renouvella excommunication contre l'em- AN 1282, pereur Michel Paleologue prononcée le dix- S. XXIVhuitiéme de Novembre 1281, avec la deffense à "·i· tous princes ou communautés de contracter avec lui aucune alliance: ni de lui fournir armes chevaux, vaiffeaux, ou autres moïens de faire la guerre. Quelque tems après ceux de Palerme Malefp. c 210 & quelques autres Siciliens reconnurent qu'ils avoient failli, & aprenant les preparatifs que faifoit le roi Charles pour les attaquer, ils envoïerent au pape des religieux demander mifericorde fans dire autre chofe qu'Agnus Dei & le refte qu'ils repeterent trois fois. Le pape pour toute reponse leur dit en latin ces paroles de l'évangile : J. XIX. 3. Ils le nommoient roi des Juifs & lui donnoient des fouflets. Ainfi les envoïés fe retirerent mal contens. Enfuite la ville de Palerme envoïa une apologie au pape, où elle difoit : Vous fçavez qu'auffitôt après le massacre nous avons élevé l'étendart de faint Pierre & invoqué la fainte église Romaine pour nôtre protectrice mais parce que vous nous avez jugés indignes de la grace de faint Pierre & de la vôtre, celui qui a foin des grands & des petits, a envoïé à nôtre fecours un autre Pierre que nous n'efperions pas. Ils parlent du roi d'Arragon, qui après avoir fait voile pour la forme vers la cofte d'A- Malefp. 213. frique, & mis le fiege à une place en attendant des nouvelles de Sicile aborda à Trapani au commencement du mois d'Aouft, & delà paffa à Palerme, Tome, XVIII. Ccc AN. 1282. LXII. legaten sice Sicile. Rain. n. 20. Cependant le pape envoïa un legat en Sicile pour effaier de procurer la paix, & ramener les peuples à l'obéïssance du roi Charles. il choifit pour cet effet Gerard Bianchi de Parme cardinal évêque de Sabine, dont la commission est du cinquième de Juin 1282. Le legat fe rendit auprès du roi Charles, qui avec la flotte destinée pour attaquer C. P. paffa en Sicile & mit le fiege devant Meffine: dont les habitans épouvantés lui enMalesp. 6.211. voïerent des députés & au legat, priant le roi pour l'amour de Dieu d'avoir pitié d'eux & de leur pardonner, car ils avoient pris part à la revolte.. Mais Charles croïant qu'ils ne fui pouvoient refifter, les rebuta & les defia à mort. fuivant le ftile du tems, comme traîtres à l'églife & à lui. lls envoïerent encore prier le legat de venir à Meffine, pour les reconcilier avec le roi, & quand il y fut entré, il leur prefenta une lettre du pape adreffée à tous les Siciliens, où il les traitoit de perfides & de cruels, & leur commandoit auffitôt la lettre vûë, de rendre le païs au roi Charles: à faute de quoi il les dénonçoit excommuniés & interdits : le legat leur ordonna d'y fatisfaire, & le leur confeilla de fon chef. Les Meffinois. offrirent de fe rendre à ces conditions: Que le roi nous pardonne tout le paffé, qu'il fe contente de ce que nos anceftres donnoient au roi Guillaume; & qu'il nous donne pour nous gouverner des Latins, non des François ni des Provençaux. Le roi repondit fierement: Nos fujets qui ont merité la mort demandent des conditions: puifque le AN. 1282, legat en eft d'avis je leur pardonne, mais à la charge qu'ils me donneront huit cens oftages à mon choix, dont je ferai ce que je voudrai: que je les ferai gouverner par qui il me plaira, & qu'ils me payeront ce qu'ils ont accoûtumé. Le legat aiant fait favoir aux Meffinois cette reponfe du roi, le defefpoir les fit refoudre à fe deffendre. Dequoi le legat extremement irrité les declara excommuniés, ordonna à tous les ecclefiaftiques de fortir de la ville dans trois jours, aux habitans d'envoïer dans six semaines un deputé, pour comparoître devant le pape & recevoir les ordres. Après sun. 55. quoi le legat fe retira de Meffine, & le roi continua de l'affieger. Bernard de Languiffel archevêque d'Arles aïant été fait cardinal & transferé au fiege de Porto, Bernard Amauri chanoine de Reims & LXIII. Conciles. Gall. chr. to.. 60. ex Ughel. to. I. p. 162. P1017. chapelain du pape Martin fut élu Martin fut élu par le chapitre. d'Arles pour lui fucceder en 1281. & l'année fuivante il tint à Avignon un concile provincial to. x1.p. 1174. avec fes fuffragans. Il y publia un decret dont il nous refte dix canons, & dont la preface eft copiée presque mot à mot de celle du concile de Bourges tenu en 1276. par le pape Martin alors legat en France. Le concile d'Avignon recom- Sup.. LXXXVI. mande aux fideles de frequenter les églifes paroiffiales meprisées en plufieurs lieux, & d'y venir au moins les dimanches & les feftes folemnelles. Defense de faire teftament fans la prefence du curé, principalement à caufe des reftitutions du bien mal aquis. On fe plaint des privilegiés %.. 63. c. s. C. 10. AN. 1282. qui meprifoient les fentences & les excommunications de leurs fuperieurs. c. 6.9. to. xl. con..p• 1181. c. I. c. S. tint Geofroi de faint Brice évêque de Saintes, un fynode cette année 1282. où il fe plaint que dans fon diocese on enterroit les excommuniés dans les cimetieres, ou fi proche qu'on ne pouvoit diftinguer leurs fepultures de celle des fideles. C'est pourquoi il deffend de les enterrer plus près des cimetieres qu'à deux arpens de distance, & d'en mettre plus de deux enfemble, de peur que leurs fepultures ne paruffent être des cimetières benis. La multitude des excommunications donnoit occafion à ces abus. Il ordonne que les curés ou les vicaires lui envoïent les teftamens dans deux mois après la mort du teftateur, pour éviter qu'ils ne foient recelés par les heritiers ou les exe cuteurs. Jean de Montforeau archevêque de Tours y tint un concile provincial avec fes fuffragans la même année 1282 pendant trois jours, depuis le 1183 lundi troifiéme d'Aouft jufques au mercredi cinquiéme. On y condamne plufieurs abus qui marquent l'efprit de chicane qui regnoit deflors dans cette province. Quelques uns tant clercs que laïques frequentant le tribunal ecclefiaftique, pour fuivoient par eux ou par d'autres des perfones avec lefquelles ils n'avoient aucun differend & les obligeoient à fe redimer de vexation pour gent d'autres alloient par les villes, les villages 6. 7. 8. 9. & les cabarets pour exciter des procès ou des querelles entre les gens fimples. Les juges feculiers 6. I. 6.2. de l'ar C. 10. C. II. entreprenoient fur la jurifdiction & les franchifes AN. 1282. du clergé : jufqu'à mettre garnifon dans les maifons religieufes; & s'attribuer la connoiffance des affaires au fonds, quand les ecclefiaftiques avoient donné caution de comparoître devant eux. Quelques laïques aïant differend avec des ecclefiaftiques, deffendoient à leurs gens de leur donner ni feu, ni eau : ou d'avoir aucun commerce avec eux, pour vendre, acheter ou autrement : d'autres empêchoient de païer les dîmes. La même année 1282. Bonegrace general des freres Mineurs convoqua à Strasbourg leur chapitre general, où fe trouverent trente trois provinciaux & fept cens freres. Rodolfe duc d'Auftriche fils de lempereur y affifta & quatre évêques: Contad de Strasbourg, Probus de Toul, Henri de Bafle & Albert d'Isola en Calabre. Probus & Henri avoient été freres Mineurs, & le dernier fut depuis archevêque de Maïence. En ce chapitre frere Pierre Jean d'Olive fut accufé de parler trop librement contre l'obfervance commune de l'ordre ; & d'avoir compofé & repandu des écrits pleins d'erreurs & même contenant quelque herefie. L'accufation vint de la part de ceux dont il blâmoit le relâchement les reprenant en particulier & en public,fans épargner les fuperieurs & difant hautement qu'il falloit les corriger ou les chaffer, de peur qu'ils ne gataffent les autres & n'attiraffent tout l'ordre dans leur relâchement. Il parloit même contre les prelats de l'églife, & blâmoit trop libre Ccc iij LXIV. Pierre Jean d'Olive frere Mineur. olive Vading. 1181. 3. I. |