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OXFORD

ART

PRÉFAC E.

M

ALGRÉ la mauvaise humeur de certaines gens, qui les fait crier contre le goût du fiécle pour les Dictionnaires, ce goût femble fe fortifier à mefure qu'on multiplie ce genre d'inftrucction: c'eft une preuve des avantages que le Public en retire. Nous en fommes, diton inondés ; & fi l'on n'arrête ce torrent, nous n'étudierons bientôt plus que dans les Dictionnaires, qui ne peuvent nous inftruire que très-fuperficiellement. Je n'entreprends pas ici la défense de ceux qui réduifént l'étude des Sciences à cette méthode; mais au moins ne peuton nier qu'elle eft indifpenfable dans les Arts, qui fe font fait un langage ignoré de prefque tous ceux qui ne les cultivent pas. Comment en effet converfer avec les Artiftes, & raifonner avec eux fur leur Art, fi l'on ignore les termes qui leur font propres, ou fi l'on n'eft pas au fait du vrai fens dans lequel on les employe? Les Dictionnaires font donc néceffaires & plus aujourd'hui que jamais, parce

que le goût des Sciences & des Arts a gagné tous les Etats. On veut fçavoir tout, ou plutôt parler de tout, & ne paroître ignorer de rien: il faut donc fe prêter à ce goût du fiécle. Si le plus grand nombre ne puife dans ces Ouvrages que des connoiffances très-fuperficielles, il s'en trouvera qui ne s'arrêteront pas à l'écorce; la force de leur génie les fera pénétrer plus avant, & leur goût naturel, mais fouvent indécis, fe développera par la facilité qu'ils auront de s'inf truire des principes de ces Arts, dans un langage qui leur auroit été trop étranger fans ce fecours. Si les Anciens nous avoient laiffé de femblables Dictionnaires, ils auroient épargné bien des veilles aux Commentateurs, & comme tari la fource de tant de Differtations, qui fouvent ne fervent qu'à faire prendre le change, ou à rendre la chofe encore plus doutéufe: ils auroient prévenu la décadence des Arts. On travaille à en reffufciter, & l'on ne feroit occupé qu'à les cultiver ou à les perfectionner.

La Peinture n'abonde pas en termes inconnus dans le langage ordinaire, mais elle en employe beaucoup dans un fens figuré, les uns & les autres ont donc be

foin d'une explication qui détermine & fixe précisément leur fignification propre à l'ufage qu'on en fait.

Pline nous fournit une infinité d'exemples; & pour ne pas en chercher qui regardent d'autres Arts que ceux qui font l'objet de ce Dictionnaire, combien l'équivoque de ces termes latins, Picturam inurere (Pline, liv. 35, chap. 11.) n'at-elle pas caufé d'embarras à fes Commentateurs, pour expliquer la Peinture à l'Encaustique?

L'envie de me rendre utile au Public, jointe à une inclination naturelle pour les Arts, m'ont porté à m'inftruire de leurs principes, & à communiquer ce que j'en ai appris. Les Dictionnaires qui ont traité jufqu'ici de la Peinture, de la Sculpture & de la Gravure, m'ayant parus laiffer beaucoup de chofes à defirer, je me fuis déterminé à en donner un de ces Arts en particulier, plus complet que ceux qui l'ont précédé. Pour remplir mon objet, j'ai puifé dans les Ouvrages publiés fur ces Arts; je les ai cité affez fouvent, pour qu'on ne puiffe pas m'accufer de vouloir me parer en fecret des plumes d'autrui : j'ai confulté les Connoiffeurs, & les Artiftes; & je

fens encore que mon Ouvrage eft trèséloigné de la perfection dont il eft fufceptible. Je m'étois borné au feul Dictionnaire; & il étoit déja fous preffe, lorfqu'il m'eft venu dans l'idée de le rendre plus intéreffant, & plus utile par l'addition d'un Traité pratique de toutes les manieres de peindre, précédé d'un petit préambule fur l'ancienneté, & le mérite de la Peinture. En y prenant l'idée de l'excellence de cet Art, les Eleves feront encouragés à donner tous leurs foins pour s'y perfectionner, & le Public y prendra des impreffions de la confidération due à ceux qui le cultivent.

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