Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 1274.

I. Pierre II. roi

principalement fondé fur Jacques I.'roi d'Arragon, fi fameux par fes victoires fur les Mores, qu'elles lui attirerent le nom de Conquerant. Mais d'Arragon. il mourut cette année 1276. aprés avoit regné foi- Mariana.xxv.c.2 xante-trois ans depuis la mort de Pierre II. fon

2.28.

pere tué en 1213. à la bataille de Muret. Jâques li- s up. liv.XXXVIL vra trente fois batailles aux Mores, & toûjours avec avantage. On dit qu'il bâtit jusques à mille églifes, c'est-à-dire qu'il fit confacrer grand nombre de Mosquées. Mais il fut exceffivement adonné aux femmes, ce qui lui attira plufieurs repri-Sup. liv.Lxxxv & mendes des papes. Se voïant dangereusement malade, il fe fit revêtir de l'habit de Cifteaux, avec refolution de paffer le refte de fes jours au monaftere de Poblet, où il vouloit être enterré; mais la maladie ne lui en donna pas le tems. Il mourut à Valence le vingt-septiéme de Juillet, laiffant le royaume d'Arragon à Pierre fon fils aîné, & à Jâques fon fecond fils les ifles de Majorque & Minorque à titre de royaume. Il laissa auffi plufieurs bâtards.

Le feptiéme jour d'Octobre de la même année 1276. Charles roi de Sicile fit au pape Jean la foi & hommage pour fon royaume, aux mêmes conditions de l'inveftiture qui lui en avoit été donnée

par Clement IV. tant pour l'ordre de la fucceffion, Sup. liv. LXXXV. que pour l'incompatibilité avec l'empire.

[ocr errors]

III. Differend entre

En même tems le pape apprit que le roi de France Philippe avoit un differend avec Alfonfe le France & la roi de Caftille, qu'il étoit réfolu de decider par Tome XVIII.

LI

Caftille.

AN. 1276.

Rain. n..47

Ibid. n. 31

les armes ; ce qui l'empêcheroit d'executer fon væur
pour le fecours de la terre fainte. C'est pourquoi le
lui écrivit,, l'exhortant à terminer l'affaire à
l'amiable, & lui envoïa Jean de Verceil, generali
des freres Prescheurs,, & Jerome d'Afcoli general

pape

des freres Mineurs, pour négocier cette affaire. Sa Id: 1277. n.5 lettre eft dattée de Viterbe du quinziéme d'Octobre; & la commiffion de ces deux nonces leur donnoit pouvoir de caffer tous les traités & les engagemens qui pourroient mettre obftacle à la paix, & difpenfer des fermens dont ils feroient appuïés. Le pape écrivit à même fin à fon legat en France Simon de Brie cardinal de fainte Cecile, qui étant François s'intereffoit particulierement à la profperité du roïaume. Il lui reprefente que le concile de Lion a ordonné en faveur de la croifade, une paix generales entre tous les princes Chrétiens,avec pouvoir aux prelats de proceder par cenfures contre ceux qui n'y voudroient pas acquiefcer. C'est pourquoi, ajoûte le pape, nous vous mandons de contraindre le roi de France & fes adherens à fe défifter de cette entreprise de guerre contre le roi de Caftille, employant fi vous les jugés expediant,l'excommunication contre les perfonnes & l'interdit fur les terres nonobftant tous privileges de ne pouvoir être frapé de cenfures. On voit ici l'inuti Îité de ces privileges, ausquels le pape dérogeoit quand il vouloit. La lettre eft du troifiéme de Mars

1277.

Or voici le sujet de la guerre contre la Castille.

[ocr errors]

Le roi Alfonfe X. eut deux fils Ferdinand & Sanche: Ferdinand furnommé de la Cerda qui étoit l'aîné épousa Blanche fille de faint Louis, & en eut deux fils Alfonfe & Ferdinand, qu'il laiffa en bas âge & mourut en 1275. Quoique le roi Alfonse vécut encore, l'infant Sanche fon fecond fils s'étoit attribué toute l'autorité, & fit affembler des eftats ou cortès à Segovie, où il fut declaré fucceffeur de la couronne au prejudice de ses neveux. C'est ce que ne pouvoit fouffrir le roi de France Philippe leur oncle maternel; & il crût devoir foutenir leur droit par les armes.

AN. 1276

Mariana. lib

XIV, 6.2.

IV.
Feftes de l'uni-

Duboulai to. 31

[ocr errors]

Le légat Simon de Brie fit cépendant un reglement touchant les feftes de l'univerfité de Paris, verfité où il dit en substance: Nous apprenons qu'en ces jours là, les écoliers au lieu des exercices de pieté & des œuvrés de charité qu'ils pratiquoient autrefois, s'abandonnent aux excès du vin, de la bonne chere, & des danfes indecentes à la profeffion clericale: qu'ils prennent des armes & vont la nuit en troupes, troublant par leurs cris infolens la tranquillité de la ville, au grand fcandale des laïques, & non fans peril de leurs perfonnes. Et ce qui eft plus infuportable, dans les églifes mêmes lorfqu'ils devroient celebrer l'office divin, ils ofent jouer aux 1.434 dés fur les autels, où on confacre le corps & le fang du Sauveur; & en jouant blasfêment, comme il est ordinaire, le nom de Dieu & des Saints. Pour retrancher cet abus fi pernicieux introduit depuis plufieurs années, nous declarons excommuniés par

AN. 1276.

nées.

V.

le feul fait tous ceux qui y prendront part. La date eft de Paris le 6°. de Decembre 1276. c'étoit le jour: de S.Nicolas une de ces feftes de l'univerfité.

Peu de tems auparavant l'université avoit fait un Erreurs condam- decret, portant défense à tout docteur ou bachelier de quelque faculté qu'il fut, d'expliquer aucun liId. p.430. vre dans des maison particulieres, à cause des inconveniens qui en pouvoient arriver; mais feulement dans les lieux publics, où tout le monde peut venir & faire un raport fidel de ce qu'on y enfeigne; excepté feulement les livres de grammaire & de logique, qui ne peuvent donner aucun soupçon. Les contrevenants feront privés de la focieté des maîtres & des écoliers. Fait aux Bernardins dans l'affemblée generale l'an 1276. le mercredi avant la Nativité de la fainte Vierge, c'est-à-dire le premier jour de Septembre.

Rain. 1277.n.95

On voit la sagesse de ce ftatut par une lettre du pape Jean, qui étant averti qu'il s'élevoit dans Paris des erreurs contre la foi, écrivit à l'évêque Estienne Tempier d'en informer, & de lui en envoyer la relation: la lettre eft du vingt-huitiéme de Janvier 1277. L'évêque n'y perdit point de tems, & le quatriéme dimanche de carême feptiéme jour de Mars de la même année, il donna fa fentence, où il dit : Nous avons appris par des perfonnes confiderables> & zelées, que quelques-uns de ceux qui étudient Bibl. pp. Paris to. les arts à Paris, paflant les bornes de leur faculté, ofent foutenir des erreurs manifeftes & execrables contenues dans les rôlles ci-attachés. Ils trouvent

Duboulai p. 433.

4.p.11. 43.

ces propofitions dans les livres des païens, & elles AN. 1277. feur paroiffent fi démonstratives qu'ils n'y savent pas répondre. En voulant les pallier ils donnent dans un autre écueil : car ils difent qu'elles font vraies felon le philofophe, c'est-à-dire Aristote, mais non felon la foi catholique, comme s'il y avoit deux verités contraires. De peur donc que ces difcours n'induifent les fimples en erreur, aprés en avoir deliberé avec des docteurs en theologie & d'autres, nous condamnons entierement ces erreurs, & nous excommunions tous ceux qui auront ofé les enseigner ou les foutenir, fi dans sept jours ils ne le déclarent à nous ou au chancelier de Paris : nous reservant de les punir felon la qualité de la faute. Nous condamnons auffi par cette fentence le livre intitulé de l'amour, ou du Dieu d'amour: un livre de Geomancie commençant par ces mots: On a eftimé,&c. des livres & des cahiers de Necromantie, où contenant des experiences de fortileges, des invocations ou des conjurations de démons,& ceux qui traitent de matieres femblables, contraires à la foi ou aux bonnes mœurs.

Duboulai p. 434

Ensuite sont raportées les propositions condamnées au nombre de plus de deux cens, dont je me Bibl. p. 1131. contenterai de choifir quelques-unes des plus remarquables, par où l'on pourra juger des autres. En Dieu il n'y a point de Trinité, parce qu'elle n'eft pas compatible avec la fimplicité parfaite. Dieu ne peut engendrer fon semblable, car ce qui eft engendré à un principe dont il dépend. Dieų

[ocr errors]
[ocr errors]
« AnteriorContinuar »