Imágenes de páginas
PDF
EPUB

qu'on defigne un lieu dans votre royaume pour AN. 1273. traiter la paix avec eux.

Penfez-vous à quel peril vous vous exposez, fi vous attendez que nous exercions contre vous la rigueur de la justice en vous excommuniant, mettant vôtre royaume en interdit, & déchargeant vos fujets du ferment de fidelité? Vous ferez bien mieux d'obeïr humblement au legat & vous reconcilier aux prelats, fans écouter ceux qui vous conseillent de vous engager dans des procès, par des appellations frivoles aufquelles nous ne deferons plus. Ces menaces appuyées des remontrances du legat, eurent leur effet, comme nous voyons par une lettre du roi Eric dattée du fecond jour d'Avril 1269. & adreffée au pape le nom en blanc, parce que faint fiége étoit vacant. Par cette lettre le roi declare qu'en confequence des pouvoirs qu'il a donnez à Nicolas fon chancelier, & à Pierre archidiacre d'Arhus, il foûmet à l'arbitrage du pape, ou de telle perfone qu'il voudra commettre, les differens qu'il a avec l'archevêque de Lunden, les autres évêques & les ecclefiaftiques qui y font nommez.

le Rain. 1269. n.

La longue vacance du faint fiege éloigna la décifion de cette affaire, qui fut terminée fous le pontificat de Gregoire X. Car en 1272. l'archevêque de Lunden étant à Orviete à la cour du pape, declara par fes lettres patentes, qu'il remettoit toutes ses pretentions pour les matieres fpirituelles à des arbitres ecclefiaftiques, & que s'ils ne s'accordoient pas, on en feroit le rapport au

n. 107

AN. 1273.

XXX.

leologue pour la

réunion.

Pachym. v. c. 12,

[ocr errors]
[ocr errors]

pape. Quant aux matieres profanes le roi & lui choifirent des amis communs pour les decider.. Qu'il retourneroit à fon église si le roi lui donnoit un fauf conduit foufcrit de vingt seigneurs/ Danois; & qu'il en uferoit bien avec ceux, qui pendant fon absence s'étoient emparez des benefi-ces de fa collation. Le roi Eric confentit à ces conditions d'accommodement, par acte donné à Nicoping le jour de faint. Mathias vingt-quatrième de Février 1273. L'archevêque Jacques Erland. mourut l'année fuivante: 1274. & au mois de Mais de la même année Pierre évêque de Roschild declara par une lettre patente, que tous les differens qu'il avoit eu avec le roi Eric & fa mere, tant en cour de Rome qu'en Danemarc, avoient été ter minez à l'amiable..

Cependant l'empereur Michel Paleologue pref-Inftances de Pa- foit toûjours l'affaire de l'union des églifes; & un jour que le patriarche Joseph, les évêques & quelques-uns du clergé étoient affemblez au tour de lui, il leur en parla avec beaucoup de poids, mêlant à fon ordinaire de la terreur. Il leur montroit, que l'on pouvoit traiter avec les Latins fans aucun danger, & leur apportoit l'exemple de ce qui s'étoit› paffé, fuivant les inftructions que lui en avoient donné l'archidiacre Meliteniote, George de Chipre & le reteur Holobole. Il leur reprefentoit done: que l'empereur Vatace, les évêques & le patriarche Sup. Manuel, avoient envoyé des évêques, pour promettre de celebrer la liturgie avec les Latins & fair

AN. 1273.

re mention du pape, pourvû qu'il s'abstint d'envoyer du fecours aux Latins qui étoient à C. P. L'empereur fit remarquer à l'affemblée des prelats la difference de l'état des affaires en ce tems-là & au tems prefent ; & leur reprefenta les lettres des évêques d'alors; ou fans accufer aucunement les Latins d'heresie, il les prioit feulement d'ôter du fymbole l'addition Filioque, la laiffant dans leurs écrits. Il leur reprefentoit encore que les Grecs ne faifoient point de difficulté de communiquer avec les Latins dans les plus grands facremens, ni de les recevoir s'ils vouloient embraffer leur rite, en changeant feulement de langue. Qu'y a-t-il contre les canons, ajoûtoit-il, de nommer le pape dans les prieres ; puifque c'est l'usage. d'y en nommer tant d'autres qui ne font point papes, quand ils fe trouvent prefens? Le mal eft encore moindre de le nommer frere & premier, puif- Lucixvs. 24. que le mauvais riche nommoit bien Abraham for pere, quoiqu'il en fut fi éloigné en toutes manieres. Et fi nous accordons encore les appellations, y aura-t'il presse à paffer la mer pour aller plaider fi loin?

L'empereur ayant ainfi parlé, le patriarche s'attendoit que le cartophylax Jean Veccus le refuteroit auffi-tôt. Mais voyant que la crainte le retenoit, il lui commanda fous peine d'excommunication de déclarer quel étoit fon jugement touchant les Latins. Veccus preffé des deux côtez avoua franchement qu'il aimoit mieux s'expofer

[blocks in formation]

à la peine temporelle qu'à la fpirituelle ; & s'expliquant au fonds il dit, que quelques-uns ont le nom d'heretiques fans l'être, d'autres le font fans en avoir le nom, & les Latins font de ce genre. Ce dif cours r'affura fort le patriarche & irrita l'empereur, qui ne pouvant le fouffrir, rompit auffi-tôt l'affemblée.

*

Quelques jours aprés il fit accufer Veccus devant le concile d'avoir prévariqué dans une am. baffade. Veccus foûtint que l'accusation étoit surannée, & que fa veritable partie étoit l'empereur, contre lequel il ne pouvoit fe défendre, les évêques s'excuferent de prendre connoiffance de l'affaire, difant qu'un clerc du patriarche ne pouvoit être jugé fans fa permiffion; mais le patriarche n'avoit garde de le permettre, car ayant trouvé un tel défenfeur de fon opinion, il vouloit la foutenir. Ainfi cette tentative de l'empereur fut inutile. Cependant Veccus l'alla trouver, & le fupplia de n'avoir point de reffentiment contre lui, puisqu'il n'étoit point coupable. Il offrit même de quitter fa dignité de cartophylax & fes revenus, plûtôt que de faire un fchifme dans l'église ou perdre les bonnes graces de l'empereur, enfin il fe foumettoit à l'exil. L'empereur voulant couvrir la honte qu'il avoit de fa colere par une apparence d'humanité, le renvoya chez lui fans rien dire. Veccus ne s'attendant qu'à être exilé, fe refugia dans la grande églife; mais l'empeureur voyant qu'il ne pouvoit venir à bout de fon deffein, lui envoya un ordre de leve

nir trouver, le traitant avec toute forte d'honneur; & quand il se fut mis en chemin, il le fit mettre en prifon.

AN. 1273.

Enfuite l'empereur fe fervant des favans qu'il avoit auprés de lui, dont les principaux étoient c. 14. l'archidiacre Meliteniote & George de Chypre, compofa un écrit, où il prouvoit par des histoires & par des autoritez que la doctrine des Latins étoit fans reproche, & l'envoya au Patriarche, avec ordre d'y répondre inceffamment, mais feulement par les hiftoires & les paffages de l'écriture; declarant qu'il ne recevroit pas ce que le patriarche avances roit de lui-même. L'empereur parloit avec cette confiance, ne croyant pas que perfonne entreprit de lui répondre aprés qu'il s'étoit affuré de Veccus. Mais le patriarche avec fon concile ayant déliberé fur cet écrit, affembla ceux qui étoient dans fes sentimens, entre lefquels étoient quelques-uns de ceux qui avoient fait schisme contre lui, mais ils se réuniffoient pour ce qu'ils fe croyoient être la cause commune de l'églife. Eudoxe foeur de l'empereur fe trouva auffi à cette affemblée, & tout ce qu'il y avoit de moines & de favans opposez aux Latins.

On lut l'écrit de l'empereur, & le moine Job Jafite fe chargea d'y répondre avec le fecours de quelques autres, entre lefquels étoit l'hiftorien George Pachymere. La réponse étant compofée fut lûe dans l'affemblée, on y corrigea les expreffions qui fembloient trop dures pour l'empereur, & on la lui envoya. L'empereur l'ayant lûe exactement fe

« AnteriorContinuar »