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tems en filence; & enfin l'empereur, foit qu'il fe AN. 1282. doutât de quelque chofe ou autrement, fe tourna vers lui, & aïant compris l'artifice : Qu'est-ce là dit-il ? Le prétre répondit : Aprés avoir prié pour vous, nous vous aportons encore les dons facrés, qui ferviront à votre fanté. L'empereur l'interrompit, fe leva de fon lit, prit une ceinture & recita le fymbole : puis il dit ces paroles de l'évangile : Sei gneur fauvés moi de cette heure ; & aïant témoigné le refpect convenable il receut la fainte communion. Il fe recoucha & expira peu de tems après. La vie peu Chrétiene de ce prince demandoit ce femble plus de préparation pour lui donner le viatique.

Jo. XI.27.

le Sup. l. LXXXIV

n. 61.

Il avoit vêcu cinquante-huit ans & en avoit regné vingt-quatre moins vingt jours, depuis premier de Janvier 1259. jufqu'au vendredi onziéme de Decembre 1282. felon les Grecs 6791. Son corps fut enlevé promptement & porté de nuit à un monastere éloigné du camp où il étoit mort, & enterré fans aucune ceremonie. Car le nouvel empereur Andronic ennemi de l'union avec les Latins crut que fon pere, qui l'avoit procurée, ne metitoit pas de fepulture ecclefiaftique; & fit feulement couvrir fon corps de beaucoup de terre, afin qu'il ne fût pas déchiré par les bêtes. Andronic avoit liv.c.1. vingt-quatre ans quand il fucceda à fon pere, qui de fon vivant l'avoit fait couroner empereur, & il regna quarante-neuf ans.

Pachym Andr.

LXVIII.

Quand il fut de retour à C. P. fes premiers Androic refoins furent de faire ceffer le fchifme que la réunion

nonce à l'union avec les Latius.

6.2.

ou

AN.1282, avec les Latins avoit caufé entre les Grecs. A quoi il étoit éxcité par Eulogie fa tante tre l'inclination qu'il y avoit de lui-même. Par le confeil de la princeffe il entreprit de fe juftifier auprés des fchifmatiques comme étant entré malgré lui dans ce que fon pere avoit fait pour la réunion : il declara qu'il s'en repentoit, & qu'il étoit prêt à fubir la peine qu'ils jugeroient neceffaire pour l'expiation de sa faute; & que les letres qu'il avoit écrites au pape & les fermens qu'elles contenoient n'étoient que l'effet de l'autorité de fon pere. Outre la princeffe Eulogie, Andronic étoit excité à parler ainsi par Theodore Muzalon grand logothete ou chancelier, qui vouloit comme elle, paroître n'agir que par zele pour le rétabliffement du bon état de l'églife: mais la plupart des gens étoient perfuadès qu'ils n'agiffoient que par prevention & par reffentiment contre le deffunt empereur. Car Eulogie avoit été releguée dans une fortereffe avec une de fes filles ; & l'autre Marie reine des Bulgares maltraitée de la maniere qu'il a été dit. Sup. n. 24. 25. Quant à Muzalon, il avoit été battu de verges, pour avoir refusé l'ambassade d'Italie, Tous deux étoient aigris contre le patriarche Veccus, le regardant comme la caufe de ce qu'ils avoient fouf

fert.

Le jour de Noël aprochoit, jour auquel l'empereur devoit paroître felon la coûtume & on 3. devoit celebrer l'office folemnellement au palais. L'empereur ne se montra point en public, fous

pretexte de fon affliction pour la perte de fon
pere; & on ne celebra point la liturgie, de peur
d'y faire mention de Veccus comme patriarche,
quoiqu'on alleguât d'autres pretextes, qui ne trom-
poient perfone. Eulogie pleuroit fon frere fui-
vant le fentiment naturel: mais elle feignoit d'ê-
tre bien plus touchée de la de fon ame
perte
à cause de ce qu'il avoit fait avec les Latins : & elle
difoit à l'imperatrice Theodora fa belle fœur qu'il
n'y avoit rien à efperer; & que tout ce que l'on
pourroit faire pour lui ne lui ferviroit de rien.
C'est pourquoi les deux patriarches Jofeph & Jean
Veccus, étant venus confoler l'Imperatrice veuve,
elle leur demanda dans l'accablement de fa dou-
leur ce qu'il falloit faire pour l'ame de fon mari.
Et comme elle adreffa la parole à Joseph, elle
découvrit la premiere le deffein de rapeller ce
prelat, que l'empereur Andronic cachoit au fonds
de fon ame. Car il paffoit les nuits chés Jofeph,
s'efforçant de le ramener : quoique ce ne fût pref-
que plus qu'un cadavre avec un peu de refpira-
tion. Le deffein d'Andronic étant ainfi éventé,
les partifans de Jofeph le preffoient de remonter
fur le fiege patriarcal: les uns fous prétexte de
rétablir les affaires de l'églife, en levant le fcan-
dale de l'union avec le pape : les autres dans
l'efperance de s'élever plus qu'il n'étoit convena-
ble; & de faire par l'autorité du patriarche les
reconciliations des églifes & les impofitions des
penitences qu'ils executerent ensuite. Les deux
principaux entre ceux-ci étoient Galaction de Ga-
Ddd iij

AN. 1282.

AN. 1282.

LXIX.

triarche.

lefie à qui l'empereur Michel avoit fait crever les yeux; & Melece du monaftere de faint Lazare, à qui il avoit fait couper la langue.

Enfuite l'empereur Andronic envoïa au patriarJofeph rétabli che Veccus, pour le justifier de ce qu'il méditoit contre lui : l'affurant que ce n'eftoit point par pris de fa perfonne, mais par neceffité. Car difoitil, le fcandale qui fe reveille dans la multitude entraîne les mieux intentionnés. Or il faut au commencement de mon regne reprimer l'orage qui s'éleve. J'aprens que plufieurs perfonnes confiderables prennent pour pretexte de leur fchifme la retraite de Jofeph. Je fuis fi perfuadé de vôtre amitié, que pour affermir ma couronne vous quitteriés non-seulement la dignité de patriarche mais la vie : & quoiqu'un autre foit à vôtre place je ne vous aimerai ni ne vous honorerai pas moins. C'est ce qu'Andronic manda à Veccus par l'archidiacre Melitiniote.

cap. 4.

Jean Veccus étoit un homme droit, & degoûté du patriarcat, comme il le témoignoit souvent par fes difcours & par les actions : il efperoit même que le retour de Jofeph produiroit quelque bon effet. C'est pourquoi dés le lendemain de Noël, c'est-à-dire le vingt-fixiéme de Decembre 1282. il se retira au monaftere de l'Immaculée accompapagné d'une escorte qu'il avoit demandée à l'empereur, fous pretexte de le garantir des infultes quelqu'un du clergé pourroit lui faire : mais en effet croïant éviter devant Dieu le reproche d'avoir lâchement abandonné fon poste.

que

AN. 1283.

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Le trente-uniéme du même mois de Decembre vers le foir Jofeph à peine refpirant encore fùt mis fur un brancart & porté au palais patriarcal, accompagné de part & d'autre de plufieurs perfones qui le felicitoient fur fon retour en chantant & battant des mains, & les cloches de l'églife fonoient en même tems. Le lendemain matin le clergé vint à l'ordinaire pour chanter l'office, quoi qu'on ne l'euft point fonné: mais ils trouverent l'églife fermée, & on leur dit pour raifon qu'il leur étoit défendu d'y rentrer. Ils ne laifferent pas demeurant dehors, de celebrer l'office : car la folemnité de la fête leur fit juger qu'ils ne pouvoient s'en dispenser ; c'étoit le premier jour de l'an 1283. Enfin ils fe retirerentv.not. Pofsim. chés eux attendant ce qui arriveroit de cette deffense.

p. 587.

LXX.

Conduite des

Le lendemain fecond de Janvier on fit les ceremonies de la reconciliation de la grande églife, fchifmatiques. par l'afperfion de l'eau benite fur les galeries exterieures & celles du veftibule, fur les tribunes & les colonnes ; & au-dedans de l'églife fur les faintes images, que les fchifmatiques croïoient profanées L'aveugle Galaction fe faifant tenir par la main, alloit de côté & d'autre jetter de l'eau benite. Les spectateurs demandoient à être auffi purifiés, & ils eurent fatisfaction.

On renvoïa les laïques à des moines, qui leur impofoient diverses penitences felon les divers ... degrés de communion aufquels ils vouloient être admis. La penitence étoit médiocre pour affil

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