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demi

paffez: & il faut à préfent plus d'habileté pour manier l'efprit d'un homme, qu'il n'en falloit autrefois pour gouverner un peuple entier.

V

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Oilà les deux fondemens de la gloire attachée aux qualitez éminentes: l'un fans l'autre ne LeTex- fait qu'un demi-merite.... Cẹ te dit un n'est affez pas que le bon fens ; on veut encore le genie.. fe méprendre dans le choix de l'état, de l'emploi, de la demeure, des amis, c'eft le fort trifte des mal-habiles.

bonheur.

MAXIM E III.

gens

Se conduire d'une maniere à tenir les hommes en fufpens.

A fuprife que la nouveauté caufe eft la mesure de l'eftime

LA

qu'on fait des fuccès.. Il n'y auroit ni profit ni plaifir de jouer à jeu découvért. Ne point déclarer d'abord fes deffeins, c'eft tenir les hommes en fufpens; furtout dans un rang élevé, où l'on eft l'objet de l'attente publique ; ce procédé fait foupçonner qu'il y a du myftere en tout ; & le myftere attire la veneration. Lors même qu'on s'explique, il faut fe garder bien de le faire en termes trop clairs ainfi que dans le commerce ordinaire de la vie; on ne doit point ouvrir fon cœur à tout le monde. Le filence concerté est le fanctuaire de la fageffe. Une réfolution déclarée expofe à la Critique, bien loin d'acquerir jamais de l'eftime: & fi elle vient à échouer, on eft doublement malheureux. Que l'on imite donc la conduite du Seigneur, lequel nous tient toûjours en fufpens & en attention.

MAXIME IV.

L'habileté la valeur.

C

Es deux qualités contribuent mutuellement à faire le grand homme elles l'immortalifent; parce qu'elles font immortelles. On n'eft grand qu'autant que l'on fçait; & tout devient poffible à un homme habile. L'homme fans connoiffances c'eft le monde dans les tenebres: la capacité eft fa lumiere, & com→ me fes yeux; la valeur eft fa force & comme fes bras. Sans la va leur, l'habileté refte fterile.

MAXIME

V.

Retenir toujours les gens dans la dépendance.

C

E n'eft point le ftatuaire qui fait les dieux; c'eft celui qui les prie. Un homme fin

aime mieux qu'on ait besoin de lui, que de recevoir des remercimens. Compter fur la reconnoiffance d'ames viles, c'est se fruftrer des affiduités qu'attire l'efperance: l'objet de l'efperance eft toûjours préfent, & celui de la reconnoiffance fe perd bientôt de vûe; ainfil'on gagne bien davantage avec l'une qu'avec l'autre.Apei. ne s'eft-on défalteré qu'on tourne le dos à la fontaine : à peine a-t'on preffé l'orange qu'on la jette. Dès que la dépendance ne fubfifte plus, la relation & avec elle la confideration ceffe. C'eft un principe dans l'usage très-important d'entretenir, & de ne remplir jamais le befoin que l'on a de nous; & cela, même à l'égard du fouverain: ce principe néanmoins ne doit pas aller jufqu'à nous taire pour laiffer faire une fauffe dé marche; & à rendre le mal d'autrui incurable pour notre propre

avantage.

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L'homme au point de fa perfection.

N ne naît pas un homme fait on va fe perfectionnant chaque jour dans fa perfonne, ainfi que dans fa profeffion; jufqu'à ce que l'on parvienne au point d'être tout-fait pour le corps, & accompli pour les qualités éminentes de l'efprit. L'homme au point de fa perfection fe reconnoît à ces traits; à la maturité du jugement, à la Nobleffe du goût, à la jufteffe de l'efprit, à la folidité d'un cocur libre de la bagatelle. Quelques-uns n'en viennent jamais là ; il leur manque toûjours quelque chofe pour y arriver: d'autres font lents à y parvenir.... L'homme devenu parfait, judicieux dans fes difcours,facile dans fes manieres, eft admis au commerce familier des Sages, & en eft même recherché.

O mit

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