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nous en garde, le chemin nous est ouvert & AN. 1270. facile pour marcher à Jerufalem. Les François répondirent: Nous ne pouvons contrevenir à Bôtre traité, retournons en Sicile & quand l'hiver fera paffé, nous pourrons aller à Acre. Cette réfolution déplût à Edouard; il ne voùlut prendre part ni au traité, ni à l'argent des infideles, qu'il regardoit comme maudit; mais aprés avoir donné un grand repas aux princes François, il fe tint renfermé chez lui. Il fut toutefois obligé de les fuivre en Sicile & d'y paffer l'hyver.

Duch p. 522.

La flotte des François arriva à Trapani, le Spicil. to. 2. p.565. vendredi vingt-uniéme de Novembre, & y fut battuë d'une furieufe tempête, où perirent plufieurs vaiffeaux & environ quatre mille perfonnes. Ce que les Anglois regarderent comme une punition divine de n'avoir pas continué leur voyage vers la terre fainte. Or le nouveau roi Philippe avoit pris la refolution de repasser en France, parce que fon armée étoit trop affoiblie par les maladies, pour former une nouvelle entreprife, & qu'ils n'avoient plus de legat pour conduire la croisade; mais ce qui le détermina le plus, c'étoit les lettres de deux regens Matthieu abbé de faint Denis & Simon de Néelle, qui le preffoient de revenir. Le mardi vingt-cinquième. de Novembre jour de fainte Catherine les rois & les feigneurs qui étoient à Trapani s'assemblerent, & promirent avec ferment de fe trouver au même port, du jour de la Magdeleine en trois

ans,

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c'est-à-dire le vingt-deuxième de Juillet 1274. pré- AN. 1270. parez à passer à la terre fainte, excepté ceux qui auroient une excufe approuvée par le roi de France. Ce prince fut obligé de demeurer encore quinze jours à Trapani, à cause de la maladie de Thibaud roi de Navarre fon beau-frere, qui y mourut le lundi quatriéme de Decembre. Le roi de France continua fon voyage par terre, paffa le Fare de Meffine & traverfa l'Italie.

XI. Erreurs condam

Duboulai to. 3

p. 39.7.

to. 4.p. 1143.

A Paris l'évêque Etienne Tempier condamna plufieurs erreurs que quelques profeffeurs de philofophie & de théologie enseignoient dans leurs nées à Paris. écoles, favoir : Que l'entendement eft un & le même en tous les hommes; Que la volonté de Bibl. pp. Paris l'homme agit par neceffité; Que tout ce qui fe fait ici bas eft foûmis neceffairement aux corps celeftes. Le monde est éternel, & il n'y a jamais eu de premier homme. L'ame étant la forme de l'homme fe corrompt avec le corps. L'ame féparée aprés la mort ne fouffre point l'action du feu corporel. Le libre arbitre eft une puiffance paffive & non active, qui eft mûë neceffairement par l'objet défirable. Dieu ne connoît point les chofes fingulieres; & ne connoît rien que lui-même. Les actions humaines ne font point conduites par la providence divine. Dieu ne peut donner l'immortalité & l'incorruptibilité à ce qui eft corruptible ou mortel. L'évêque aïant affemblé plusieurs docteurs condamna par leur confeil

toutes ces erreurs, le mercredi avant la faint
Nicolas, c'est-à-dire le troifiéme de Decembre
Tome XVIII.
X

AN. 1270. 1270. On y voit la raison de plusieurs questions agitées par faint Thomas, & par les autres docteurs du tems, qui aujourd'hui ne paroîtroient pas dignes d'être propofées.

XII. Retour du roi Philippe.

pour

Le roi de France Philippe continuant for voyage par l'Italie, vint à Rome', où il fit fes Duchef. p. 524 prieres aux tombeaux des apôtres; puis il vint à Viterbe où refidoit la cour de Rome, c'est-àdire, les cardinaux pendant la vacance du faint fiége. Et comme ils ne pouvoient s'accorder l'élection, le podesta de la ville, afin de les y contraindre, les tenoit enfermez dans un palais. Le rož leur rendit visite avec grand refpect & les falua to us par le baiser de paix. Il étoit accompagné du roi Spicil. de Sicile fon oncle, & de plufieurs Seigneurs & tous prierent inftamment les cardinaux de donner promptement un pafteur à l'églife: comme le roi Philippe le manda aux deux regens de fon royaume, par une lettre du quatorziéme de Mars 1271. il continua fon voyage par la Tofcane, la Lombardie & la Savoye, & arriva heureusement

à Paris.

Pendant qu'il étoit à Viterbe, Henri neveu du roi d'Angleterre & fils de Richard élû roi des Romains y étoit auffi. En même tems s'y trou voit Gui de Montfort fils de Simon comte de Leiceftre, qui avoit été tué pendant la guerre civile, & à ce qu'on difoit par le confeil de Henri. Gui de Montfort, voulant dont en tirer vengeance, le furprit dans l'églife de faint Laurent, comme il entendoit la meffe & le tua à coups de coûteau,

ni

fans refpect ni pour l'immunité du faint lieu, pour le tems de carême, ni pour la croix de pelerin qu'il portoit. Le meurtrier fe fauva chés le comte de Tofcane fon beau-pere; mais cette affaire eut des fuites.

AN. 1271,

Louis.

XIII.

p. 465

Le roi Philippe étant arrivé à Paris, fit porter à Noftre-Dame les cercueils qu'il avoit aportés avec lui, contenant les os du roi fon pere, du Duch. p. 525. comte de Nevers fon frere & de la reine Ifabelle sa femme, morte à Cofence en Calabre. On passa toute la nuit à chanter l'office pour eux à plusieurs choeurs fucceffivement avec un grand luminaire ; le lendemain vendredi d'avant la Pentecôte vingtdeuxième de Mai 1271.on porta les cercueils à faint Denis. Les proceffions de tous les religieux de Paris marchoient devant, puis le roi avec grand nombre de feigneurs & de prélats, & une grande foule de peuple, ils marchoient tous à pied & le roi portoit fur fes épaules les os de fon pere. Les moines de faint Denis vinrent audevant, jufques à mille pas, revêtus de chapes de foïe & chacun un cierge à la main, en chantant. Mais quand onvint à l'église on trouva les portes fermées, à caufe de l'archevêque de Sens & de l'évêque de Paris, qui étoient presens revêtus pontificalement : car les moines craignoient que fi les prelats entroient de la forte, ils n'en tiraffent des confequences au préjudice de leur entiere exemption. Il fallut donc qu'ils allaffent hors les bornes de la jurisdiction de l'abbaïe quitter leurs ornemens pontificaux le roi cependant attendant dehors,

:

P. 525!

AN.1271. avec tous les barons & les prelats. Il eft bon de fe fouvenir que Matthieu abbé de faint Denis venoit d'être regent du roïaume. Enfin on ouvrit les portes, le convoi entra dans l'église, on celebra l'office des morts, puis la meffe folemnelle, l'on mit les os du roi faint Louis prés de Louis fon pere & de Philippe Augufte fon aïeul. On les mit dabord dans un tombeau de pierre; mais on le couvrit depuis d'une tombe richement ornée d'or & d'argent, d'un ouvrage exquis. Il fe fit incontinent plufieurs miracles au tombeau du faint roi, qui furent écrits fidelement par ordre de l'abbé de faint Denis.

P. 475

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Peu de jours aprés, on apporta à faint Denis le d'Alfonfe comte de Poitiers frere de faint corps Louis, mort à Corneto en Toscane, au retour du voïage de Tunis. La comteffe Jeanne fa femme mourut quelques jours aprés lui; & comme elle étoit heritiere du comté de Touloufe, & qu'ils n'avoient point laiffé d'enfans, ce comté revint à la couronne de France, fuivant le traité fait à. Paris en 1229. Le fenêchal de Carcaffone en prit poffeffion au nom du roi Philippe & étant venu à Toulouse, lui fit prêter ferment par les capitouls le sciziéme de Septembre la même année 1271. en prefence de plufieurs témoins, dont le premier fut Bertrand évêque de Touluse. L'évêque Raimond de l'ordre des freres Prêcheurs mourut l'année precedente, trente-neuviéme de fon pontificat, le vingt-neuviéme d'Octobre ; & le chapitre élut d'une voix pour lui fucceder, Bertrand

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