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20. n. 12.

laquelle il gouverna ce Duché, l'o 528. piniâtreté aveugle avec laquelle il Belcar. liv. fuivit fes projets fans les communiquer, fans confulter l'expérience des vieux Chefs, la préfomption qui préfida fouvent à fes démarches, qui fembla prendre plaifir à appeller le danger, à le laiffer parvenir au comble pour le diffiper tout-à-coup par un trait de génie; qui rejetta la vic toire quand elle s'offroit, pour la rappeller enfuite malgré elle; les pertes, les défaites qu'entraîna cette conduite équivoque, ont obfcurci fa gloire, l'ont fait confondre dans la foule des Capitaines du fecond ordre, ont empêché qu'on ne luitînt compte de tout ce qu'il avoit fait à la journée de la Bicoque & de ce qu'il fouffrit devant Naples. (1)

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(1) Beaucaire dit qu'il eut comme Demetrius I, Roi de Macédoine, le furnom de Polior-1 cetes ou Preneur de villes. Beaucaire ne fe trompe t'il pås? Ce furnom paroît convenir bien mieux au fameux Pierre de Navarre, qui mourut peu de tems après.

1528. Guicciar.

liv. 19.

Belcar. liv.

On perdit tout en le perdant; le Marquis de Saluces, qui prit le commandement de l'armée, n'avoit pas les mêmes reffources dans l'efprit, d'ailleurs il étoit malade, le peu qui 20. n. 13. reftoit de troupes étoit découragé; André Doria étoit à Gaëte avec douze galeres. Les ennemis, enhardis par la mort de Lautrec, fembloient vouloir attaquer le camp qu'ils avoient toujours refpecté pendant fa vie ; ils venoient de furprendre Nole, Sarno, Capoue; il étoit à craindre que les François ne fe trouvaffent preffés entre ces Places, celle de Naples & la mer. Dans ces malheureufes conjonctures, le Marquis de Saluces ne put fe refufer aux inftances de cette armée détruite qui demandoit la retraite on la fit pendant la nuit, & d'abord en affez bon ordre ; mais enfuite les ennemis en ayant été avertis, vinrent la troubler, ils défirent l'arriere-garde, & pénétrant jusqu'au corps de bataille Mém. de que commandoit Pierre de Navarre, liv. 3. ils firent celui-ci prisonnier ; on le

,

Id. Ibid.

Du Bellay

conduifit à Naples, il étoit malade, 1528. il mourut peu de temps après. On a écrit qu'il fut étouffé entre deux matelas par ordre de l'Empereur, en punition de ce qu'il s'étoit attaché au fervice de la France. Cependant lorfque le même Pierre de Navarre avoit été pris à Gênes par les mêmes Impériaux, quelque temps auparavant, il avoit été traité comme un prifonnier ordinaire, il avoit été délivré moyennant une rançon, & l'on n'avoit point exigé qu'il quit tât le fervice de France. Quelle rage foudaine auroit donc pû engager P'Empereur à faire affaffiner lâchement un vieillard qui n'étoit plus à craindre, & qui ne l'avoit point offenfé? Car c'étoit fous Ferdinand le Catholique que Pierre de Navarre avoit quitté le service d'Espagne pour celui de France, parce qu'après la bataille de Ravenne, où il avoit été pris par les François, la Cour d'Espagne avoit refufé de payer fa rançon. D'ailleurs ces défections étoient trop communes alors

pour être punies, & fi l'on eût vouIn les réprimer par la terreur, Pierre de Navarre eût été livré publiquement au fupplice, & non pas étouffé avec un fecret qui laiffe au moins la liberté de douter de ce fait étrange.

1528.

Paul. Jov in élog.

Brantome.

pit. étrang.

Ce fut encore un excellent Capitaine que la France perdit. Sa longue expérience, l'art des Mines Vies des Caqu'il inventa, ou du moins qu'il exerça le premier en Europe avec un fuccès marqué, tant de fieges qu'il conduifit tant de malheurs qu'il éprouva, fur-tout celui d'être pris jufqu'à trois fois, l'ont diftingué parmi les Capitaines de fon temps. Confalve Ferdinand de Cordoue, ce généreux ami des Héros malheureux, rendit à fa mémoire les mêmes honneurs qu'à celle de Lautrec ce qui ajoute encore aux raifons de douter que Pierre de Navarre foit mort victime de l'injufte vengeance de l'Empereur. (1)

(1) Confalve Ferdinand de Cordoue, fit enter

Quel qu'ait été fon fort, il n'ef1528. fraya point le Prince de Melphe Jean-Baptifte Caraccioli, qui venoit de fe livrer à la France pour le même fujet que Pierre de Navarre, c'està-dire, parce qu'ayant été pris par les François, l'Empereur l'avoit ou

20. n. 13.

blié dans les fers.

L'armée Françoife s'étoit retirée Belcar. liv. à Averfe, les Impériaux en firent Mém. de auffi-tôt le fiege; le Marquis de SaDu Bellay, luces y ayant eu un genouil caffé d'un éclat de pierre, fe détermina un Guicciard. peu trop promptement à une capitulation, par laquelle il remit au Prince d'Orange la ville & le château

liv. 3.

liv. 19.

Lau

&

rer Pierre de Navarre avec honneur, ainsi que
trec, dans l'Eglife de Sainte Marie la Neuve,
il fit mettre fur fon tombeau une infcription où
il dit que la prérogative de la vertu eft de fe faire
admirer même dans un ennemi. Voici cette inf
cription Offibus & memoria Petri Navarri
"Cantabri, folerti in expugnandis urbibus arte
» clariffimi, Confalvus Ferdinandus Ludovici
filius, magni Confalvi Sueffiæ Principis népos,
ducem Gallorum partes fecutum, pro fepulchri
munere honeftavit. Hoc in fe habet virtus
vel in hofte fit admirabilis.

ut

(1) Il fut fait Maréchal de France le 4 Décembre, 1544, à la place du Maréchal de Montpefat.

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