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trouva fruftré de son efperance; & feignant de la AN. 1273 mépriser, il differa de la faire lire publiquement, puis voyant fon entreprise manquée de ce côté-là, il refolur de gagner Veccus.

XXXI. Converfion de

Veccus.

c. 3.

Pour cet effet il lui fit donner dans fa prifon tous les paffages de l'écriture & des peres qui paroiffoient favorables aux Latins ; & comme Veccus étoit homme droit aimant en tout la verité,il.commença à douter s'il ne s'étoit point trompé jus ques alors; car il avoit plus étudié les auteurs profanes que les faintes écritures. Il demanda à voir les livres entiers dont on avoit tiré ces paffages: afin de les lire exactement, & de fe perfuader folidement de la créance des Latins s'il la trouvoit veritable, ou pour dire les raifons qui l'empêchoient de s'y rendre. L'empereur le tira de prison & lui 16. p. 266. fit donner les livres pour les étudier à loifir: ce qu'il fit avec tant de fuccés, qu'il trouva la réunion facile, & qu'on ne pouvoit reprocher aux Latins que l'addition au fymbole. Il fut touché entre autres du paffage de S. Cyrille, qui dit, que le S. Efprit eft fubftantiellement de tous les deux, c'est-à-dire, du Pere par le Fils; & de celui de faint Maxime, qui dit dans une Lettre à Rufin: Par où ils montrent qu'ils ne difent pas que le fils foit la cause du saint Efprit; mais qu'il procede par lui, & prouve par là l'union & l'infeparabilité de la substance. Enfin faint Athanafe dit, qu'on reconnoît le faint Efprit au rang des perfonnes divines, en ce qu'il procede de Dieu par le fils & n'est pas fon ou

vrage, comme difent les heretiques. Veccus ayant AN. 1273. ainui mis fa confcience en repos, fe declara pour la paix, & l'empereur en conçût dés-lors une grande efperance. Il preffoit donc les évêques d'y confentir, afin de ne pas retenir plus long-tems les nonces du pape.

Mais avant que Veccus fe fût declaré, le moine .1. Job craignant que le patriarche Jofeph ne cedât enfin aux instances de l'empereur, lui conseilla de faire une déclaration par écrit, de l'envoyer à tous les fideles & la confirmer par ferment, pour montrer qu'il ne vouloit point la réunion avec les Latins. Le patriarche fuivit ce confeil; mais avant que d'envoyer la déclaration, il voulut fonder les évêques, pour favoir s'il tiendroient ferme jusjufques à la fin. Les ayant affemblez, il leur fit lire la déclaration ; & tous, excepté les plus prévoyans, y confentirent & y foufcrivirent. L'empereur fut fort affligé que le patriarche fe fut engagé de la forte; car autant il fouhaitoit que l'union fe fit, autant fouhaitoit-t-il que ce fut par ce prélat ; mais la converfion de Veccus le confola.

Il renvoya donc au pape deux de fes nonces: Raimond Berenger & Bonaventure de Mugel, tous

deux freres Mineurs envoyez l'année precedente à Sup. n. 18. C. P. & retint les deux autres pour les renvoyer avec to. 11. conc. p. 350 ses ambaffadeurs. Il chargea ces deux-ci d'unelettre, Rain. 1273 n. 44 où il témoigne la joye que lui a donné la lettre du pape; c'eft celle du vingt-quatre d'Octobre 1272. & fon empreffement pour l'union des églises; se Tome XVIII.

Cc.

AN. 1273

Rain. n. so.

remettant aux nonces pour inftruire le pape des bonnes difpofitions où ils ont laiffé les Grecs. Il reprefente combien cette union fera utile à la guerre contre les infideles, & prie le pape de procurer la fureté du voyage aux ambaffadeurs qu'il promet d'envoyer inceffamment pour le concile. Le pape dans fa réponse témoigne quelque défiance en diConc. p. 354. fant Plufieurs perfonnes confiderables affurent que les Grecs tirent en longueur le traité d'union par des difcours artificieux & peu finceres; c'est pourquoi ils nous ont fouvent voulu détourner de vous envoyer des nonces. Ce que nous vous écrivons pour vous exciter d'autant plus à procederen cette affaire efficacement & fincerement;afin de fermer la bouche à ceux qui parlent ainfi ; & qui remarquent le long féjour de nos nonces, & difent que l'on a fouvent affecté de tels delais, efperant quelque occafion imprevûe de rompre la négociation. La lettre eft dattée de Lion, le vingt-troifiéme de Novembre 1273. En même tems le pape écri vit à Philippe empereur titulaire de C. P. & à Charles roi de Sicile, pour les prier de donner entiere fûreté aux ambaffadeurs de Paleologue..

Lion..

XXXII.

Il n'y avoit pas long-tems que le pape Gregoire Gregoire X. à étoit à Lion. Etant parti de Florence il vint en Lombardie, & le mardi troifiéme d'Octobre il arriva à Plaisance accompagné d'Otton Visconti archevêque de Milan, qui étant toûjours banni par la faction des Turriens efperoit rentrer dans fa patrie avecle pape dont il étoit parent. Mais appre

Sup. n. 23...

Corio. 2. par. p. 307.

Sup liv. LXXX I.

12244.

AN. 1273.

nant les menaces des Turriens & du peuple de Milan, qui prenoit déja les armes, il craignit pour fa perfonne, & fe retira à Pavie. Le vendredi fixiéme d'Octobre, le pape arriva à Lodi & le dimanche huitiéme à Milan, où les Turriens le reçûrent avec tout l'honneur poffible; mais comme il étoit mal satisfait de cette faction opposée à sa famille, il entra dans la ville fans fe montrer, affis dans un chariot couvert, & donnant feulement la benediction par une portiere. Il étoit accompagné de quelques cardinaux, entre autres de faint Bonaventure, qu'il Vading. 1273.7. avoit élevé à cette dignité aux quatre tems de la Pentecôte cette même année.

Entre les cardinaux étoit auffi Vicedomo Vice. domi neveu du pape, du même ordre des freres Mineurs, & auparavant archevêque d'Aix: d'où le pape le faifoit cardinal, le transfera à l'évêché de Palestrine & lui donna Grimier pour fucceffeur dans le fiege d'Aix, par la Bulle du quatriéme de Sepembre 1272.

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10.

Ibid. n. 13.

Sup.n. 23.

Ugbel. to. 1.p.242.

Le pape Gregoire ne féjourna que trois jours Corio. p. 388. à Milan, n'y donna point d'indulgences & ne fe laiffa prefque voir à perfonne. Il en partit à cheval la nuit du mercredi, fans autre compagnie que de fes gens. On difoit qu'il en avoit ainfi ufé pour le mécontentement qu'il avoit reçû au fujet de l'archevêque Otton. En arrivant à Lion il tomba ma- Rin. 1273. n. 40. lade de la fatigue du chemin, enforte qu'il ne put affister à la meffe folemnelle le jour de la dedicace de faint Pierre de Rome, qui eft le dix-huitième de Novembre.

Ccij

AN. 1273.

Sup. liv. LXXXII.

n. 22.

32.4.

L'archevêque de Lion étoit alors Pierre de Tarantaise de l'ordre des freres Prêcheurs. Philippe de Savoïe, que le pape Innocent IV. avoit destiné à ce grand fiége dés Fan 1245. en poffeda les revenus vingt-trois ans : mais feulement en qualité d'élu, Gall. chv. to. 1. p. Car il ne reçut jamais les ordres facrés, & fa vie étoit plus militaire qu'ecclefiaftique. Enfin fon frere Pierre comte de Savoïe étant mort aprés l'avoir inftitué fon heritier, il quitta en 1268. l'archevêché de Lion, l'évêché de Valence, & fes autres benefices, & époufa Alix fille d'Otton comRain 1172 n. 68. te de Bourgogne. Ce fut donc à fa place que le pape Gregoire X. pourvût de l'archevêché de Lion, frere Pierre de Tarantaise, mais feulement en 1272. Il étoit docteur fameux dans fon ordre, avoit enseigné à Paris aprés faint Thomas, & étoit alors provincial. Avant fon facre il fit hommage au roi Philippe pour les biens fituez auSpicil. io. 1. p. deça de la Saone, par acte du fecond jour de De

250.

XXXII

de Monfort. Sup. n. 18.

cembre 1272.

par

:

Comme Edouard roi d'Angleterre avoit demanPenitence de Gui dé juftice au pape Gregoire, du meurtre commis en la perfonne de Henri d'Allemagne son cousin, Gui de Monfort le pape lui rendit compte de ce qui s'étoit paffé en cette affaire par une lettre où il dit: Quand nous fumes venus à Florence; Gui de Monfort nous envoïa fa femme & plufieurs autres perfonnes, demander inftamment la permiffion de venir en nôtre prefence, affurant qu'il étoit

Rain. 1273. 41.

preft d'obéir à nos ordres: mais nous voulûmes

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