe pouvoit, cette affaire plus importante qu'on ne paroiffoit le croire. Avant de paffer en France, il alla voir Doria dans Gênes pour arracher à fon amitié la confidence de fes chagrins & de fes projets. Doria lui ouvrit fon cœur, lui fit fes plaintes, le chargea de fes propofitions: Langei partit pour aller plaider à la Cour la caufe de Doria & des Gênois, avec tout le zele d'un ami, & tout le respect d'un fujet. Il tâcha de faire prendre à cette Cour trop fiere & trop prompte, des idées plus exactes de l'importance de Doria; il montra le befoin qu'on avoit de fes fervices, furtout dans la conjoncture du fiége de Naples, où Doria pouvoit décider du fuccès par l'ufage qu'il feroit de fes galeres, il repréfenta que la défection de ce Général entraîneroit celle de l'Etat Tome IV.

C

de Gênes; il voulut faire juger de 1528. la néceffité de conferver Doria, par les mouvemens que fe donnoit du Guaft pour le féduire ; mais c'étoit parler une langue étrangere dans un pays où un fujet, quel qu'il fût, n'étoit toujours qu'un fujet, & où les talens paroiffoient bien moins néceffaires que l'obéiffance. Ce n'étoient pas feulement les jeunesCourtifans qui penfoient ainfi, le Chancelier Duprat, que fon expérience & fes lumieres rendoient l'oracle du Confeil, ne vouloit jamais que l'autorité reculât ni fléchît, fyftême, Mém. de dangereux, & qui deviendroit inuDu Bellay, tile, fi l'autorité favoit mieux l'art de fléchir avec grandeur.

liv. 3.

de vit. & reb.

Car. Sigon. Il fut décidé que Doria feroit dégere pofé du commandement, que fa Aur. lib. 1. Charge d'Amiral du Levant, ou de Général des galeres, feroit donnée à Barbéfieux, qui iroit prendre poffeffion non-feulement des galeres Françoises, mais encore des galeres Gênoifes, & qui après s'être affuré d'André Doria, l'envoyeroit

en France recevoir le châtiment de fon infolence & de fa félonie. (1) 152&q Ce dernier ordre étoit plus aifé à donner dans le Confeil du Roi qu'à exécuter à Gênes. Il devoit être fecret, mais il ne put, l'être affez pour échapper à Doria, qui avoit tant d'intérêt de le fcavoir; il en fut inftruit par les amis qu'il avoit à la Cour, fans que l'Hiftoire répande à cet égard le moindre foupçon fur Langei. Lorfque Barbéfieux fut arrivé à Gênes, fon premier foin fut d'aller rendre vifite à Doria qui l'attendoit für fes galeres. Tandis que Barbéfieux préparoit en bégayant les difcours dont il vouloit l'éblouir, Doria lui dit; je fais ce ce qui vous amene; & lui montrant d'un côté les galeres de France, de

(1) Sur un bruit qui courut dans la fuite que Doria venoit infulter les côtes de Provence, Montmorenci écrivoit: Je voudrois qu'il y fût déja n pour le pouvoir faire pendre & étrangler.

Dans une autre lettre il parle de le faire cha tier comme tels paillards le méritent.

Dans une autre, il l'appelle le bon Gênois, qui eft en danger de faire comme S. Denys

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