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France, cherchoit à y connoître les Savans qui avoient le plus de réputation, & demanda à qui il devoit s'adreffer pour s'inftruire de l'Ancienne Hiftoire de France. On lui indiqua M. Ducange, il va le trouver & lui apprend le fujet de fa vifite. M. Ducange qui difoit que pour faire des ouvrages tels que les fiens, il ne falloit que des yeux & des doigts, répondit à cet étranger: La matiere fur laquelle vous venez me confulter n'a jamais fait l'objet de mes études. Je n'en fai que ce que j'ai retenu en lifant les ouvrages dont j'avois befoin pour compofer mon Dictionnaire de la Baffe Latinité. Pour trouver ce que vous cherchez, allez voir Dom Mabillon. L'étranger croit ce qu'on lui dit, & va chez le Savant Benedictin, qui lui dit: On vous a trompé quand on vous a adreffé à moi; cette matiere n'a point été celle de mes études, je n'en fai que ce que j'en ai appris en lifant les ouvrages dont j'avois befoin pour compofer l'Hiftoire de mon Ordre. Pour

trouver un homme capable de vous fa→ tisfaire, allez trouver M. Ducange. C'est lui-même qui m'envoye à vous, répliqua l'étranger. Il eft mon maître, pourfuivit Dom Mabillon, cependant fi vous m'honorez de vos vifites, je vous communiquerai le peu que je fai.

III.

MONSIEUR Ducange étoit un parfaitement honnête homme. Il quittoit librement & à toute heure fes livres pour recevoir fes amis. C'eft pour mon plaifir, difoit-il, que j'étudie, & non pour faire peine à perfonne.

RAIMOND POISSON,

P

mort en 1690.

I.

OISSON, dit Furetiere, étoit bien venu par-tout; M. de Colbert avoit tenu un de ses enfans fur

les Fonts Baptifmaux, ce qui lui avoit donné entrée chez ce Miniftre. Il y fut

un jour pour lui présenter des vers. Le Miniftre rebuté de pareilles pieces, les refufa,& ajoûta: Vous n'êtes faits, vous autres, que pour nous incommoder de la fumée de votre encens. Monfeigneur, dit Poiffon ; je vous afsûre que celui-ci ne vous montera pas à la tête. M. de Maulevrier & toute la Compagnie, impatiens de voir les vers de Poiffon, prierent inftamment M. de Colbert de les lui laiffer dire, ce qu'il permit, à condition qu'il n'y auroit point de loüanges. Poiffon commença ainfi.

Ce grand Miniftre de la Paix,
Colbert que la France reverė,
Dont le nom ne mourra jamais.. ́•

Poiffon, dit M. Colbert, vous ne me tenez pas parole, ainfi finiffez: la Compagnie infifta, & Poiffon le pria de fi bonne grace, qu'il permit d'a chever.

Eh bien, Tenez c'eft mon compere:
Fier d'un honneur & peu commun

On eft furpris fi je m'étonne,

Que de deux mille emplois qu'il donne
Mon fils n'en puiffe obtenir un.

Monfieur de Colbert accorda fur le champ à Poiffon, pour fon fils, un emploi de Contrôleur général des Aides.

II.

COMME Poiffon ne faifoit que des pieces en un acte, il s'appelloit un cinquieme d'Auteur.

III.

UN jour que j'étois au Palais, dit Poiffon, un honnête homme voulut donner trois fous du Baron de la Craffe; & le Libraire en me montrant, lui dit: Tenez, voilà l'Auteur, qui fait bien que je ne le puis donner à moins de cinq, la relieure m'en coûte deux. Dès-auffitôt cet homme, quoique mal vétu, ne manqua ni de civilité, ni d'efprit: il m'aborda, me traita d'illuftre & d'admirable, me dit qu'il avoit mille fois remarqué dans

mes ouvrages le plus beau génie du monde : enfin il m'accabla de tant de louanges, que je ne pus m'empêcher de lui faire préfent de la piece qu'il

avoit voulu acheter.

RENÉ LE PAYS; né en Bretagne l'an 1636, mort en 1690.

L

I.

E Pays eut une aventure affez finguliere, dans un voyage qu'il fit en Languedoc. Le Prince de Conti qui vivoit le plus ordinairement dans cette Province, s'écarta un jour de fon équipage de chaffe, vint à l'Hotellerie où étoit le Pays, & demanda à l'Hôte s'il n'y avoit perfonne chez lui. On lui répondit, qu'il y avoit un galant homme qui faifoit cuire une poularde dans fa chambre pour fon dîner. Le Prince qui aimoit à s'amufer y monta, & trouva le Pays appliqué

parcourir fes papiers: il s'approcha

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