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5, foit. S'il dit un mot, c'est ,,pour amuser l'attention de fes rivaux, & dès qu'elle eft occupée à ce qu'ils penfent, ils exécutent auffi-tôt ,, ce qu'ils ne penfoient pas. Celui donc qui veut fe garder d'être tompé, prévient la rufe de fon compagnon ,, par de bonnes réflexions. Il entend toûjours le contraire de ce qu'on veut qu'il ,, entende, & par - là il dé,, couvre incontinent la fein,, te. Il laiffe paffer le premier », coup, pour attendre de pié ferme le fecond. Et puis ,, quand fon artifice eft con,, nu, il rafine fa diffimula,, tion, en se servant de la ve

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rité même pour tromper. Il change de jeu & de batterie pour changer de rufe. Son artifice eft de n'en avoir plus, & toute sa fineffe eft de paffer de la diffimulation précédente à la candeur. Celui qui l'obferve, & qui a de la pénétration, connoiffant l'adreffe de fon rival fe tient fur fes gardes, & décou vre les ténébres revêtues de la lumiere. Il déchiffre un ,, procedé d'autant plus ca,, ché qué tout y eft fincere.Et c'est ainfi que la fineffe de ,, Pithon combat contre la candeur d'Apollon.

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Je maintiens que tout hom

intelligent & vrai doit avouer qu'il ne fçauroit se former une idée claire & pratique de cette Maxime. Il s'en faut bien qu'elle foit aisée à concevoir dans Gracien, où l'on ne voit pour les deux Nominatifs pour les deux acteurs oppofez que la malicia, la fimulacion, la deftreza, la candidez, d'une part; & de l'autre part, la penetrante inteligencia, la obfervacion, &c. Mais le traducteur a fort encheri fur cette obfcurité extrême, en mêlant le fens propre au sens figuré, en paraphrasant le texte à fa façon, & furtout en ajoûtant à cette efpece de petite fcéne, des Perfonnages que l'O

riginal n'y a point mis. Il ne s'y agit que de deux rivaux, que de deux concurrens, qui fe foupçonnent réciproquement de viser au même but, qui veulent fe tirer fur cela leur fecret, & qui jouent au plus fin, comme dit le proverbe, pour fe fupplanter. Ce fait arrive tous les jours; mais il est question d'en rendre intelligible & nette l'expofition; toute embrouillée qu'elle eft dans Gracien.

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Fineffe Franchife.

La vie du monde eft une forte de combat foûterrain, où l'on doit fans ceffe être

Traduc tion nou

velle.

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,, en garde contre la surprise des ftratagêmes. De deux „, concurrens, l'un emploie d'abord toute fa dexterité, » pour couvrir fa vraie in,, tention, & ne s'en tient jamais au parti qu'il semble », vouloir prendre. Afin d'amufer & de tromper fon competiteur, il infinue quelque projet en l'air, & ,, laiffe échapper quelques paroles qui font en apparence les expreffions de fa penfée. L'autre qui a l'efprit ,, encore plus délié pénetre la feinte, & fent que le contraire de ce qu'on lui in dique eft justement ce que ,, l'on a en vue de faire. Ce

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