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juftes éloges. Le Lecteur impartial pourra juger de fon mérite par l'extrait que nous allons en donner.

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Premiere maniere de peindre à l'Encaustique, felon Mrs. de Caylus & Majault.

Faites fabriquer un coffret de fer-blanc de 16 pouces quarrés, fur 2 pouces & demi de hauteur, parfaitement foudé par-tout, & qu'il n'ait pour ouverture qu'un goulot d'un pouce de diametre placé à l'un de fes angles, pour l'introduction de l'eau; fur la furface quarrée du côté que le goulot s'éleve, il faut appliquer une glace d'épaiffeur ordinaire, non polie, attachée avec huit tenons de fer-blanc. On remplit ce coffre d'eau, on le met fur le feu, on charge la glace de la quantité de cires convenables à la couleur que l'on defire préparer; lorfque l'eau eft bouillante la cire fe fond: on ajoute la couleur, on la broye à la cire fondue, avec une molette de marbre qu'on a pris la précaution de faire chauffer; & lorfque la couleur eft broyée, on la ramaffe avec un couteau pliant d'yvoire, & on la met fur des alliettes de fayence pour la faire froidir. Ayant ainsi préparé toutes les couleurs pour les mettre en état d'être employées, il faudra les faire fondre dans la machine fuivante.

Faites conftruire un autre coffret de fer-blanc d'environ un pied de longueur fur huit pouces de large, & de deux pouces & demi de hauteur; qu'il ait auffi un goulot pour l'introduction de l'eau ; que l'on pratique du côté de ce goulot autant de loges que l'on voudra y faire fondre de couleurs, propres à recevoir autant de godets de verre ou de criftal; l'eau bouillante dont on remplira cette machine, fondra les cires colorées & les mettra en état d'être employées.

Il faudra auffi avoir un coffret de fer-blanc plus petit, mais femblable à la machine à broyer, rempli d'eau bouillante, qui puiffe fervir de palette.

Pour communiquer à la planche destinée à peindre un degré de chaleur propre à entretenir la cire dans un état de fluidité néceffaire à l'exécution du tableau, on fe fervira de la machine fuivante,

Faites faire un autre coffret de fer-blanc femblable à la machine à broyer les couleurs, dont la face deftinée à recevoir la planche foit de cuivre, d'une ligne d'épaiffeur; qu'elle ait fur fes bords des couliffes pour recevoir & affujettir la planche ; que cette machine ait au moins trois pouces de vuide dans fon épaiffeur; qu'il y ait un goulot à fa partie fupérieure pour l'introduction de l'eau, & un robinet à fa partie inférieure pour la vuider: on remplira cette machine d'eau bouillante, que l'on renouvellera au befoin. Il faudra faire faire cette machine d'une grandeur proportionnée au tableau.

De peur que la planche deftinée à recevoir la couleur ne fe dejette par la chaleur, on la compofera de trois planches de fapin d'une ligne d'épaiffeur chacune, collées l'une fur l'autre de façon que fes fibres fe croisent à angles droits. On enduira cette planche de deux ou trois couches de cire blanche que l'on fera fondre avec une poële pleine d'un brafier ardent, ou avec le réchaud de Doreur, pour les faire entrer dans le bois; alors mettez la planche dans la couliffe, & la planche étant échauffée, fera disposée à recevoir la couleur que l'on aura fait chauffer dans la machine à godets, & l'on peindra avec des broffes ordinaires.

Voici le rapport des différentes quantités de cire, eu égard aux différentes qualités des couleurs. Blanc de plomb 1 once, cire 4 gros & demi. Cerufe 1 once, cire 5 gros.

Vermillon 3 onces, cire 10 gros.

Carmin once, cire 1 once & demie.
Lacque 1 once, cire once & demie.

Rouge-brun d'Angleterre 1 once, cire once.
Ocre brûlé once, cire 10 gros.

Terre d'Italie 1 once, cire io gros.

Jaune de Naples i once, cire 4 gros & demì. Stil de grain de Troyes 1 once, cire 1 once & demie. Stil de grain d'Angleterre once, cire 1 once & demie.

Ocre jaune I once, ciré 16 gros.

Ocre de rue I once, cire 10 gros.`
Outremer once, cire once.
Bleu de Pruffe le plus leger 1 once,
Cendres bleues once, cire 6 gros.

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cire 2 onces.

Email fin d'Angleterre once, cire 1 demi-once. Lacque verte 1 once, cire 1 once 2 gros.

Terre de Cologne 1 once, cire I once & demie. Noir de pêche 1 once, cire 1 once & demie. Noir d'yvoire once, cire 1o gros.

Noir de fumée 1 once, cire 10 onces.

On n'employera que la cire blanche pour préparer ces couleurs, & toute cette préparation confifte à les prendre broyées à l'eau, à les rebroyer à fec, à les mettre fur la machine à broyer pour les incorporer avec la cire, comme nous l'avons dit ci-deffus.

On conçoit qu'il eft poffible d'exécuter cet Encauftique avec le feu, au lieu de fe fervir d'eau bouillante. Mrs. de Caylus & Majault regardent cette premiere maniere de peindre à l'Encauftique comme fort embarraffante, auffi en propofent-ils d'autres plus faciles.

Seconde maniere de peindre à l'Encaustique, felon
Mrs. de Caylus & Majault.

On prendra des cires colorées, préparées comme on l'a dit à l'article précédent; on les fera fondre dans l'eau bouillante; par exemple 1 once de cire colorée pour 8 onces d'eau: lorfqu'elles y feront totalement

fondues,

fondues, on les battra avec une fpatule d'yvoire ou des ofiers blancs, jusqu'à ce que l'eau foit refroidie. La cire par cette manoeuvre se mettra en petites molécules & fera affez divifée pour faire une espece de poudre qui nagera dans l'eau, que l'on confervera toujours humide dans un vafe bouché; parce que fi la cire reftoit à fec, les petites parties feroient fujettes à se coller, & cette cire cefferoit d'être propre aux ufages auxquels on la deftine.

On mettra une portion de chacune de ces cires préparées dans des godets, & l'on opérera avec des pinceaux, comme fi l'on peignoit en détrempe. On ne pourra cependant former les teintes fur la palette avec le couteau, parce que les cires pourroient fe peloter, il faudra les faire au bout du pinceau. On pratique cette espece d'Encauftique fur le bois à crud, ou fur le bois préparé avec la cire, en employant une manoeuvre que l'on indiquera à l'article fuivant, qui facilite le moyen de peindre à l'eau fur la cire. Le tableau achevé, on le fixera avec le réchaud de Doreur, ou une poële remplie d'un brafier ardent.

Troifiéme maniere de peindre à l'Encaustique, Selon
Mrs. de Caylus & Majault.

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Cirez une planche en la tenant horizontalement fur an brafer ardent, & en frottant la furface chauffée avec un pain de cire blanche: continuez cette manœuvre jufqu'à ce que les pores du bois ayent abforbé autant de cire qu'ils en pourront prendre : continuez encore jufqu'à ce qu'il y en ait par-deffus l'épaiffeur d'une carte. Cela fait, peignez avec des couleurs dont on fait ufage à l'huile, préparées à l'eau pure, ou légerement gommées. Mais ces couleurs ne prendront point fur la cire, ou ne s'attacheront que par plaques irrégulieres. Pour remédier à cet inconvénient, pre

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nez quelques terres crétaffées, le blanc d'Espagne par exemple, répandez-en sur la cire en poudre très-fine, frottez-la légerement avec un linge, il s'attachera une poufliere de ce blanc qui fera un corps intermediaire entre la cire & la couleur. Peignez enfuite, & les couleurs s'attacheront fur la cire comme fi l'on peignoit fur le bois à crud. Lorsque le tableau fera achevé, on le préfentera au feu, la cire qui eft fous la couleur fe fondra, & le tableau fera fixé.

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Quatrième maniere de peindre à l'Encaustique, felon
Mrs. de Caylus & Majault.

Peignez en détrempe à la façon ordinaire fur une planche très-unie, foit avec de l'eau pure ou légerement gommée. Le tableau achevé, placez-le horizontalement couvrez-le de lames de cire très-minces, & faites fondre la cire avec une poêle remplie de feu.

Les lames de cire fe préparent en faisant chauffer de la cire blanche, affez pour pouvoir l'étendre avec un rouleau fur une glacé ou un marbre un peu chauffé.

Ces deux dernieres efpeces d'Encauftique ont fuggeré à Mrs. de Caylus & Majault une nouvelle façon de peindre à l'huile : elle confifte à travailler à gouache fur une toile à crud, en obfervant de n'employer que des couleurs dont on fe fert à l'huile. Lorfque les cou→ leurs feront féchées, on humectera le tableau par der. riere avec de l'huile de pavot qui jaunit moins que les autres huiles, ou avec un vernis bien blanc & fécatif.

La feconde partie de l'ouvrage de M". de Caylus & Majault contient les procédés d'une efpece de Peinture pour laquelle il ne faut point de feu; auffi ne l'a-t on pas mis dans le rang des effais faits pour imiter les Grecs. Nous ferons auffi exacts à rendre compte des procédés de cette Peinture, que nous l'avons été à rapporter leurs quatre ingénieux procédés pour l'Encauftique.

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