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doute les loix du coftumé; car il a habillé fes Vierges, toutes les femmes de fes tableaux, & les Juifs mêmes, à la maniere de fon pays. Il mourut en 1528.

Ses deffeins faits communément à la plume, font beaux; mais on y remarque la même féchereffe que dans fes tableaux.

Ses ouvrages de Peinture ne font pas en grand nombre, parce qu'il a plus gravé que peint. Le Roi a trois tentures de tapifferie d'après fes deffeins, & l'on voit au Palais Royal un portrait d'homme à mi-corps, qui tient un papier; une Nativité, une Adoration des Rois, & une fuite en Egypte. Albert Durer a gravé en bois & en cuivre un grand nombre de morceaux, tant de fa compofition, que d'après d'autres Peintres ou Graveurs, & l'on a beaucoup gravé d'après lui.

HOLPEIN (Jean) né à Bafle en Suiffe, vers l'année 1498. On l'a nommé Holbein le jeune, pour le diftinguer de fon pere & de fon frere, qui l'un & l'autre étoient auffi Peintres, mais beaucoup moins habiles que celui dont il eft queftion, Son genie & fon bon goût lui firent faire des progrès

fi heureux, qu'il évita même dès fes commencemens le goût national; il réuffit principalement dans la repréfentation d'une danfe de Payfans qu'il peignit dans le marché au poisson, & dans celle de fon tableau appellé la danfe de la mort, qui attaque indifféremment toutes les conditions de la vie.

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La réputation de Holbein augmenta à mefure que fes tableaux fe multiplierent & il parvint à s'élever au rang des plus grands Artiftes. Les deux plus beaux tableaux qu'il ait faits, font le triomphe des richeffes, & l'autre l'état de la pauvreté. Ses portraits font admirables. Dans le tems qu'il étoit le plus occupé à Londres, une maladie contagieufe l'enleva à l'âge de 56 ans.

Ce Peintre eft vrai dans fes portraits; fes carnations font vives, fon ton de couleur vigoureux. Il travailloit également bien en migna¬ ture, à gouache, en détrempe & à l'huile.

On ne trouve guéres en France d'autres defleins de ce Maître, que des têtes deffinées à la pointe d'argent fur des tablettes. Ses draperies font féches & boudinées.

Ses principaux ouvrages compofition de ce tableau font à Bafle & à Londres. les figures gracieufes, le Le Roi a neuf tableaux de beau ton de couleur & le lui, dans le nombre def- beau fini, lui mériterent quels eft un facrifice d'A- beaucoup d'éloges. Le bal braham; les autres font des des Nymphes, qu'il peignit portraits. M. le Duc d'Or pour Ferdinand, Duc de leans en a quatre, entr'au- Mantouë, & fon tableau tres le portrait de Cromwel, de tous les Saints, qu'on ayant une robe fourrée & yoit à Augsbourg, l'ont touun bonnet de Docteur. jours fait regarder comme SCHWARTZ (Chriftophe) un Maître diftingué. nâquit à Ingolstad environ l'an 1550. Il étudia à Venife fous le Titien, & devint fi habile, qu'on l'appelloit le Raphaël d'Allemagne. Il fe rendit célebre par fon genie dans les grandes compofitions, par la bonté de fon coloris & par la facilité de fon pinceau; mais il lui manquoit la nobleffe & la correction. On dit qu'il mourut en 1594. Ses principaux ouvrages font à Munich.

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Sa maniere quoiqu'Allemande, tient beaucoup du goût Vénitien. Ses tableaux font extrêmement recherchés. Le Roi a un portement de croix, de ce Peintre, & M. le Duc d'Orleans un Chrift mort, fur les genoux de la Vierge & Da; naé couchée fur un lit.

Malgré le grand nombre & la beauté de fes ouvrages, il fut réduit avant de mourir à une fi grande indigence, que fes amis furent obligés de faire les frais de fa fépulture. Ses deffeins tiennent un peu du goût du Tintoret; la touche en eft légere, mais fes têtes fe reffemblent prefque toutes, & ne font pas affez correctes.

ELSHAIMER, (Adam) connu fous le nom d'Adam Tedefco, ou d'Adam de Francfort, naquit dans la Ville de ce nom en 1574, & furpassa bientôt son Maî

tre Öffembach, quoique bon Deffinateur, & bon Peintre. Il fe rendit enfuite en Italie, où il fe perfectionna.

Ses tableaux font en petit nombre, & prefque tous de chevalet; il employoit beaucoup de tems à les finir; ils ont cependant beaucoup de force; le clair-obfcur y eft très-bien menagé, fa touche fpirituelle eft accompagnée de gracieux, & fes figures ont beaucoup de vie & de vérité. Il n'a guères fait que des nuits & des clairs de Lune. Il mourut en 1620. & eut pour Eleves, Salomon, Moyfe, David, Teniers le vieux, Jacques Erneft, & Thoman de Landeau, qui imitoit la maniere d'Adam au point de tromper d'habiles Connoiffeurs. On trouve dans le cabinet du Palais Royal un petit tableau d'Elfhaimer, peint fur toile; ce font des gens qui fe chauffent pendant la nuit au bord d'un canal, un autre paysage ou clair de Lune, peint fur bois.

BAWR (Guillaume) naquit à Strasbourg en 1610. Frederic Brendel, Peintre à gouache, cultiva les heureufes difpofitions de Bawr, & en fit un Eleve digne de lui. Bawr fut enfuite en Italie; qù il fe montra habile

homme; mais il y conferva toujours fon goût allemand. Ses figures, quoiqu'un peu lourdes, ont un feu furprenant & une expreffion charmante.

Il s'adonna particuliérement au Payfage & à l'Architecture, qu'il a fait avec une grande fineffe. En travaillant il parloit continuellement entre fes dents, tantôt Espagnol, tantôt Italien ou François, comme s'il eût tenu une conversation fui vie avec les figures qu'il peignoit, afin de mieux exprimer les différens caracteres qu'il vouloit leur donner. Il eft mort en i640.

Guillaume Bawr n'a peint qu'en pétit & à gouache & eut pour Eleve François Goubeau, qui a peint dans le goût de Jean Miel & de Bamboche: fa maniere est plus élevée que celle de fon Maître, & a donné des leçons à M. Largilliere.

NETSCHER, (Gafpard) naquit à Prague en 1636. & peut paffer pour un des meilleurs Peintres Allemads. Il imitoit jusqu'au luifant des fatins & au velouté des tapis de Turquie. Il joi, gnit au talent d'imiter les étoffes, une touche délicate & moëlleuse, un pinceau frais & un ton de couleur

admirable. Il entendoit par

faitement le clair-obfcur & les couleurs locales. Il moutut de la gravelle en 1684. Le Roi poffede deux ta-, bleaux de ce Maître, & M. d'Orléans en a fix.

MIGNON, (Abraham) né à Francfort en 1640. s'eft rendu célebre par l'art avec lequel il a imité la nature dans toute fa vérité. Les fleurs de Mignon ont tout le délicat & le brillant des fleurs naturelles; les fruits, toute leur fraîcheur. Le beau choix, la maniere de les fe trouvent ac

groupper,

compagnés d'infectes, de reptiles, d'oifeaux; tous y paroiffent vivans; la rofée fur les fleurs, les gouttes d'eau qu'elle y forme, femblent fi naturelles, que l'illufion eft entiere. Ses ouvra enfin font extrêmement ges précieux. Le Roi en poffede. un, où l'on voit plufieurs plantes, des poiffons avec un nid d'oiseau & quelques infectes: il en a un fecond qui repréfente un bocal rem pli de fleurs.

Un travail trop affidu é puifa Mignon, & lui caufa une maladie dont il mourut en 1679. & laifla deux filles qui furent fes Eleves.

Quelqu'habile cependant qu'ait été Mignon, tout le

monde convient qu'il a été furpaffé par R. Ruifch,fille très-habile, & par Juste Van-Auifum.

MERIAN (Marie Sibylle) née à Francfort en 1647. s'eft auffi rendue célébre par fon goût pour l'hiftoire des infectes, qu'elle a deffinés & peints avec une grande intelligence; elle fit pour cet effet un voyage dans les Indes à Suriman, & a fait imprimer l'hiftoire des infectes qu'elle y avoit deffinés.

L'ECOLE FLAMANDE a toujours été célebre par une grande intelligence du clair-obfcur, par un pinceau moelleux, par un travail fini fans féchereffe, & par une union tres-étendue de couleurs bien afforties.

On fouhaiteroit généralement dans cette Ecole un meilleur choix de la nature & une imitation moins fervile de ce que les objets réels ont de défectueux.

C'eft à cette Ecole qu'on a l'obligation de la Peinture à l'huile. Un nommé Jean de Bruges, ou Jean VanEyck, trouva ce fecret admirable dans le xiv. fiécle; & l'ayant communiqué à Antoine de Meffine, celuici le porta en Italie, d'où il s'eft divulgué par-tout,

DE VOS, (Martin) né à Anvers environ 1534. Il étudia d'abord fous fon pere Pierre de Vos, & puis fous Franc-Floris, Martin fe rendit enfuite à Rome, où il ne tarda pas à fe faire distinguer. Le Tintoret ayant fait connoiffance avec lui à Venife, ils travaillerent de concert; Martin faifoit le payfage des tableaux de fon ami, & acquit une grande réputation, qui lui rendit l'hiftoire & le portrait familiers.

Après ces grandes études, de Vos retourna dans fon Pays, où il fit beaucoup d'ouvrages qui foutinrent très-bien fa réputation.

Martin traitoit bien l'hiftoire; fa veine étoit extrêmement féconde, fon pincéau facile, fon dessein correct, fon coloris fort bon, affez gracieux, mais un peu froid dans fes expreffions. Ses portraits en grand nombre font fort eftimés, & la quantité d'eftampes gravées d'après lui, prouve la fécondité de fon génie. Il mourut à Anvers en 1604.

La touche de fes deffeins eft légere, les figures y ont une coëffure finguliere, & les têtes fe reffemblent prefque toutes. M. le Duc d'Orleans a deux tableaux de ce

Maître; l'un repréfente les principaux fleuves de l'Afie & de l'Afrique, avec des Nayades, des tigres & des crocodiles; l'autre Pan appuyé contre un arbre, prêt à combattre trois tigres retenus par Syrinx.

STRADAN (Jean) nâquit à Bruges en 1536. Après avoir reçu de fon pere les premiers principes, il fe mit dans l'école de Maximilien Franc, & enfuite dans celle de Pierre Lungo, Peintre Hollandois: il fut de-là en Italie, où il donna des deffeins de tapifferies, & peignit une falle à Regio. Il travailla à Rome avec Daniel de Volterre, & ensuite avec François Salviati, dont il prit la maniere. Jean d'Autriche le manda à Naples pour peindre ses actions militaires, & il s'en acquitta en grand Peintre.

Če Maître avoit autant de

génie que de facilité dans l'exécution: il faifoit les animaux & les chaffes dans la plus grande perfection; on lui reproche feulement d'être un peu lourd & manieré. Il mourut à Florence en 1605. Ses deffeins font des plus finis.

POURBUS (François) né à Bruges vers l'an 1540, furpaffa bientôt & fon pere

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