DE BALTAZAR GRACIEN, TRADUITES DE L'ESPAGNOL, AVEC LES REPONSES aux Critiques de l'Homme universel A PARIS; Augustins , à S. Athanale. M D CC X X X. PREFACE ’Editeur de Gracien in titule ce troisiéme Ouvrage, dont j'offre au Public la traduction : Oracle Manuel & Art de prudence ,tiré des Maximes répandues dans les Oeuvres de Gracien. M. Amelot de la Houssaye a rendu ce même titre de Don Laftanosa par celui de l'Homme de Cour. En verité il n'étoit point permis d'attribuer aux seuls gens de Cour l'usage d'un livre utile en général à tous ceux qui ont assez d'intelligence pour en profiter, de quelque con dition qu'ils soient. D'ailleurs un Homme de Cour n'est pas en bon François un fort honnête-homme: & ceux qui sçavent notre langue ne prétendent pas faire un éloge, quand ils disent de quelqu'un: C'est un homme de Cour. » Un homme de Cour est un hom-»me adroit , souple ; mais » faux & artificieux; un hom» me qui contraint son hu» meur, qui dément ses paf sions , qui agit & parle con» tre ses sentimens : ainsi le définissent S. Evremont, le P. Bouhours, la Bruyere, &c. Or Gracien bien éloigné de fervir le vice , n'a pour but que de porter à la vertu ; mais à la vertu éclairée & prus dente , qui ne soit point la duppe de l'imposture, ni de la surprise. Mais quand par un abus de termes depuis long-tems établis, on confondroit l'homme de Cour avec un homme de la Cour, on ne le trouveroit pas dans le titre de Gracien , plutôt que l'honime de Guerre en particulier, ou l'homme de Robbe , ou l'homme d'Affaires, ou l'homme d'Eglise , &c. Car la Prudence n'est-elle pas également necessaire dans ces divers Etats? |