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VERDASTRE, qui tire fur le verd. Ceux qui mettent de la cendre-bleue dans les carnations, ont un coloris verdâtre, ce qui eft un grand défaut.

VERITÉ fe dit des objets. Ils font peints avec vérité, lorfque le tableau nous les préfente de maniere à y reconnoître une copie exactement imitée de la nature, & pour le deffein & pour la couleur, de ma-, niere à y être comme trompé par l'illufion qu'ils font à nos yeux; tels furent les tableaux de Zeuxis & d'Apelle. Les oifeaux furent trompés à la vérité avec laquelle les fruits de l'un étoient peints, & ce Peintre même fe laiffa prendre à l'illufion d'un rideau peint par fon émule.

VERITÉ fe dit auffi de, l'expreffion & des couleurs. Quant à l'expreflion, elle eft vraie, lorfqu'elle repréfente en effet les paffions du coeur ou de l'efprit, dont une perfonne feroit faifie dans l'action que le Peintre s'eft propofé de repréfenter; lorfque le fpectateur la lit au premier coup d'oeil, & qu'il n'eft pas obligé de réfléchir pour la deviner.

Les couleurs font vraies; quand elles font conformes

à celles que la nature a répandues fur des objets femblables à ceux que l'Artiste a eu deffein de représenter. Ainfi un More doit être repréfenté noir & non pas blanc; un Américain de deffous la Ligne ne doit pas reffembler pour le coloris à un Anglois; un Mulâtre à un More; une rofe ne feroit pas vraie, fi elle étoit colorée au noir. Chaque objet doit donc avoir fa couleur propre dans le tableau, comme dans la naț ture. Les camayeux font une exception.

VERMICULE. Voy. TORTILLIS..

VERMILLON ou CINNABRE. Le cinnabre que les Hollandois nous apportent en poudre très-fine, eft ce que nous appellons vermillon. Les Marchands de Paris donnent le nom de cinnabre au vermillon qu'ils fabriquent eux-mêmes: cefui qui vient de Hollande eft communément mêlé avec du minium; il faut cepen dant en excepter le vermillon que les Hollandois préparent pour colorer la belle cire, d'Efpagne; les Marchands lui donnent le nom de vermillon pâle. Cette couleur eft très-bonne à l'huile & dans les autres genres de

Peinture; mais avant d'en faire ufage, il faut purifier le vermillon de la maniere fui

vante.

Broyez-le fur le porphyre avec de l'eau pure, & le mettez enfuite fécher dans un vafe de fayance ou de verre. Rebroyez-le avec de l'urine, remettez-le dans le même vase, & ajuftez-y de l'urine jufqu'à ce qu'elle furnage; laiffez repofer le tout, & le cinnabre étant précipité, décantez doucement l'urine, & y en mettez de nouvelle, , que vous y laifferez pendant douze ou quinze heures ; décantez-la, & recommencez l'opération cinq à fix fois. Battez bien du blanc d'oeuf avec de l'eau pure, & le verfez fur le cinnabre en quantité fuffifante, pour que la liqueur furnage de quatre doigts, comme avoit fait l'urine; mêlez bien le tout avec une fpatule de bois, & ayant laiffé précipiter le cinnabre, vous en retirerez la liqueur. Vous en mettrez de nouvelles jufqu'à trois fois, tenant dans toutes ces opérations le vafe bien bouché ayant décanté cette derniere liqueur, vous ferez fécher le cinnabre, & le garderez pour vous en fervir. Quelques-uns fe conten

tent de le broyer fur le por phyre avec de l'urine d'enfant & de l'eau-de-vie, dans lefquelles ils le lavent deux ou trois fois, & puis le font fécher.

VERNIS de Graveur. Il y en a de dur & de mou; le premier étant froid, a la consistence de l'huile graffe des Peintres, ou celle d'un firop tranfparent & de couleur rouffâtre. On le fait fécher, lorfqu'il eft appliqué fur la planche, jufqu'à ce qu'il devienne dur. Le fecond a la confiftence de la poix ou de la cire molle. Lorsqu'il est appliqué sur la planche, on fe contente de l'y noircir ou blanchir fans le faire fécher, en forte qu'il y conferve toujours fa molleffe.

Le vernis dur n'eft plus d'ufage, à caufe de fes inconvéniens: on lui a préféré le vernis mou, à caufe des avantages qu'on y a remarqué. Je ne mets donc ici qu'une recette du vernis dur qu'on a regardé comme la meilleure; c'eft celui dont Callot faifoit ufage, & qu'on appelle communément vernis de Florence.

Faites chauffer dans un pot de terre verniflé un quar. 'teron d'huile graffe des Peintres, faite avec de la bonne

huile de lin; ajoutez-y un quarteron de maftic en larmes pulvérifé, & remuez bien le tout jufqu'à ce qu'il foit fondu. Paffez-le enfuite à travers un linge fin, & confervez-le dans une bouteille de verre à cou large & bien bouchée!

Il y a auffi plufieurs fortes de vernis mols; mais les plus en ufage foat les fui

vans...

Prenez une once de cire vierge, une once de fpalt ou poix Grecque, une demionce de poix noire, un quart d'once de poix de Bourgogne. Broyez le fpalt dans un mortier, faites fondre la cire fur un feu doux dans un vafe de terre verniffé, & y mettez les autres ingrédiens peu à peu, en remuant tou jours jufqu'à ce que le tout foit bien fondu & incorporé. On jette enfuite ce mêlange dans de l'eau fraîche, & on le pétrit avec les mains pour en former des petites boules, qu'on enveloppe de taffetas fort & neuf.

Ces mêmes ingrédiens entrent dans toutes les autres recettes, mais feulement en plus grande ou moindre quantité proportionnelle, & fe fait de la

même maniere.

2 onces & 1 de cire vierge,

2 onces de poix de Bour

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Faites fondre dans un vafe neuf de terre vernissé deux onces de cire vierge demi-once de poix noiredemi-once-de poix de Bourgogne, & y ajouter peu à peu deux onces de fpalt en poudre. Laiffez cuire le tour fait jufqu'à ce qu'en ayant tomber une goutte fur une affiéte de fayance, cette goutte étant bien réfroidie, puiffe se rompre en la pliant trois ou quatre f fois entre les doigts; alors le vernis eft cuit. On le retire du feu on le laisse un peu réfroidir, & on le verfe dans l'eau tiede, où on le manie pour en faire des petites boules comme ci-deffus. Il faut obferver que le feu foit affez doux pour exciter feulement un-frissonnement fans bouillir, crainte de brûler levernis; & remuer continuellement, quand on met le fpalt. En Eté il doit être plus dur, & l'on y ajoute pour cet effet un peu de Ipalt ou de poix réfine, ou on le fait cuire davantage

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Maniere d'appliquer le vernis mol fur la planche. La planche étant difpofée à le recevoir, vous la mettrez fur un rechaud où il y ait un feu médiocre, & on l'y laiffe jufqu'à ce qu'elle eft affez chaude pour faire fondre le vernis, qu'on y applique avec le tampon de taffetas, qui le contient, en en frottant la planche, & le conduifant légerement d'un bout à l'autre en ligne droite; on y fait plufieurs bandes paralléles jufqu'à ce que la planche en eft médiocrement couverte par-tout. On tape enfuite légerement fur toute la planche avec le tampon de taffetas neuf, plein de coton, pendant que le vernis eft encore coulant, On retire la planche du feu, & l'on continue de taper par-tout, pendant que le vernis prend un peu plus de confiftence; mais il faut cef, fer ce tapement, quand le vernis commence à fe réfroi dir, crainte de l'enlever. On rechauffe enfuite la planche, quand on veut le noircir. Voyez NOIRCIR,

Quelques-uns blanchif fent les vernis au lieu de les noircir, & s'y prennent de la maniere fuivante. On broye du blanc de cérufe à l'eau, & on le met dans une

écuelle de terre plombée; avec un peu de colle de Flandres diffoute, & une ou deux gouttes de fiel de bœuf on fait chauffer un peu le tout, & le blanc étant détrempé un peu clair, on en prend avec, une broffe douce, ou un pinceau de gros poil, & on en couche fur tout le vernis, en l'y mettant le moins épais & le plus uniment qu'il eft poffible. On l'y laiffe fécher, & on y grave comme fur le vernis noirci.

De quelque vernis qu'on fe ferve, il faut avoir foin d'en faire évaporer l'humidité avant d'y faire mordre l'eau-forte, parce que cette humidité le feroit éclater. S'il s'écaille en travaillant, ce qui n'arrive guéres qu'au vernis dur ou au vernis mol trop cuit, on couvre les éclats avec du vernis de Venife noirci avec du noir de fumée ; fi l'on remarque qu'il s'écaille pendant que l'eauforte mord fur la planche, on y remédie avec la mixtion de fuif. Voyez Mix

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grave par-deffus, & l'eau forte y mord auffi nettement que dans le refte de la planche; mais il ne faut regraver deffus que lorfque ce vernis eft bien fec.

VERNIS pour mettre für les miniatures.

& dans le même fens, c'eftà-dire quand il s'agit de l'invention & du génie. Rubens n'a pas eu fon pareil dans ce genre, perfonne n'a eu plus de verve. L'Auteur des Obfervations fur les Arts le difoit il y a quelques années d'un Peintre de nos jours: » Quelle variété, dit-il, dans »fes airs de tête toujours gracieux, dans fes expref

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moleffe tendre dans fes at

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titudes!
VEUE D'OISEAU.
Voyez VUE...

Mettez dans un matras une once d'ambre le plus blanc en poudre, avec un gros de camphre auffi pulverifé; ajoûtez-y cinq oncesfions toujours fines! quelle d'efprit de vin. rectifié, & faites infufer au foleil pendant quinze jours, la bouteille étant bien.exactement bouchée, & remuant la matiere deux ou trois fois chaque jour. Il faut faire ce vernis dans la canicule, ou au bam-marie, ou fur, des cendres chaudes, Vous coule rez le vernis par un linge, & le garderez dans une bou teille bien bouchée.

VERRE (Peinture fur le ou Peinture d'apprêt. Voyez à ce mot, & dans notre Préface.

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VERT. Voyez VERD. VERTUEUX, en termes de Peinture, fignifie un homme qui aime les beaux arts, & qui s'y connoît. Les Italiens l'appellent Virtuofo. Du Frefnoy.

VERVE, fe dit en Peinture comme en Poefie,

VIE, en termes de Peinture, fignifie un caractere, une expreffion fi naturelle dans les vifages & les geftes des figures, qu'elles femblent faire en effet l'action qu'on a voulu repréfenter dans le tableau, & avec la même paffion, de maniere que le fpectateur fe fente emu de joie ou de trifteffe, de plaifir ou de douleur, felon le fujet qu'on préfente peint à fes yeux, Voyez ANIMÉ, PASSION, ExPRESSION.

VIGNETTES. On nomme ainfi des petits ornemens de Gravûre que l'on met au commencement des livres, & au haut des pages, dans certaines parties d'un

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