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l'autre celles de Gênes: Voici, ajou 1528. ta-t'il, les galeres de votre Maître que je vous remets, voici celles de ma République que je conferve, accomplissez le refte de votre ordre, fi vous l'ofez. On juge bien que ce refte de l'ordre ne fut pas accompli; mais les prédictions de Langei ne le furent que trop. Le Marquis du Guaft profitant des fautes de la Cour de France, & redoublant fes efforts auprès de Doria, l'amena enfin à traiter avec l'Empereur.

'Guicciard. Ev. 19.

Belcar. liv.

Si cette défection peut avilir Doria aux yeux de l'auftere honneur, la gloire qu'il eut de faire fervir cette défection même à la liberté de fa patrie, femble devoir l'illuftrer, à jamais. Gênes fut déclarée libre fous la protection de l'Empereur, Savone fut rendue aux Gênois; Doria s'engagea à commander douze galeres pour le fervice de l'Empereur, qui lui affigna foixante mille ducats d'appointemens.

On peut induire du récit de Mar29, n. 10. tin du Bellay, que Doria ne reftitua

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1) point les galeres du Roi, comme il l'avoit promis, mais qu'il les 1528, fit paffer avec les fiennes au fervice de l'Empereur, procédé qui paroît ne recevoir point d'excufe.

Mém. liv. 3.

Guicciard.

Au refte il se présente ici une fingularité affez remarquable; les Au- Du Bellay teurs François accufent de la défec- Mézerai, tion d'André Doria, la hauteur & abrég. chronolog. la précipitation du Confeil de France; au contraire, l'Italien Guichar- liv. 19. din juftifie la Cour de France, & rend la conduite du Général Gênois très-blâmable. Selon cet Hiftorien Doria, moins par amour de la patrie que pour les interêts de fa propre grandeur, préparoit depuis. long-temps la révolution de Gênes, & traitoit fecrétement avec l'Empe reur. Lorfque les premieres traces de fon mécontentement furent apperçues, François Premier, touché de fes plaintes, lui offrit le payement de tous fes appointemens, la rançon

(1) Beaucaire le dit formellement. Belcar. liv. 20

A. IO.

de tous fes prifonniers, même celle 528. du Prince d'Orange; il fit plus, il lui laiffa le choix ou de garder les prifonniers du combat de Salerne ou, d'en recevoir la rançon; enfin il voulut le fatisfaire fur l'article de Savone mais plus il faifoit d'avances à Doria,plus celui-ci reculoit, & redoubloit d'infolence & de dureté. Il traita enfin publiquement avec l'Empereur, & du moins il ceffa d'êGuicciard, tre perfide; car Guichardin foutient

liv. 19.

que depuis long-temps il trahisfoit Francois Premier; que fa flotte eût fuffi pour bloquer entiérement le port & affamer Naples, mais que lui. même avoit plufieurs fois ouvert le paffage aux vivres, & que Philippin Doria en avoit fouvent fait porter par fes brigantins.

Mém. de

Du Bellay

liv. 3.

... Il refte à décider fi le fuffrage d'un Italien, lorfqu'il eft favorable à la France, doit l'emporter fur le témoi gnage des François, lorfqu'il lui eft

contraire.

Dans notre premier récit nous avons fuiviles Hiftoriens François,

nommément du Bellay, frere de Langei, & parmi les étrangers celui de Sigonius qui paroît avoir approfondi cette affaire.

1528.

Doria, devenu l'ennemi déclaré Belcar. liv des François, commença par ravi. 20, n. 8. tailler Naples, qui n'avoit befoin que de vivres pour réfifter. Ces fecours firent trainer le fiege en longueur, les François fe virent attaqués par le plus redoutable de tous les ennemis, la pefte. On prétend qu'elle y fut portée par des ballots de hardes infectées, que les affiégés, au mépris du droit des gens, firent paffer dans le camp des François. Ce fléau emporta une grande partie de l'armée, & s'étendit jufqu'aux plus précieuses têtes. Vau- Belcar. liv. demont en mourut. Lautrec lui-même en fut atteint. Les affiégés reprenant courage, tiennent à leur tour les François comme affiégés dans leur camp; ils leur enlevent tous leurs convois; bientôt la famine fe joignit à la pefte; les défertions, fuites de ces calamités, devin

20. n. 12, 13.

rent tous les jours plus fréquentes; 1528. les reftes languiffans de cette armée long-temps triomphante, refferrés alors dans leurs retranchemens, bornoient tous leurs efforts & toute leur efpérance à s'y défendre.

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Lautrec, au milieu du mal qui le confumoit, déployoit cette grande ame que la profpérité pouvoit quelquefois enfler de trop d'orgueil, mais que l'adverfité ne pouvoit abattre, & qui fe relevoit toujours plus forte & plus hardie au fein du malheur. On le voyoit fans ceffe courir dans le camp, vifiter les malades, les confoler, les fecourir, les raffurer, promettre àl'armée découragée des renforts qu'il follicitoit avec ardeur à la Cour, montrer aux foldats fatigués la fin prochaine de leurs maux. Sa vigilance embraffoit tout, il faifoit garder les paffages avec le plus grand foin, pour empêcher les défertions; les convois, appuyés de puiffantes escortes, parvenoient quelquefois jufqu'au camp, ou du moins n'étoient pas enlevés fans combat ; la garde fe

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