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portées à l'excès, & jufqu'à exciter entre les plus grandes villes, qui se disputoient la prééminence, des troubles & des divisions, qui animoient les habitants 'des unes contre les habitants des autres & caufoient fouvent une vraie guerre entre eux. Les villes d'un ordre inférieur, à leur exemple, prenoient auffi des titres honorifiques & faftueux, qu'elles faifoient graver fur leurs monnoies. Il n'est pas étonnant qu'elles en aient usé de la forte dans les temps où elles étoient libres, & où elles formoient chacune une espece de République ; mais fous les Empereurs Romains, elles ne pouvoient prendre quelques-uns de ces titres fans leur permiffion, ou fans celle du Sénat de Rome. Tels étoient les titres de Métropoles & de Néocores, ceux qui défignoient les privileges d'afyle & d'autonomie, & quelques autres. Elles n'épargnoient rien pour les obtenir ; & fouvent elles les payoient bien cher. Quant aux autres titres de fimple faste, comme ceux de vénérable, d'insigne, d'illuftre, de très-illuftre, de très-fplendide, en grec

CEMNHC, ΕΠΙΣΗΜΟΥ, ΕΝΔΟΞΟΥ, ΕΝΔΟΞΟΤΕΡΑΣ, ΛΑΜΠΡΟΤΑΤΗΣ, &,

il paroît qu'elles fe les arrogeoient au gré de leur vanité & de leur ambition; & cependant elles les

employoient fur les médailles qu'elles faifoient frapper avec la tête des Empereurs. La plupart des Antiquaires, entre autres Spanheim, Vaillant & Wife ont rapporté & expliqué ceux de ces titres qu'ils avoient vus fur les médailles. On en ajoutera ici quelques autres qui fe trouvent fur des médailles de cette collection qu'ils n'ont pas connues.

Quoique la ville de Selgé fût la premiere & la plus considérable de toutes celles de Pisidie, suivant Strabon & les autres Auteurs anciens qui en parlent, il paroît cependant qu'il y a eu un temps où, fi Saga- SAGalassus.laffus n'avoit pas la primauté, elle fe l'étoit du moins arrogée, comme on le voit par le médaillon fingulier de Valérien fur lequel elle fe dit: ΠΡΩΤΗ ΠΙΣΙΔΩΝ, Ι y a apparence qu'elle prit ce titre & les autres que ce médaillon contient, lorfqu'elle fut devenue la résiden ce du Gouverneur Romain qui s'y établit pour régir les Etats que poffédoit Amyntas, roi de Galatie, auquel Marc-Antoine & Augufte avoient donné fucceffivement la Pifidie, la Lycaonie, une partie de la Pamphylie & d'autres contrées, qui à fa mort arrivée l'an 729 de Rome, revinrent à l'Empire Romain.

Quant au refte de la légende ; de la maniere dont

elle eft difpofée & écrite fur le médaillon, il femble que POMAIN en feroit le premier mot: néanmoins, fuivant l'Inscription que la ville de Mopfos ou Mopfuefte avoit érigée en l'honneur de l'Empereur Antonin, laquelle a été ci-devant rapportée, Tom. II, p. 171, ce mot devroit être le dernier de la légende, comme il l'eft dans cette Infcription qui eft conçue en partie dans les mêmes termes, finiffant par ΦΙΛΗΣ. ΚΑΙ ΣΥΜΜΑΧΟΥ ΡΩΜΑΙΩΝ, Par ces termes la ville de

Sagalaffus fe feroit qualifiée des titres d'amie & d'alliée des Romains dans le médaillon en queftion; comme la ville de Mopfuefte s'en étoit qualifiée dans fon Inscription. Mais on peut auffi interpréter de deux autres façons le mot POMAIN du commencement de la légende. En le joignant à celui de ΣΑΓΑΛΑΣΣΑΙΩΝ il paroîtroit que les Sagalaffiens auroient pris par oftentation le nom de Romains; ce qui ne feroit pas fans exemple; la ville d'Alexandrie d'Egypte s'étant appellée Rome, ainsi qu'il paroît par une médaille de Marc-Antoine, qui y a été frappée avec la légende PoмнE. Conféquemment les habitants de cette ville s'étoient auffi appellés Romains comme on le voit entre autres par une médaille de Néron qui

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a pour legende au revers ΔΗΜΟΣ ΡΩΜΑΙΩΝ. Mais en féparant dans celle dont il eft ici question POMAIN de ΣΑΓΑΛΑΣΣΑΙΩΝ,on peut entendre par ces deux termes deux peuples différents, favoir, des Romains & des Pifidiens qui habitoient ensemble la ville de Sagalaffus. Il a été ci-devant marqué que sous le regne d'Augufte, environ 280 ans avant celui de Valérien, cette ville étoit devenue la résidence du gouverneur Romain, député pour régir les Etats du roi Amyntas après fa mort. On conçoit aisément que ce Gouverneur & fes fucceffeurs y amenerent beaucoup de Romains à leur fuite, lesquels s'y habituerent; que par fucceffion de temps, ils fe multiplierent assez pour composer une partie des habitants de la ville; & que vivant en union avec les Sagalaffiens, Pifidiens d'origine, ils firent frapper conjointement en leur nom le médaillon en question pour faire leur cour à Valérien, lui témoignant par le terme de Aн qu'ils lui étoient également attachés, & par celui de rмMAXOY qu'ils étoient prêts les uns & les autres de prendre les armes & de combattre ensemble pour lui en toute occafion. Le type des deux mains jointes que l'on voit au-dessous de la lé

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SYEDRA.

gende, paroît suppléer le mot OMONOIA, & désigner la concorde & l'union qu'il y avoit entre ces deux peuples habitants de la même ville.

VIGNETTE des Explications, page iij.

LA VILLE de Syedra qui a fait frapper la médaille que l'on rapporte ici, étoit située en Cilicie, fuivant Ptolémée & Strabon. Etienne de Byzance la place en Ifaurie. Ces trois Auteurs font les feuls qui en parlent, & chacun n'en dit qu'un mot; ce qui fait juger qu'elle n'étoit pas confidérable. On a cependant des médailles de plusieurs Empereurs qui y ont été frappées. Les deux titres de CEMNHC & d'ENAOZOTEPAC qu'elle prend fur celle-ci, n'ont paru jufqu'à préfent fur aucune autre médaille de villes. Le premier fignifie Vénérable; le second signifie trèsIlluftre. Il eft fingulier qu'une ville dont il eft fi peu fait mention dans les anciens Auteurs, fe foit décorée de titres auffi diftingués ; tandis qu'Anaqarbe, ville de la même province, qui avoit été faite métropole, & qui femble avoir même difputé la primauté à celle deTarse, ne prenoit sur ses monnoies que le fimple titre d'ENAOzor, Illuftre. Faute de

monuments

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