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ANI 274.

6.19.

de fentimens, parce que chacun est libre de fui vre l'avis qui lui femble le plus raifonnable & mê→→ me d'en changer. Ils ajoûterent, qu'il ne leur étoit pas permis par les canons de dire leur avis en commun fans le patriarche auquel ils étoient foumis : mais qu'ils le diroient chacun en particulier s'ils étoient interrogés. L'empereur les interrogea donc, & quelqu'un refufa tous les trois articles, difant qu'il falloit conferver à la pofterité la tradition qu'ils avoient reçû. Que fi l'état étoit menacé de quelque peril, ce n'étoit pas à eux de s'en mettre en peine finon pour prier: mais que c'étoit à l'empereur de ne rien omettre pour procurer la fûreté publique par d'autre moyens. Quelques-uns acCordoient la primauté & l'appellation, parce qu'on pouvoit le faire de parole fans venir à l'execution : mais de nommer le pape à la priere, ils difoient que c'étoit communiquer avec ceux qui avoient alteré le fymbole de la foy, Xiphilin grand œconome ufant de la confiance que lui donnoit fon grand âge & fa familiarité avec l'empereur, lui prit les genoux & le conjura de prendre garde, qu'en vou lant détourner une guerre étrangere, il n'en exci¬ tât au dedans une plus dangereufe.

L'empereur demeura quelques jours en repos, & apprit que les ecclefiaftiques étoient en grande agitation, parce que ceux qui étoient demeurés fermes dans le fchifme, & ceux qui avoient cedé à les inftances, fe regardoient mutuellement com→ me excommuniés. Alors il compofa un écrit au

fujet de la foumiffion qui lui étoit dûë, & leur fit foufcrire à tous, pour pouvoir dire qu'il avoit leurs foufcriptions, quoique fur un autre sujet que celui dont il étoit queftion. Enfuite il envoya faire la recherche dans leurs maisons, fous pretexte qu'elles lui appartenoient toutes comme ayant conquis C. P. & qu'ils les avoit données gratuitement à ceux qui lui étoient affectionnés : mais qu'il revoquoit cette grace à l'égard des rebelles, & leur faifoit payer le loyer pour la jouiffance paffée. Sous ce pretexte on faififfoit & on enlevoit les meubles. On preparoit fur mer des bâtimens pour envoyer en exil les coupables : & en effet on en tranfporta en divers ifles & en des villes éloignées : quelques-uns se soumirent à la volonté de l'empereur avant que de fortir du port & revinrent.

Le clergé Grec voyant donc le peril qui le menaçoit, fupplia l'empereur de fufpendre les effets de fa colere, jufques au retour des ambaffadeurs qu'il avoit envoyés au pape : mais ils n'obtinrent rien quelques inftances qu'ils fiffent. Au contraire on leur declara expreffément, qu'ils feroient reputés criminels de leze-majefté, s'ils ne donnoient leurs foufcriptions. Et comme quelques-uns s'en défendoient, craignant que l'empereur n'ajoûtât aux articles de l'union, il publia une declaration fcellée en or, où il promettoit fous des maledictions & des fermens terribles, qu'il n'obligercit perfonne à ajouter au fymbole un ïota, & ne demanderoit autre chofe que les trois articles de la

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AN. 1274. primauté, l'appellation & la nomination aux prieres, & encore de parole feulement & par condef cendance. Il ajoûtoit de grandes menaces à quiconque n'obéiroit pas. Les ecclefiaftiques rassurez par cette declaration fouscrivirent, hors quelques-uns qui furent exilez, & rappellez quelques tems aprés s'étant soumis; enforte qu'il n'y eut perfonne dans le clergé qui n'obéït.

XLI. Arrivée de Grecs

au concile.

C. 21.

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Cependant les Ambassadeurs s'étant embarquez au commencement du mois de Mars 1274. fe trouverent vers la fin au Cap de Malée, où ils firent naufrage le soir du jeudi faint qui étoit le vingtneuvième du même mois, Pafque étant le premier d'Avril. La tempête fepara les deux galeres & la nuit les empêchoit de fe voir. Celle qui portoit le patriarche Germain prit le large, l'autre craignant la mer voguoit terre à terre, & fut brifée contre la côte; enforte qu'il ne s'en fauva qu'un feul homme, & les riches offrandes de l'empereur furent perduës. La galere du patriarche, aprés avoir pensé perir se trouva le lendemain à Modon, & demeura quelques jours, attendant des nouvelles de l'autre, dont ayant appris la perte les prélats & 10. 11. cons. p. le logothete continuerent leur voyage & arriverent à Lion le jour de la faint Jean vingt-quatriéme de Juin.

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Tous les prélats du concile allerent au-devant avec leurs domeftiques; les cameriers avec toute la maifon du pape; le vice chancelier, tous les notaires, & toutes les familles des cardinaux. Ils

conduifirent les ambaffadeurs Grecs avec honneur jusques au palais du pape ; qui les reçût dans la fale debout accompagné de tous les cardinaux & de plufieurs prélats, & leur donna le baiser de paix. Ils lui prefenterent les lettres de l'empereur fellées en or, & les lettres des prélats; & dirent qu'ils venoient rendre toute obéïffance à la fainte églife Romaine, & reconnoître la foi qu'elle tient ; enfuite ils allerent à leurs logis.

Le vingt-neuviéme du même mois fête de faint Pierre & faint Paul, le pape celebra la meffe à saint Jean de Lion, en presence de tous les prélats du concile. On lût l'épître en Latin & en Grec ; l'évangile fut chanté en Latin par le cardinal Ottobon de Fiefque, & enfuite un diacre Grec revê-tu à la greque le chanta en Grec. Puis faint Bonaventure prêcha; on chanta le fymbole en Latin, qui fut entonné par les cardinaux & continué par les chanoines de faint Jean. Enfuite le même fym-bole fut chanté en Grec folemnellement par le patriarche Germain avec tous les archevêques Grecs de Calabre, & deux penitenciers du pape, l'un Jacobin l'autre Cordelier, qui favoient le Grec. Ils chanterent trois fois l'article: Qui procede du Pere & du Fils. Ensuite le patriarche & les autres Grecs chanterent en Grec des verfets de louanges en l'honneur du pape ; qui continua & acheva la meffe à laquelle ils affifterent debout prés de l'autel.

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XLII. Ceffion de l'évê

Le troisiéme jour de Juillet, le pape fit appeller Henri de Gueldres évêque de Liege, qu'il avoit que de Liegs.

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c. 8. 10.

fait venir au concile. Les habitans de Liege, de Hoc. fem. p. 298. Hui, de Dinant & de faint Tron, envoyerent auffi au concile des deputez pour se plaindre de fes defordres & de fes debauches fcandaleufes. Le pape avant que de proceder juridiquement contre lui, lui demanda s'il vouloit ceder de lui-même ou attendre la fentence. L'évêque croyant obtenir grace, remit au pape fon anneau paftoral; mais le pape le garda & obligea l'évêque à renoncer à fa dignité. On difoit que le pape fe fouvenoit encore que lorsqu'il étoit archidiacre de Liege, l'évêque en plein chapitre lui avoit donné un coup de pié dans la poitrine. Il vécut douze ans aprés fa dépofition. Cependant le pape transfera à l'évêque de Liege Jean d'Enguien évêque de Tournai, & lui donna l'abbaye de Stavelo.

XLII.

- Tartares au concile.

conc. p. 958.

Le quatrième de Juillet le pape reçût les ambasfadeurs d'Abaga grand can des Tartares. Il envoya au-devant d'eux les familles des cardinaux & des prelats, & ils fe prefenterent à lui dans fa chambre, où étoient tous les cardinanx & plusieurs prelats assemblez, pour traiter devant lui les affaires du concile. Ces Tartares étoient au nombre de feize, & rendirent au pape des lettres du can, publiant la puiffance de leur nation avec des difCours magnifiques. Ils ne venoient point pour la Matth. Vvestm. foi, mais pous faire alliance avec les Chrétiens contre les Mufulmans. Le même jour le pape envoya denoncer par fes huiffiers à tous les prelats que la quatriéme feffion feroit le vendredi suivant.

P. 407.

Elle

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