Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Les Iflandois ne divifent pas le jour & la nuit par heures, mais par un espace de temps plus confidérable; de forte qu'ils réduisent les vingtquatre heures en huit demi-quarts, dont voici les noms I, otta, répond à trois heures du matin; 2, midur - morgon, ou herdis-rifmal, à cinq heures; 3, dagmal, à fept heures & demie; 4, haadeye, à onze heures; 5, nonn, à trois heures de l'après-midi; 6, midur-afton, à fix heures; 7, nattmal, à huit heures; 8, midnatt, à minuit.

Lorsqu'ils veulent favoir l'heure, ils obfervent le foleil, les étoiles & la marée; mais communément ils calculent le cours du temps fur leurs doigts, d'après une certaine règle (a).

Rarement trouve-t-on des horloges chez eux, mais les paysans ont prefque tous des fabliers qui indiquent le temps.

écrit Skaemdings, ou Skaemtemonad, (mois de careffes, de badinage); mais c'est une erreur. Skamdeigifmonad, veut dire un mois dont les jours font très-courts. Skam fignifie court. Voyez Glot. Svio-Got. d'Iare.

(a) Ils comptent d'après le Datcylifmus Ecclefiaf ticus de l'Evêque Jon Arnefon. Ce font des rimes imprimées à Copenhague, 1738, in-8°.

LETTRE

LETTRE I X. *

AU MÊME,

SUR la pêche, fur l'oifellerie, & sur l'éducation des beftiaux en Islande. LES Islandois qui habitent les bords de la

mer, ne s'occupent prefque que de la pêche. Ceux mêmes qui font plus éloignés de la mer dans l'intérieur du pays, fe rendent fur les côtes dans de certaines faifons & pour le même objet.

Tout père de famille a un habit de pêche, & il eft obligé d'en fournir un à fon domestique le fuivre en mer. Cet habit eft commupour nément de peau de mouton ou de veau. Dans la préparation, cette peau doit être bien graiffée d'huile de baleine.

Voici l'état d'un habillement de pêche complet: le leiftabraakur eft un pantalon qui monte très-haut, & qui eft fortement lacé au deffus

(*) Cette Lettre eft la douzième dans l'original, & elle eft datée de Stockholm, le 3 octobre 1774. G

des hanches; stackur, une veste un peu ample, bien fermée autour du col & de la ceinture; taatiller, des bas d'une laine groffière, fortement foulés jufqu'à la confiftance d'une peau; sjoeskor, des fouliers de mer d'un cuir épais.

Les bateaux en général font petits; ceux qui fervent pour la pêche près du rivage, ne contiennent que quatre perfonnes tout au plus. Les plus forts en portent de dix à feize: ils font pourvus de voiles & s'écartent jufqu'à huit lieues

de terre.

Il y a toujours fur ces bateaux un chef que les Iflandois appellent Formann : c'est lui qui eft au gouvernail; les autres, appelés Haafeter, lui obéiffent. C'eft encore lui qui affemble l'équipage & fixe le temps de fe rendre au bateau. Chacun doit y venir pourvu de couteaux, de lignes à pêche, d'hameçons, & d'autres uftenfiles néceffaires. Ces pêcheurs fe fervent pour amorce, indistinctement de coquillage, de poisfons, de viande de quadrupèdes & d'oiseaux.

Dès que le bateau quitte la côte, tout l'équipage se découvre pour faire une prière & chanter une hymne, (Warar-faungur) dans laquelle il fe recommande à la protection divine, & lui demande le fuccès de la pêche. Après cet afte de dévotion, on gagne le large.

Quand on eft arrivé à l'endroit où l'on compte trouver le plus de poiffon, deux hommes, la rame à la main, prennent garde que le bateau ne fe déplace, ou qu'il ne foit entraîné par les courans & par le vent; ils s'occupent auffi d'empêcher les lignes & les filets de s'entremêler. La pêche continue de cette manière toute la journée. Si la capture eft fi abondante que les poiffons ne puiffent pas être contenus dans le bateau, on coupe les têtes de ceux qui font pris, & on les jette à la mer, ainfi que les entrailles. Cet expédient, outre la facilité qu'il procure aux pêcheurs de s'en retourner chez eux avec une plus abondante pêche, amaffe autour du bateau beaucoup d'infectes, qui attirent un grand nombre de poiffons.

été

De retour à la côte, la pêche eft portée à terre pour être partagée. On en fait plufieurs lots égaux, un defquels appartient au propriétaire du bateau, quand même il n'auroit pas préfent à la pêche; ce lot eft appelé skiplegia: un autre revient à celui qui a tenu le gouvernail: le troisième à celui qui a dirigé les voiles; le refte eft diftribué par portions égales. Cette divifion n'a cependant lieu que pour les petits poiffons. Si quelqu'un parmi ces pêcheurs a le bonheur de prendre à lui feul un turbot, ou

un autre poisson de conféquence, il est coupé en plufieurs parties, & celui qui l'a pris a pour fa partl es trois meilleurs morceaux.

Les parts faites, on coupe les têtes des poiffons & on les cure. Cela fe fait en ouvrant l'eftomac, & en ôtant la grande arête depuis la tête jufqu'à la troisième jointure au deffous du nombril. Si les apparences font espérer qu'il fera beau le lendemain pour fécher le poiffon, on les applique l'un fur l'autre par le côté charnu; mais fi l'on craint qu'il ne faffe mauvais, on met les morceaux coupés en tas, de manière que le côté de l'écaille ou de la peau, dans chacun, foit le deffus ; ce que les Islandois appellent laggaikafe. Si les poiffons reftent trop long-temps en tas ou en couche, ils fe gâtent, & se vendent alors à un très-bas prix, fous le nom de kafadfisk. Le lendemain, fi le temps est beau, les pièces de poiffons font étalées féparément fur des pierres ou fur le rivage, où les femmes les tournent fouvent jufqu'à ce qu'elles foient sèches; quelquefois le féchement dure une quinzaine de jours & au-delà. Le poiffon préparé de cette manière, s'appelle flatfiskur.

Il y a des endroits où, au lieu de fécher le poisson en l'étalant fur des pierres ou du sable,

« AnteriorContinuar »