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AN. 1267.

Joinu.

.

Mais le Clement aïant apris qu'il s'étoit croi-
pape
fé, lui écrivit pour l'en feliciter, lui donnant de
grandes louanges; & en même tems il écrivit à
Simon de Brie cardinal de fainte Cecile, à qui il
confirma fes pouvoirs de légat en France: y ajoû-
tant la legation pour la croifade: & la commiffion
tant-la
de lever la decime qu'il avoit accordé au roi pour'
trois ans, en faveur de cette expedition fur tous
les revenus ecclefiaftiques de France. Il en excep-
toit ceux des trois ordres militaires des Hospita-
liers, des Templiers & des chevaliers Teutoniques,
& des ecclefiaftiques croifés qui partiroient au pre-
mier paffage. Ces lettres font du cinquième de

Mai 1267.

Le clergé de France s'opofa fortement à cette decime, & nous avons la lettre du chapitre de Reims & des autres cathedrales de la même proMarlot. 10.2. p. vince, où ils emploïoient à peu prés les mêmes "Sup. liv. LXXIV. raifons que Pierre de Blois aportoit contre la dîme 15. Petr.Bl. ep. Saladine quatre-vingt ans auparavant. Nôtre cler

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gé fe plaignoit donc des diverfes exactions par lefquelles on reduifoit en fervitude l'églife Gallicane. Il attribuoit la perte de Jerufalem à la malediction attachée aux decimes, & le fchifme des Grecs aux exactions de la cour de Rome: enfin il trouvoit mauvais qu'on emploïât avec tant de rigueur les cenfures ecclefiaftiques pour faire paiïer ce nouveau tribut. Les deputés ajoûterent de vive voix, que le clergé de France aimoit mieux foufrir les excommunications que d'obéir à cet ordre du pape: étant fermement perfuadé que les exactions

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ne cefferoient que quand on cefferoit de s'y fou- AN. 12 67.

mettre.

Le pape répondit par une lettre dattée du vingt- Rain. n. 55 quatrième de Septembre 1267. où il dit en fubftancé: C'est une grande temerité d'attribuer à la levée des decimes, les mauvais fuccés des armes chrétiennes contre les infideles, puifque Dieu permet souvent en cette vie que les juftes fouffrent des afflictions, feulement pour exercer leur vertuj fans qu'ils les aïent meritées, & vous voïés comme l'affaire de Sicile a heureufement réüffi, quoi qu'elle ait été pour une grande partie foûtenue par le produit des decimes. Quant au fchifme des Grecs, le pape l'attribue à Photius, qui en est effectivement eftimé le premier auteur, & du tems duquel on ne fe plaignoit pas encore des exactions de la cour de Rome. Mais nous avons vu que vers le Spicil.to:13. milieu du douzième fiecle Nechités archevêque Sup. liv. Lx1x." de Nicomedie, alleguoit pour une des caufes du fchifme, la hauteur & l'efprit de domination des Romains ; & Germain patriarche de C. P. dans fa lettre au pape Gregoire IX. dit expressément : Plufieurs puiffans vous obéïroient, s'ils ne craignoient les exactions & les redevances induës.

Le pape Clement continue: Vous ne deviés pas traiter de tribut & de fervitude la fubvention ordennée pour un tems par la pleine puiffance da faint fiege, pour le fervice particulier de J. C. ni nous imputer les cenfures que s'attirent les debiteurs qui refusent opiniâtrement de païer ce qu'ils doivent. Vous ne devés pas croire non plus que

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2.42

to. 11. conc p.

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Supl. iv. LXXX

n 20.

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AN. 1267. nous manquions de moïens pour punir la défobéiffance de ceux qui méprifent infolemment les cenfures: nous pouvons les priver de leurs benefices & les rendre incapables d'en avoir d'autres, les dépofer, les. degrader; & faire executer nos ordres par l'imploration du bras feculier. Mais vous devriés mourir de honte, de retarder par vôtre oppofition le fecours de la terre fainte dans l'extremité où elle eft reduite, tandis que vôtre rọi & tant de feigneurs François s'y preparent fi genereusement vous qui auriés dû les prevenir & leur montrer l'exemple. Il conclud en leur ordonnant de païer la decime, fans avoir aucun égard à leurs oppofitions.

LII. Devotions de faint Louis.

Launoi de Magd.
Tim.fo.2. p.35.

P.67. c.

Sup. liv.LXXXIII. n. 48.

Cependant le roi faint Louis alla à l'abbaïe de Vezelai au diocéfe d'Autun, où il assista à la tranflation des reliques de fainte Marie Madeleine, que l'on croïoit y avoir depuis plufieurs fiécles : ce qui montre qu'il ne croïoit pas trop qu'elles fuffent à la fainte Baume en Provence, quoi qu'il y eût été treize ans auparavant. Au voïage de Vezelai, il fut accompagné par le légat Simon de Brie ils affifterent enfemble à la translation des reliques, qui fe fit le vingtiéme d'Avril 1267. pour les mettre dans une châffe d'argent; ils retinrent l'un & l'autre quelques parties de ces reliques, & donnerent des atteftations autentiques de cette tranflation.

Le faint roi se preparoit à fon voïage en continuant fes exercices ordinaires de picté, que j'eftime à propos de raporter ici, fuivant le recit de fon

Duchene to. Jo

Confeffeur Geofroi de Beaulieu, & de fon chapel- AN. 1267. lain Guillaume de Chartres, tous deux de l'ordre des freres Prêcheurs. Il vouloit entendre tous les P.456. jours tout l'office canonial, même les heures de la Vierge avec le chant; & fi c'étoit en voyage marchant à cheval, il fe contentoit de le réciter avec fon chapellain. Il difoit auffi tous les jours l'office des morts à neufleçons, même aux fêtes les plus folemnelles. Il ne manquoit guere à entendre deux meffes chaque jour, & fouvent il en entendoit trois p. 45 ou' quatre. Il aimoit à entendre des fermons, & quand ils lui plaifoient il les retenoit, & sçavoit bien les repeter aux autres.Or ayant appris que quelques feigneurs murmuroient de ce qu'il entendoit tant de. meffes & de fermons, il répondit : Si je paffois deux fois autant de tems à jouer aux dez, ou à courir par les bois en chaffant aux bêtes ou aux oifeaux, perfonne n'en parleroit.

Sa coûtume fut pendant quelque tems de fe lever à minuit pour affifter aux matines que l'on chantoit dans fa chapelle; & avoir au retour le loifir de prier en repos devant fon lit. Car, difoitil, fi Dieu me donne alors quelque mouvement de devotion, je ne crains point d'être interrompu. Il demeuroit ainfi en priere autant que les matines avoient duré dans l'églife. Mais comme les affaires l'obligeoient de fe lever afsez matin, & que ces veilles pouvoient l'affoiblir beaucoup, particulierement la tête, il fe rendit aux confeils & aux prieres des perfonnes fages, & remit les matines & fes autres prieres au matin. Pendant que

A N. 1267.

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l'on chantoit l'office, il ne vouloit point qu'on lui parlât, finon pour quelque chofe de preffé & en peu de mots. Tous les jours aprés fon fouper, il faifoit chanter folemnellement complies dans fa chapelle, & à la fin l'antienne particuliere de la Vierge, puis il fe retiroit à fa chambre, où un prêtre venoit faire l'afperfion de l'eau benite tout2. 460. au-tour, particulierement fur le lit. Ayant vû chés quelques religieux, qu'à la meffe à ces paroles du Credo, Et homo factus eft, le choeur s'inclinoit profondement; cet ufage lui plût tellement, qu'il l'introduisît dans fa chapelle & dans plufieurs autres églifes, avec la genuflexion au lieu de la fimple inclination. Il imita de même ce qui fe pratiquoit en quelques monafteres, à la lecture des quatre paffions pendant la femaine fainte, de fe profterner & demeurer quelque tems en priere, lors qu'on dit que J. C. expira ; & de là nous viennent ces deux pieufes coûtumes. Il rappella l'usage de benir-les images. des faints avant que de les expofer à la veneration publique.

2:451.

12:450.

Son abftinence étoit grande. Toute l'année il jeûnoit le vendredi; & ne mangeoit point de viande le mercredi, il s'en abftint auffi le lundi pendant quelque tems; mais il ceffa par confeil à cause de la foibleffe de fon corps. Les vendredis de carême & de l'avent, il ne mangeoit ni fruit ni poiffon. Il mettoit beaucoup d'eau dans fon vin. Il jeûnoit au pain & à eau le vendredi faint & les veilles des quatre principales fêtes de la Vierge, & quelques autres jours de l'année. Il fe confeffoit

tous

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