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craindre, que s'il marchoit contre les infideles, les Latins n'attaquaffent ses terres qui demeureroient fans défenfe. A quoi le pape lui répondit, qu'il lui étoit facile de fe delivrer de cette crainte, en fe réüniffant à l'église Romaine.Et ne dites point, ajoûtet'il, que le refus de l'obéïffance qui nous est duë ne vous doit point être imputé, ni à vôtre peuple,mais aux prélats & au clergé : nous favons que vous avés fur eux plus de pouvoir qu'il ne feroit convenable. La lettre eft du dix-feptiéme de Mai 1267.

AN. 1267.

C.P.liv. v. n.49.

La crainte que Paleologue avoit des Latins n'é- Ducange hist. toit pas fans fondement. Dans ce même tems l'empereur Baudouin vint à Viterbe où étoit le pape, & en fa prefence fit un traité avec Charles roi de Sicile, par lequel ce prince promettoit de lui donner à fes dépens dans fix ans, deux mille chevaliers pour le recouvrement de l'empire de C. P. & les entretenir pendant un an. En confideration de quoi, Baudouin lui cedoit la feigneurie directe de la principauté d'Achaïe & de la Morée, apartenant à Guillaume de Ville-hardoüin, enforte qu'elle ne releveroit à l'avenir que du roïaume de Sicile. Il céda auffi au roi Charles les terres que Michel defpote d'Epire avoit données à fa fille Helene, en faveur du mariage avec Mainfroi, & le tiers de ce que les deux mille chevaliers pourroient conquerir. Il fut encore convenu, que Philippe fils & presomtif heritier de Baudoüin, épouseroit Beatrix fille de Charles; & que s'ils mouroient fans enfans, les droits fur l'empire de C. P. pafferoient à Charles & aux rois de Sicile fes fuc

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AN. 1267.

LVI.

Vienne.

Rain. 1265. so.

to. 11. conc. p.

1

ceffeurs. Ce traité fut fait dans la chambre du pape, le vingt-feptiéme de Mai 1267. Dés lors le roi Charles étoit maître de Canine en Epire à l'entrée du golfe de Venise, de l'ifle de Corfou & des terres de la princeffe Helene; ainfi il avoit l'accés libre dans l'empire de Romanie.

par

Il y avoit déja deux ans que le pape Clement Concile de avoit envoïé pour légat dans les païs du Nort, Gui cardinal prêtre du titre de faint Laurent, auparavant abbé de Cîteaux. Sa légation s'étendoit au Danemarc, à la Suede & à une grande partie de l'Allemagne & de la Pologne, favoir aux provinces de Breme, de Magdebourg, de Salsbourg & de Gnefne: comme on voit fa commiffion 858. ex Sterone. dattée du huitiéme de Juin 1265. Ce légat tint un concile à Vienne en Auftriche le dixiéme de Mai 1267. où affifterent fix évêques, favoir Jean de Prague, Pierre de Passau, Conrad de Frisingue, Leon de Ratisbone, Brunon de Brixen & Amauri de Lavant en Carniole; avec grand nombre d'abbés, de prévôts, d'archidiacres & de doïens. On y publia une conftitution de dix-neuf articles affés femblables à celle du fynode tenu à Cologne l'année precedente. En celle-ci on ordonne aux clercs qui entretiennent publiquement des concubines, de les quitter dans un mois, à peine d'être privés deflors de leurs benefices. On défend la pluralité des benefices fans dispense. On ordonne le païement des dîmes, comme étant de droit divin. On défend aux clercs feculiers ou reguliers d'avoir recours à la protection & aux

Sup. n. 43.

c. 6.

6. 7.

6.9.

armes des laïques, pour fe défendre de la correction
de leurs fuperieurs: fous peine d'être privés de
leurs benefices. Les abbés & les moines de l'ordre
de faint Benoît s'étoient relâchés en plufieurs lieux,
jufques à mener une vie fcandaleufe. C'eft pour-
quoi le concile ordonne à tous les évêques de la
province de prendre chacun deux abbés de l'ordre
de Citeaux, & de vifiter dans fix mois tous les
convents de moines noirs de fon diocése, pour les
reformer; excepté ceux qui font immediatement
foumis au faint fiége, que le légat fe charge de vi-
fiter en perfonne ou par d'autres commiffaires.
Les derniers articles regardent les Juifs. Ils porte-
ront un bonnet à corne pour se diftinguer des
fe
Chrétiens. Ils païeront au curé les dîmes, & toutes
les autres obventions que rendroient les Chrétiens
qui logeroient dans leurs maisons. On prend plu-
fleurs precautions pour empêcher qu'ils ne perver-
tiffent les Chrétiens,

AN. 1267.

C. 130

c. 15. 16.&.c.

to. 11. conc. p. 85.8.

Le légat paffa enfuite en Pologne, & le vingthuitiéme de Juin la même année 1267. il arriva à Cracovie, où le roi Boleflas le chafte, & l'évêque ex Michov. Paul allerent en proceffion au devant de lui. Delà il pafla Breslau, où à la Chandeleur fecond de Fevrier 1268. il celebra un concile national auquel se trouverent huit évêques : Janusse archevêque de Pofnanie, ou plûtôt de Gnefne, Paul évêque de Cracovie, Thomas de Breflau, Volimir de Vladiflavie, Nicolas de Pofnanie, Thomas de Ploco, Guillaume de Lufuc & Henri de Culm. Le légat y prêcha la croisade pour le fecours de la terre fainte,

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& on mit des troncs à cette fin dans les principales églifes.

Le pape Clement fut averti, que le docteur Thierri de Baviere chanoine de l'église de Hambourg, voulant paroître plus favant que les autres, avoit enseigné & prêché publiquement, que e corps de J. C. n'est pas veritablement ni proprement au facrement de l'autel, mais feulement par fignification; & qu'on ne le prend pas corporellement, mais spirituellement: enfin que le ciel s'ouvre, que les anges

:

descendent, & que les efpeces font enlevées au ciel où fe fait la tranffubftantiation. C'est ainfi qu'il expliquoit ces paroles du canon de la meffe: Commandez que ceci soit tranfporté par les mains de vôtre faint ange, & le reste. Thierri fut denoncé pour ce fujet en plein fynode à Hildebolde archevêque de Brême, qui l'aïant fommé de répondre à l'accufation, le docteur le refufa difant qu'il étoit prêt d'aller fe juftifier en cour de Rome, s'il étoit befoin. L'archevêque en demeura là; & loin de proceder contre Thierri, il traitta ensuite de le faire chanoine de son église. L'histoire nous aprend qu'Hildebolde, comme les autres prélats d'Allemagne, étoit moins occupé de la doctrine que de la guerre pour la confervation & l'augmentation de fon temporel.

Sur cet avis le pape lui écrivit, lui faisant des reproches de fa negligence en une affaire si grave. Il lui ordonne d'obliger ce docteur par les cenfures ecclefiaftiques à retracter publiquement ses er

reurs, les abjurer & enfeigner les verités contraires. S'il le refufe ou s'il y retombe enfuite, vous le fe- AN. 1267. rez arrêter, dit le pape, & nous l'envoierez fous bonne garde, pour être traité felon fes merites; & vous nous inftruirez promptement par lettres de tout ce que vous aurez fait fur ce fujet.

Maurin chanoine de Narbonne avoit fuccedé au

Gall. ch. to. I.

p. 386.

pape Urbain dans le fiége archiepifcopal de cette églife, & le pape avoit confervé pour lui une Rain. n. 35affection finguliere. Voici la lettre que le pape lui adressa le vingt-huitiéme d'Octobre 1264. Je vous écrits confidemment fans que perfonne le fache, excepté celui qui a écrit cette lettre; qu'on m'a dit depuis peu; qu'étant en cette cour vous avez dit à un homme confiderable, qui parloit avec vous du facrement de l'autel, que le corps de nôtre feigneur J. C. n'y eft pas effentiellement, mais feulement comme la chofe fignifiée est sous le figne; & vous avez ajoûté que cette opinion étoit celebre à Paris. Ce difcours s'eft coulé fecrettement, & étant enfin venu jufques à moi, il m'a fort fcandalifé, & j'ai eu peine à croire que vous ayez dit une herefie fi manifefte. Il l'exhorte à ne pas imputer cette erreur à l'école de Paris, & à fe conformer à la créance de l'églife. L'archevêque Duboulai tom, x, de Narbonne repondit par un écrit où il detefte P. 373. cette erreur, nie abfolument de l'avoir jamais proferée, foutient la doctrine contraire, & l'établit par l'autorité de l'écriture & des docteurs catholiques.

LVIII.

Guillaume de la Brosse archevêque de Sens s'é- Pierre de Charni

arch. d. Sens.

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