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élève gratuitement. Il semblerait que ce moyen eût dû introduire parmi eux les arts et les idées de l'Europe; mais les sujets de cette école, bornés à une éducation purement monastique, ne rapportent dans leur pays que l'italien, qui leur devient inutile, et un savoir théologique qui ne les conduit à rien; aussi ne tardent-ils pas à rentrer dans la classe générale. Trois ou quatre Missionnaires que les Capucins de France entretiennent à Gâzir, à Tripoli et à Bairout, n'ont pas opéré plus de changemens dans les esprits. Leur travail consiste à prêcher dans leur Eglise, à enseigner aux enfans le Catéchisme, l'Imitation et les Pseaumes, et à leur apprendre à lire et à écrire. Cidevant les Jésuites en avaient deux à leur maison d'Antoura; les Lazaristes ont pris leur place et continué leur mission. L'avantage le plus solide qui ait résulté de ces travaux apostoliques, est que l'art d'écrire s'est rendu plus commun chez les Maronites, et qu'à ce titre, ils sont devenus dans ces cantons ce que sont les Coptes en Égypte, c'est-à-dire, qu'ils se sont emparés de toutes les places d'Écrivains, d'Intendans et de Kiâyas chez les Turks, et sur-tout chez les Druzes, leurs alliés et leurs voisins.

محبت

§. III. Des Druzes.

Les Druzes ou Derouz, dont le nom fit quelque bruit en Europe sur la fin du seizième siècle, sont un petit peuple qui, pour le genre de vie, la forme du gouvernement, la langue et les usages, ressemble infiniment aux Maronites. La Religion forme leur principale différence. Longtemps celle des Druzes fut un problême; mais enfin l'on a percé le mystère, et désormais l'on peut en rendre un compte assez précis, ainsi que de leur origine, à laquelle elle est liée. Pour en bien saisir l'histoire, il convient de reprendre les faits jusque dans leurs premières sources.

Vingt-trois ans après la mort de Mahomet, la querelle d'Ali son gendre, et de Moâouia, Gouverneur de Syrie, avait causé dans l'Empire Arabe un premier schisme qui subsiste encore; mais à le bien prendre, la scission ne portait que sur la puissance ; et les Musulmans, partagés d'avis sur les représentans du Prophète, demeuraient d'accord sur les dogmes (a). Ce ne fut que dans

(a) La cause radicale de toute cette grande querelle, fut l'aversion qu'Aïcha, femme de Mahomet, avait conçue contre

le siècle suivant, que la lecture des livres grecs suscita parmi les Arabes un esprit de discussion et de controverse, jusqu'alors étranger à leur ignorance. Les effets en furent tels que l'on devait les attendre; c'est-à-dire, que raisonnant sur des matières qui n'étaient susceptibles d'aucune

Ali, à l'occasion, dit-on, d'une infidélité qu'il avait révélée au Prophète : elle ne put lui pardonner cette indiscrétion; et après lui avoir donné trois fois l'exclusion au Kâlifat, par ses intrigues, voyant qu'il l'emportait à la quatrième, elle résolut de le prendre à force ouverte. Dans ce dessein, elle souleva contre lui divers chefs des Arabes, et entre autres Amrou, Gouverneur d'Égypte, et Moâouia, Gouverneur de Syrie. Ce dernier se fit proclamer Kalif ou successeur dans la ville de Damas. Ali, pour le déposséder, lui déclara la guerre ; mais la nonchalance de sa conduite perdit ses affaires. Après quelques hostilités, où les avantages furent balancés, il périt à Koufa, par la main d'un assassin ou bâtenien. Ses partisans élurent à sa place son fils Hosain; mais ce jeune homme, peu propre à des circonstances aussi épineuses que celles où il se trouvait, fut tué dans une rencontre, par les partisans de Moâouia. Cette mort acheva de rendre les deux factions irréconciliables. Leur haine devint une raison de ne plus s'accorder sur les commentaires du Qorân. Les Docteurs des deux partis prirent plaisir à se contrarier, et dès-lors se forma le partage des Musulmans en deux sectes, qui se traitent mutuellement d'hérétiques. Les Turks suivent celle qui regarde Omar Moâouia, comme successeurs légitimes du Prophète. Les Persans au contraire șuivent le parti d'Ali.

démonstration

démonstration, et se guidant par les principes abstraits d'une logique inintelligible, ils se partagèrent en une foule d'opinions et de sectes. Dans le même temps, la puissance civile tomba dans l'anarchie; et la Religion, qui en tire les moyens de garder son unité, suivit son sort : alors il ar riva aux Musulmans, ce qu'avaient déjà éprouvé les Chrétiens. Les peuples qui avaient adopté le systême de Mahomet, y joignirent leurs préjugés, et les anciennes idées répandues dans l'Asie se remontrèrent sous de nouvelles formes: on vit renaître chez les Musulmans, et la métempsychose, et les transmigrations, et les deux principes du bien et du mal, et la résurrection au bout de six mille ans, telle que l'avait enseignée Zoroastre dans le désordre politique et religieux de l'état, chaque inspiré se fit apôtre et chaque apôtre, chef de secte. On en compta plus de soixante, remarquables par le nombre de leurs partisans; toutes différant sur quelques points de dogmes, toutes s'inculpant d'hérésie et d'erreur. Les choses en étaient à ce point, lorsque dans le commencement du onzième siècle, l'Egyte devint le théâtre de l'un des plus bizarres spectacles que l'Histoire offre en ce genre. EcouTome II. C

tous les Ecrivains originaux (1). « L'an de l'hed« jire 386 (996 de Jésus-Christ), dit El-Makin, << parvint au trône d'Egypte, à l'âge de onze << ans, le troisième Kalif de la race des Fâtmites, « nommé Hakem-b'amr-ellah. Ce Prince fut «<l'un des plus extravagans dont la mémoire <<< des hommes ait gardé le souvenir. D'abord << il fit maudire dans les Mosquées les premiers « Kalifs, compagnons de Mahomet ; puis il ré<< voqua l'anathême il força les Juifs et les << Chrétiens d'abjurer leur culte ; puis il leur << permit de le reprendre. Il défendit de faire <«<< des chaussures aux femmes, afin qu'elles ne << pussent sortir de leurs maisons. Pour se « désennuyer, il fit brûler la moitié du Kaire, << pendant que ses soldats pillaient l'autre. Non «< content de ces fureurs, il interdit le péle<rinage de la Mekke, le jeûne, les cinq prières; << enfin, il porta la folie au point de vouloir se << faire passer pour Dieu. Il fit dresser un registre « de ceux qui le reconnurent pour tel, et il s'en << trouva jusqu'au nombre de seize mille: cette «< idée fut appuyée par un faux Prophète qui << était alors venú de la Perse en Egypte. Cet.

(1) El-Makîn, lib. I. Hist. Arab.

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