les inftrumens néceffaires pour exécuter cette efpece de Peinture.

On garnit la palette pour la Peinture à la cire comme pour la Peinture à l'huile. Cependant il faudra paffer toutes les couleurs les unes après les autres fous le couteau, en y ajoutant un peu d'effence de thérébentine.

On peut pratiquer cette Peinture fur le bois, la toile & le plâtre. Lorsque l'on peindra fur le bois, it faudra choifir le moins compact, le plus uni, celui qui fera le moins fajet à fe déjeter, eft celui enfia que les vers attaquent le moins. Le bois de cedrey le fapin d'Hollande, le chêne méritent la préférence. Le Poirier convient pour les ouvrages d'un grand fini. Si l'on veut que le cedre, le chêne & le poirier hapent mieux la couleur, on passera deffus une espece de racloire pour y former des fillons. Cet outil eft compofé d'une lame d'acier & d'un manche rond, qui chacun ont trois pouces de longueur. La lame qui a un pouce deux lignes de large, eft compofée en bizeaux d'un côté. La partie opposée au bizeau a des fillons trèsferrées, qui lorfque l'outil eft aiguisé du côté du bizeau, forme des pointes très-aigues qui fervent à donner le grain au bois.

On peut auffi exécuter ce genre de Peinture fur la toile, on donnera la préférence à celle dont le grain eft uni & ferré. Pour la préparer à recevoir la couleur, on appliquera avec une broffe deux ou trois couches de cire diffoute dans l'effence de thérébentine ou dans le vernis blanc le moins gras; on laiffera fécher la premiere couche avant d'en appliquer une feconde; & lorfque la derniere fera féche, on fera fondre la cire appliquée en présentant la toile à un brafier ardent. On peut la cirer encore en échauffant la toile au point de fondre la cire en la préfentant au feu ou en l'appliquant fur une plaque de cuivre chau

de. On frotte la toile avec un pain de cire, la cire fe fond & pénétre la toile.

On peut pratiquer la troifiéme espéce d'Encaustique : fur une toile ainfi préparée, en la chargeant cependant de plus de cire.

La pierre & le plâtre fe préparent de la même maniere. On employera le réchaud de Doreur pour faire fondre la cire.

On peut vernir les Tableaux peints à la cire, pourvû que le vernis foit préparé à l'efprit de vin.

Voilà un abrégé de ce que contient l'ouvrage de Mrs. de Caylus & Majault. Ceux qui défireront avoir des notions plus étendues fur cette matiere pourront. le confulter.

On voit par l'extrait que nous venons de donner combien l'Auteur de l'Hiftoire du Secret de la Peinture à la cire s'étoit groffierement trompé, puisqu'il n'eft queftion d'aucune diffolution de cire dans les quatre manieres de peindre à l'Encauftique de Mrs. de Caylus & Majault. Cependant M. Monnoye a puifé dans cet ouvrage anonyme le fond du mémoire qu'il a fourni au Dictionnaire Encyclopédique, dont nous allons auffi rendre compte, afin de remplir le projet que nous avons formé de donner un précis de tout ce qui a été fait depuis le renouvellement de l'art d'employer la cire dans la Peinture.

M. Monnoye après avoir rapporté quelques paffages de Pline & de quelques autres écrivains fur l'hiftoire & le faire de cette Peinture, passe aux conditions néceffaires à la Peinture à l'Encaustique, & dit :

10. Que les Anciens peignoient avec des cires colorées, qu'elles étoient peut-être mêlées d'un peu d'huile pour les rendre plus fouples, qu'ils les confervoient dans des boëtes à compartimens.

20. Qu'ils faifoient fondre ces cires & les em ployoient au pinceau.

3o. Qu'ils fixoient leurs tableaux par l'inustion avee un réchaud plein de charbon qu'ils promenoient fur la furface, comme le dit Vitruve.

4°. Enfin qu'ils frotoient & poliçoient le tout avec des linges nets, ceci eft encore de Vitruve.

M. Monnoye a fans doute jugés à propos pour de bonnes raisons de fouftraire une cinquiéme condition, qui eft celle de n'exécuter l'Encauftique que fur le bois pour les tableaux portatifs, comme le dit Pline dans bien des endroits, & fur le Plâtre, comme le difent Pline & Vitruve,

Enfuite il rend compte des quatre manieres de peindre à l'Encauftique de M. de Caylus & Majault, fur lefquelles il porte le jugement fuivant. Il dit, que la premiere maniere de peindre n'eft point Encaustique, parce que l'on employe l'eau bouillante au lieu de feu; mais il eft aifé de contenter M. Monnaye, que ceux qui peindront de cette maniere employent le feu au lieu d'eau bouillante, ce qui eft démontré très-poffible, ils auront alors rempli toutes les conditions que l'on exige.

M. Monnoye paffe enfuite à l'examen du fecond procédé; ne pouvant pas difconvenir que celui-ci ne rempliffe même au de-là, felon lui, de toutes les conditions qu'exigent l'Encauftique, ayant formé le plan de dégrader les recherches curieufes que M. de Caylus & Majault ont fait fur cette matiere; il déclare impoffible cette maniere de peindre à l'Encaustique parce qu'il prétend avoir oui dire par un homme qu'il croit être très-verfé dans l'art de peindre, que ce procédé eft impoffible. Pour ne pas faire comme M. Monnoye, nous ne nous en fammes rapportés qu'à nos yeux, & nous ofons affurer, d'après ce que nous avons vû, que le procédé de ce fecond Encauftique eft très-poffible & très facile, & que les détails de l'opération que M. de Caylus & Majault ont donné dans

leur ouvrage, ne laiffe à rien défirer : & pour preuve de cette vérité nous avons formé le deffein de mettre dans notre Bibliothéque un petit échantillon de Peinture, fait felon ce fecond procédé, pour apprendre à la poftérité par ce monument le peu d'exactitude de M. Monnoye,

La troifiéme maniere de peindre à l'Encauftique qui eft trouvée très-ingénieufe par M. Monnoye, n'eft cependant pas déclarée Encauftique ; & la quatrième qui a de l'analogie avec la troifiéme a le même fort, parce que, dit-il, les conditions de l'Encaustique ne font point remplies; il faudra donc que l'Encaustique pratiquée fur les murailles, que nous avons rapportée dans ce mémoire d'après Vitruve & Pline, ne foit pas une espece d'Encaustique. M. Monnoye cependant a fabriqué une partie des conditions qu'il exige d'après ces paffagès. Il eût été plus exact s'il eût dit que Mrs. de Caylus & Majault n'étoient pas les inventeurs des moyens de leur quatriéme procédé, puisqu'il est exactement le même qui fe trouve décrit dans Vitruve & dans Pline.

M. Monnoye après avoir fait le détail de la Pein ture à la cire que Mrs. de Caylus & Majault diftinguent avec raifon de leurs quatre manieres de peindre à l'Encauftique, détail qui n'eft pas accompagné des éloges que cette découverte mérite, M. Monnoye., dis-je, annonce quatre manieres de peindre en cire, de M. Bachelier, Nous copierons ce mémoire, avec d'autant plus de plaifir, que cette piece est la seule qui contienne tous les fecrets de ce Peintre.

Premiere maniere de peindre en Cire de M. Bachelier... Il ne s'agit que de fubftituer à l'huile de la cire blanche diffoute dans l'effence de térebenthine.

Voilà toute la recette. Quelque peu de mérite qu'ait cette prétendue découverte, nous avons déja.

démontré par de bonnes raifons, que M. Bachelier n'eft pas l'inventeur de la diffolution de la cire dans l'effence de térébenthine. Mts, de Caylus & Majault n'auroient pas grand mérite s'ils n'avoient imaginé que ce moyen de peindre avec la cire, ils ont démontré au contraire dans leur mémoire p. 29, 30, 71, 72, 732 & 74 par différentes expériences qu'ils ont très-fidellement détaillées, que cette Peinture eft fujette a beau coup d'inconvéniens. M. le Lorrain qui avoit peint avec de la cire diffoute dans l'effencé de térébenthine, comme nous l'avons déja dit, a abandonné cette maniere pour adopter celle de Mrs. de Caylus & Majault, dont il s'eft fervi avec tant de fuccès, foit pour peindre des tableaux, foit pour peindre des plafonds. C'est à l'expérience des habiles gens de bonne foi qu'il faut s'en rapporter, & M. le Lorrain peut être regardé fur ce point comme un Juge d'autant plus intégre, qu'il avoit à défendre comme M. Bachelier, fa découverte de la Peinture à la cire diffoute dans l'effence de térébenthine..

M. Monnoye convient que cette premiere maniere de peindre en cire de M. Bachelier ne reffemble en aucune façon à l'Encauftique des anciens. Ne doiton pas lui fçavoir bon gré d'un pareil aveu.

Seconde maniere de peindre en Cire, particulierement fur toile, felon M. Bachelier.

» Ayez une toile forte & ferrée & de telle gran. deur qu'il vous plaira, lavez-la pour en ôter l'ap» prêt, tendez-la fur un chaffis & disposez le de ma> niere que vous puiffiez tourner au tour. Ayez des

» couleurs telles qu'on les employe dans la Peinture

» en détrempe & peignés. (1) Mais à mesure que

(1) Ceux qui ont fourni cette recette font de mauvaise foi, ou ne T'ont point mife en pratique; car les blancs qu'on employe en dé