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1515.

Mém. de

liv. 1.

Belcar.,

Milanès, on lui promit de plus une charge de maître des requêtes. Sforce fut conduit en France (1); il sortit Du Bellay. de ses états sans témoigner ni honte ni douleur, charmé, disoit-il, d'échapper à l'insolente protection 1. 15, n. 24. des Suisses, aux exactions de l'Empereur, aux artifices des Espagnols, à l'alliance frauduleuse du Pape, et paroissant en effet sentir qu'il alloit être plus libre et plus heureux dans l'obscurité paisible de sa retraite, qu'il ne l'avoit été sur ce trône où il avoit plu à ses maîtres de le faire asseoir (2). Les historiens s'indignent de sa lâcheté, et chargent beaucoup le tableau de ses vices. A juger de lui par sa conduite, il paroît que c'étoit un prince foible, fait pour être gouverné. Ni politique, ni belliqueux, on ne l'avoit vu ni préparer sa défense par les intrigues du cabinet, ni commander les armées qui combattoient pour lui, il sembloit que la querelle du Milanès lui fût étrangère; mais il eut du moins le mérite d'avoir renoncé de lui-même à un rang auquel il n'étoit point propre, et de ne l'avoir jamais regretté dans la suite (3).

liv. 1.

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Mém. de Le Roi, entièrement maître du Milanès, fit son Du Bellay, entrée dans la capitale de ce nouvel état, à la tête de Belcar., son armée triomphante, accompagné de cinq princes du sang (4); il reçut, au palais ducal, le serment des. corps de la ville: serment trop souvent et trop peu li

li. 15,

n. 27.

(1) Par Pontrême de Mauléon, frère de la Tremoille, et quelques autres seigneurs françois.

(2) Voyez l'introduction, chap. 2, article du Milanès.

(3) II mourut à Paris le 10 juin 1530.

(4) Le duc d'Alençon, le connétable de Bourbon, le comte de Vendôme, le comte de S. Pol et le prince de la Roche-surYon.

brement prêté à tant de différens maîtres. Il étabit à Milan un parlement dont il nomma premier président Jean de Selve, qui fut depuis premier président du parlement de Paris. Il consacra ensuite huit jours à visiter les places du duché; il séjourna pendant quelque temps à Vigevano, il y reçut les complimens faux ou sincères de tous les princes d'Italie.

1515.

Guicciard,

Les Vénitiens lui avoient député, immédiatement liv. 12. après la bataille de Marignan, quatre de leurs principaux sénateurs, pour le féliciter de sa victoire et lui demander les secours qu'il devoit leur fournir, suivant les traités, pour recouvrer leurs états de terre -ferme : ils obtinrent tout ce qu'ils demandoient.

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Traité de Pavie. Entrevue de Bologne. Traité avec les Suisses. Mort du roi d'Espagne Ferdinand le catholique.

LEPape, depuis l'entrée de François Ien Italie, n'avoit

pas cessé de traiter avec lui les armes à la main, tout prêt à rompre les négociations, si la fortune eût cessé de seconder le Roi. Mais, voyant qu'elle ne se démentoit point, il avoit enfin donné ordre à son nonce (1) de

terminer.

Un des articles les plus délicats étoit la restitution de Parme et de Plaisance. Jules II s'étoit emparé de ces deux places en 1512, lorsqu'après la bataille de Ravenne, la mort de Gaston avoit dispersé l'armée victorieuse,

(1) Louis de Canosse, Evêque de Tricarico.

1515.

et fait perdre le Milanès à la France. Jules II, qui ne savoit point mettre de bornes à ses droits, avoit prétendu qu'elles faisoient partie de l'Exarchat de Ravenne; car il étendoit cet Exarchat jusqu'aux Alpes, quoique Modène lui servit incontestablement de barrière du côté du Milanès, et que Parme et Plaisance eussent toujours appartenu aux ducs de Milan.

Maximilien Sforce, trop heureux de rentrer dans le reste du duché, ou trop malheureux de porter ce joug que les Suisses lui imposoient, n'avoit rien contesté à Jules II; et Léon X, à son avènement, s'étoit trouvé paisible possesseur; mais le nouveau duc (François I) Guicciard, étoit trop instruit et trop jaloux de ses droits pour ne point réclamer ces deux places, il n'avoit plus qu'un pas à faire pour s'en emparer; le talent du nonce devoit consister à prévenir cette démarche, et à faire compter pour quelque chose le sacrifice forcé que le Mém. de Pape paroîtroit faire volontairement de ces deux Du Bellay, places.

liv. 12.

1. 1.

D. 21 et 22.

On se hâta donc de conclure. Le Pape et le Roi s'enBelcar.,1.15, gagèrent à la défense réciproque de tous leurs domaines. le Roi prit sous sa protection la maison de Médicis et le gouvernement de Florence, dans l'état où il étoit alors, c'est-à-dire, tendant à la monarchie. Il sacrifia les Bentivoglio, et Bologne resta au Pape. Le Pape fut obligé de rappeler les troupes de l'église qui servoient l'Empereur contre les Vénitiens, et de remettre au Roi Parme et Plaisance, à condition que l'état de Milan se fourniroit de sel à Cervia, et non plus, comme auparavant, à Comachio dans le Ferrarois. Telles étoient du moins les principales conditions du traité que le

nonce conclut à Pavie au nom du Papé avec le Roi.
Le Pape refusa de le ratifier dans l'état où il étoit; il
y mit des modifications qui développent ou son génie
particulier, ou le caractère de la politique Italienne.
. Deux articles, exprimés avec trop de précision dans
ce traité, blessoient sa délicatesse. L'un étoit cette
restitution de Parme et de Plaisance, l'autre le rappel
des troupes qui servoient contre les Vénitiens.

il ne

Par le premier, le Pape mettoit le sceau lui-même au rétablissement des François en Italie; il fixoit dans cette terre, les Barbares que Jules avoit tant juré d'en chasser, il détruisoit l'heureux ouvrage de son prédécesseur; il ne pouvoit consentir à cette honte voulut point absolument que ces places fussent remises par ses officiers aux officiers du Roi, mais il imagina de faire évacuer ces deux places par ses troupes, et d'en laisser les portes ouvertes un jour marqué: si les François, avertis de ce jour alloient s'en mettre en possession eux-mêmes, étoit-ce la faute du Pape, et peut-on empêcher les gens d'entrer dans des places qu'ils trouvent vides et ouvertes.

1515.

L'autre article qui faisoit de la peine au Pape, étoit celui par lequel on l'obligeoit de rappeler les troupes qui servoient l'Empereur; c'étoit une attention que le Roi devoit aux Vénitiens ses alliés, mais elle étoit bien Guicciard, gênante pour le Pape, qui avoit précisément promis de liv. 12. ne point rappeler ces troupes, tant que la guerre dureroit. Il résolut d'être scrupuleusement fidèle au mot, il ne rappela point ses troupes, il les cassa comme de mauvais soldats dont il étoit mécontent, et ordonna ensuite à chacun en particulier de revenir sur les terres de l'Eglise.

Les François rendirent hommage à toute la finesse 1515. de ces ingénieux détours; mais, comme sous différens Belcar., noms ils retrouvoient toujours leur compte, ils consentirent à tout, etlePape ratifiå le traité à Viterbe, le 13 octobre 1515.

1. 15, n. 22.

N. 27.

Il restoit pourtant encore bien des points particuliers à régler. Le Pape et le Roi crurent qu'une entrevue les décideroit plus promptement et plus sûrement que toutes les négociations par plénipotentiaires. Cette entrevue devoit naturellement se faire à Rome. La dignité du Saint-Siège sembloit l'exiger; mais on se souvenoit qu'Alexandre VI ne s'étoit pas bien trouvé d'y avoir reçu autrefois Charles VIII. D'ailleurs le Pape se proposoit de détourner le Roi de ses projets sur Naples; mais si le Roi, en s'avançant jusqu'à Rome, faisoit les trois-quarts du chemin de Naples, comment lui persuaderoit-on d'arrêter sa course?

Il sembloit du moins que, si l'entrevue ne se faisoit point à Rome, elle ne pouvoit se faire qu'à Florence, parce qu'il n'y avoit que ces deux villes où la cour des Médicis put briller de tout son éclat; mais on se souvenoit encore de l'empire que Charles VIII avoit éxercé dans Florence lorsqu'il y avoit passé. Les Florentins, qui supportoient impatiemment le joug des Médicis, pouvoient, par un coup de désespoir, se jeter entre les bras des François, il étoit dangereux de mettre à cette épreuve leur soumission encore incertaine.

Le Pape choisit donc la ville de Bologne, située à l'extrémité des terres de l'église, du côté de la Lombardie; Mém. de il prétendit même se faire un mérite, auprès du Roi, de Du Bellay, tant de pas qu'il faisoit à sa rencontre; exprès, disoit-il, pour ne pas l'éloigner de sa nouvelle conquête; mais

1.1.
P. Jov., 1. 16.

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