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conforme à notre maniere d'annoncer un livre, il eft de la façon de Laftanosa, comme le font ceux des Maximes mêmes: & c'eft Gracien & non fon Editeur que nous devons fuivre, d'autant plus que celui-ci fubtilife fouvent dans fes Titres, lefquels alors répondent mal aux fujets que traite l'Auteur. Il est vrai que le travail de l'Editeur eft loué par un Ecrivain Efpagnol, qui le nomme: Ingeniofo Alito de Don Vincencio Juan de Laftanofa. Mais cet éloge ne change point la nature de la chofe; & nous nous en tenons à l'efprit même de Gracien. Ce font ici fes Maximes en général, ainfi que nous

appellons les Réflexions de la Rochefoucault, les Penfées de Pafcal, les Caracteres de la Bruyere, &c.

Mais pourquoi donner une nouvelle traduction de cet

Ouvrage, vû que l'on r'imprime fans ceffe l'Homme de Cour; que la plûpart font accoutumez à s'en contenter, & qu'enfin la traduction d'Amelot n'eft pas affez ancienne pour devoir être furannée ? Je ne diffimule pas, comme on voit, les motifs qui pouvoient m'ôter jufqu'à la pensée de retraduire les Maximes. Cependant depuis plus de quinze ans que j'ai commencé d'étudier Gracien, j'ai lû tant de fois

A j

Homme de Cour, fans jamais le bien entendre; je l'ai tant de fois comparé avec l'Original, qu'il ne m'a pas paru impoffible de le rendre plus clair que n'a fait M. Amelot. Outre les obfcurités affreuses de mon prédeceffeur, j'ai trouvé dans lui des contrefens étranges & des omiffions confiderables. En un mot, plus j'ai compris le caractere de mon Auteur par les lectures frequentes & meditées que j'en ai faites, & par les traductions que j'en ai données pour m'essayer fur celleci, moins je l'ai reconnu dans l'Homme de Cour. M. Amelot entreprenoit trop d'Ouvrages à la fois, & les travailloit

trop peu pour bien réüssir à un Auteur tel qu'eft Gracien, qui penfe profondément; qui s'énonce d'une maniere myfterieufe & concife ; qui demande en mille rencontres dans fon Traducteur une expression unique, tantôt forte, tantôt délicate, tantôt figurée, tantôt naturelle; fans quoi l'on s'égare, on se contredit, & l'on embarasse un Lecteur qui cherche du fens où il n'y en a point, & qui prend enfin le parti d'entendre ce qui n'est pas intelligible.

Voici les fources des obfcurités de l'Homme de Cour. Io. Rendre mal les titres

des Maximes, lorfque ces

titres, quoyqu'ils foient de Laftanofa, réprefentent bien le fujet dont parle Gracien. Quelques exemples de ceci. (A) Avoir du fang aux ongles: Tener brio à locuerdo : Avoir de la fermeté à propos (A) ne point s'ouvrir & ne point fe déclarer: L levar fus cofas con fufpenfion: fe conduire d'une maniere à tenir les efprits en fufpens. (A) Sçavoir fe modérer dans la bonne fortune: Saberfe dexar ganando con la fortuna: Sçavoir fe retirer fur fes avantages avec la fortune. (A) N'être point répréhenfif: No fer acriminandor. Ne trouver pas du crime où il n'y en a point.(A) L'homme d'Oftentation: Hom

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