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feltà tout confus, lui offrit fa maifon; il l'accepta & vécurent grands amis jusqu'à la mort.

Le coloris du Bolognefe eft frais & vigoureux, fa touche belle & légere, fes fites beaux, fon feuiller enchanté; mais fès paysages font quelquefois un peu trop verds, & fes ciels un peu tranchés.

Ses deffeins font très-recherchés, la plume en eft fine & bien maniée, le feuiller net & de bon goût, avec des fites très-heureux. Sa maniere eft fiere & fçavante, & les formes de fes fabriques affez particulieres.

MOLA (Pietro Francefco) né à Coldre dans le Milanois en 1621. Són pere Peintre & Architecte, le mit chez le cavalier Jofepin, & puis chez l'Albane: de-là il fut à Venife, où la jaloufie du Guerchin l'obligea d'aller à Rome où il fe fit une grande réputation. Alexandre VII. lui fit peindre l'hif toire de Jofeph dans la galerie de Monte Cavallo, & le combla de biens. Louis XIV. lui fit propofer de venir à fa Cour, & lorfque Mola fe disposoit à partir, une difpute qu'il avoit eue quelque tems auparavant, avec le Prince Pamphile,

lui caufa tant de chagrin, qu'il en mourut à Rome en 1666.

Le genie de Mola étoit fécond & vif: il deffinoit très-correctement, & colorioit parfaitement bien, quoique fes ombres foient un peu noires. Il excelloit dans le payfage & les carricatures. Il eut pour Eleves Jean Bonati, Jean-Baptifte Buon,' Cuori, Antoine Gherardi ; Foreft & Collandon, l'un & l'autre François.

Sés deffeins font corrects & pleins d'expreffion; il y regne un goût & une intelligence qui annoncent un grand Maître.

Le Roi poffede une fainte Famille, un Saint Jean qui prêche dans le défert, Saint Bruno dans un très - beau paysage, Angelique & Medor, Tancrede qui penfe un foldat bleffé.

On voit au Palais Royal un repos en Egypte, Archimede tenant un compas & un foldat qui le bleffe une prédication dé S. Jean, Agar & Ifmaël.

CIGNANI (Charles) né à Bologne en 1628, fut d'abord mis fous la difcipline de Baptifta Cairo, & puis chez l'Albane, qui l'aima comme fon propre fils; & qui publioit par-tout qu'il P. Q

feroit le plus grand foutien de fon école.

Sa réputation lui procura beaucoup d'ouvrages particuliers. Le Duc Ranucio de Parme l'engagea à peindre les murs d'une chambre où Auguftin Carrache avoit exprimé au plafond le pouvoir de l'Amour ce Prince lui donna le même fujet à continuer, & fut fi fatisfait de fon ouvrage, qu'il fit tout fon poffible pour l'engager à refter à Parme.

Cignani entreprit la cou .pole de la Madona del Fuoco de la Ville de Forli, où cet Artiste a repréfenté le Paradis; il y fit admirer fon genie & fes talens. Il finit fa carriere dans la Peinture, par un tableau de la naiffance de Jupiter, qu'il peignit à l'âge de 80 ans, pour L'Electeur Palatin. Cignani fut enfuite attaqué d'un catarre en 1715, qui le mit hors d'état de travailler, & après quatre années de fouffrance, il tomba plus dan gereufement malade, & mourut à Forli en 1719, âgé de 91 ans.

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moelleux, & s'attachoit furs tout à l'expreffion. On lui reproche trop de fini, ce qui ôte un peu du feu de fes tableaux; fon coloris étoit fi fort, & il donnoit tant de relief à fes figures, qu'el les ne fe lioient pas affez avec le fond; on l'a même toujours regardé comme plus propre à peindre des Vierges & des demi-figures , que des fujets d'hiftoire.

Ses deffeins font rares; très-heurtés; il y en a quelques-uns de terminés, dans lefquels on remarque la beauté des draperies, le gracieux dans les têtes, & une grande intelligence de lumieres.

Le Roi eft poffeffeur d'une defcente de croix & de l'apparition de JefusChrift à la Magdeleine, deux tableaux de ce Maître fort beaux: & l'on voit au Palais Royal un Noli me tangere, petit tableau admirable.

JOSEPIN, (Jofeph-Cefar d'Arpinás, dit le ) naquit au Château d'Arpinas, dans la terre de Labour au Royau

On trouve dans les ouvrages du Cignani la frai-me de Naples, en 1560. On cheur & la force du pinceau, la légereté de la main, un beau faire, beaucoup de correction, les graces, le

l'envoya à Rome à l'âge de treize ans. Comme il étoit fort pauvre, le Pape Gre goire XIII, lui donna de

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Il fit l'histoire de Rémus & de Romulus avec le combat des Romains contre les Sabins. Clément VIII. le fit Chevalier de Chrift & Henri IV. lui donna le cordon de St. Michel. Jofepin fit beaucoup de grands tableaux au Capitole, & malgré fon goût maniéré, fes attitudes roides & forcées, fon coloris froid & languiffant il fut regardé comme un grand Peintre. Mais comme il avoit, pour ainfi dire, ufurpé fa réputation pendant fa vie qui fut longue, fes ouvrages ne furent que médiocrement recherchées après fa mort qui arriva en 1640.

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Ses deffeins font plutôt connoître un grand Praticien qu'un Peintre correct. On voit trois tableaux de ce Maître dans la collection du

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Roi, & un dans celle du Palais Royal.

DIEGO VELASQUEZ DE SILVA, né à Seville, de parens nobles & illuftres, en 1594. fuivit fon inclination pour la Peinture, & fe mit dans l'Ecole de François Pachéco, homme diftingué par fes Poëfies comme par fon pinceau.

Velasquez deffinoit animaux, poiffons, payfages, fruits, &c. tout ce qui fe préfentoit à lui, & les peignoit dans un fi grand naturel, qu'il fe fit bientôt une grande réputation. Il donna d'abord dans les fujets bas, peignant des gens à table des cabarets des cuisines avec une touche fiere, des lumieres & des tons extraordinaires ; mais Pachéco ayant fait venir des tableaux d'Italie, leur vûe annoblit les penfées de Velasquez; il s'attacha à l'histoire & au portrait, & y réuffit trèsbien. On trouve dans fes ouvrages beaucoup de correction, d'expreffion, & une maniere tendre & agréable.

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Ce Peintre étoit fçavant dans l'histoire, la fable. Il avoit une grande connoissance des beaux arts; ce qui lui fervit beaucoup pour celui de la Peinture. Philippe IV.

le nomma fon premier Peintre, & lui donna la clef d'or. Rubens ne voulut voir à Madrid d'autres Peintres, que Velasquez. Il fut quelque tems après en Italie qu'il parcourut, en faifant des deffeins & des copies des morceaux qui le frappoient le plus. Il retourna à Madrid, où il travailla beaucoup.

Philippe IV. ayant formé le projet d'un cabinet, renvoya Velasquez én Italie en 1648. pour acheter des tableaux & des antiques, & il s'acquitta de fa commiffion en habile homme; il en revint chargé d'excellens tableaux, de belles ftatues antiques, & de quantité de buftes de marbre & de bronze. Sa grande réputation le fit nommer Chevalier de St. Jacques. Il fuivit le Roi dans le voyage d'Irun pour accompagner l'Infante Marie-Thérefe; à fon retour à Madrid la fiévre le prit, & malgré tous les foins des Medecins que le Roi lui avoit envoyés, il mourut en 1660.

On ne lui connoît de difciple que le fameux Murillo. Ou voit au Louvre, dans la falle des bains, les portraits de la Maison d'Autriche depuis Philippe I. jufqu'à Phi

lippe IV. & au Palais Royal un Moïfe fauvé des eaux, peints par ce Maître.

RIBERA (Jofeph, dit l'Espagnolet) naquit de parens pauvres dans le Royaume de Valence en 1589. Il fut tout jeune en Italie, où il étoit réduit à une fi grande mifere, qu'il n'avoit pour vivre que les reftes dès Penfionnaires de l'Académie de Peinture; c'est à Rome où on lui donna le nom de l'Efpagnolet. Un Cardinal le voyant un jour deffiner, & fort mal vêtu, le retira chez lui, où il ne manqua de rien. Le trop bien être l'ayant rendu pareffeux, il s'en apperçut, & fon amour pour fon art lui fit reprendre fa premiere maniere de vivre.

La jaloufie qu'il conçut du Dominicain, lui fit prendre la maniere de Michel-Ange de Carravage; il devint fec & noir, ainfi que fon modele, dont il n'atteignit point la force; mais il detfinoit plus correctement.

Ribera paffa à Naples, où il domina fur tous les autres Peintres, & chagrina le Dominicain de tout fen pouvoir. Sa réputation devint fi grande, qu'on lui demandoit de fes tableaux de tous côtés. Le Pape le fit Che valier de Christ,

Son génie vif & mélancolique lui faifoit choifir par préférence les fujets terribles; dans le prophane, les Ixion, les Tantale, les Prométhées; dans le facré, le Martyre de S. Barthelemi, de S. Laurent, &c. Il peignoit ces fujets avec une vérité qui faifit d'horreur les fpectateurs.

Ribera a fait peu de tableaux pour les Eglifes, mais beaucoup de morceaux de chevalet, qui font répandus par toute l'Europe. Ce Peintre mourut à Naples en 1656. Il eut pour Eleve Luc Jore dans de Naples.

Ses deffeins n'ont ni nobleffe, ni grace; fes têtes font allongées avec des cheveux épars & hérissés.

Le Roi poffede de ce Peintre, la mort de la Vierge, une Bohemienne difant la bonne avanture; & Mr, le Duc d'Orléans, Démocrite & Héraclite, St. Jofeph, & Notre-Seigneur au milieu des Docteurs.

MURILLO (Barthelemi Etienne) né dans la ville de Pilas, près de Seville, en 1613. Son oncle Jean del Caftillo, fe chargea de lui donner les premiers élé mens, & Murillo fe tranfporta de-là à Madrid, où Velasquez fon compatriote,

lui facilita les moyens de fe perfectionner, en lui obtenant la permiffion de copier les ouvrages du Titien, de Rubens & de Vandick.

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Murillo, de retour à Seville, travailla d'après nature, & fes premiers ouvrages furent des chef-d'œuvres. Il y peignit le fameux cloître de Saint François. Il fe fectionna au point que fes ouvrages font aujourd'hui extrêmement recherchés dans toute l'Europe. On y trouve une Peinture moëlleufe, un pinceau frais, des carnations admirables, une entente de couleur qui furprend, une vérité qui n'eft effacée que par la nature même : un peu plus de correction, un choix plus heureux, & tiré de la nobleffe des têtes antiques, mettroient ce Maître au plus haut degré de confidération.

Ce Peintre humble, modefte, & fi peu intéreffé qu'il donnoit tout ce qu'il avoit, mourut à Seville en 1685. Ses principaux ou→ vrages font dans cette Ville fa Patrie, à Cadix, à Gre nade, & à Madrid.

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SALVATOR ROSA ou Salvatoriel, naquit à Naples en 1615. & quitta l'école de Francefco Francanzano fon parent, pour fuivre Ribera,

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